Un groupe de « jeunes opérateurs économiques de Maradi », se disant militants du MODEN FA LUMANA, vient de procéder le dimanche 17 aout, à une déclaration de soutien au Président de la République Issoufou Mahamadou, pour les « multiples réalisations » et les marques d’attention particulières qu’il ne cesse d’accorder au microcosme politico-commercial de Maradi. La chose pourrait paraitre anodine, en ces temps de débauchage, n’eut été ce détail, pour le moins « troublant », apparu dans la déclaration : Baba Ahmed, alias « Maï Rimbo », a été nommément cité comme étant à l’instigation de cette énième déclaration de soutien.
Opération de publicité mensongère?
« Sous l’impulsion d’El hadj Baba Ahmed, opérateur économique de la région de Maradi, grand artisan pour l’épanouissement du PNDS Tarayya dans la région de Maradi et qui continue inlassablement à appuyer sans relâche la population de Maradi en général et les jeunes opérateurs économiques en particulier ». C’est clair et net. Mai Rimbo, plus que le Président de la République a bénéficié dans cette déclaration, d’une publicité gratuite et exagérée, en le décrivant comme un « grand artisan du PNDS » et comme quelqu’un qui « appuie sans relâche la population de Maradi (sic !)… ». Bref, une sorte de mécène doublé de mentor politique.
Un coup d’œil sur la structure de la déclaration, montre en effet que celle-ci a été davantage conçue pour mettre en exergue le personnage de Baba Ahmed, plutôt qu’une emphase particulière sur les vraies actions du Président Issoufou à Maradi. Plus grave, selon certains analystes, le nom de LUMANA a été utilisé pour faire de la diversion, en faisant croire au Président Issoufou et à l’opinion nationale, que sous la houlette de Baba Ahmed, des militants de son « principal adversaire politique » sont en train de se « rosifier ».
Dans la réalité, tout le monde à Maradi sait qu’aucun « militant normal » de LUMANA n’a participé à cette déclaration. « Je ne savais pas que ces jeunes étaient de mon parti », fait remarquer, non sans surprise, un membre de la coordination régionale MODEN FA LUMANA de Maradi. « En réalité, poursuit-il, les gens organisent de grossiers mensonges pour plaire au Président de la République. Je confirme qu’aucun militant de LUMANA n’a quitté son parti. » En définitive, si Mai Rimbo a utilisé des jeunes qui ne sont pas de LUMANA pour lire sa déclaration et se taper une publicité, celle-ci est tout simplement « mensongère », conclue cet autre analyste de la scène maradienne.
Lutte de positionnement
Cette avalanche ininterrompue de déclarations de soutien au Président de la République à Maradi, cache mal les différents courants, souvent contraires, qui parcourent le Parti Rose. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le parti du Président Issoufou est miné par une maladie bien connue : « la crise de grandeur ». L’absence d’un leadership régional unifié a favorisé la multiplicité des courants, voire des clans, d’où cette impression de carambolage, voire de cacophonie, caractérisée par la profusion des déclarations entre autre, aisément perceptible au sein du PNDS de Maradi, où visiblement, chacun tire les draps de son côté.
Pour nombre d’observateurs de la scène maradienne, les groupes en présence se livrent à une lutte acharnée en vue de mieux se positionner, en prélude aux échéances de 2015 et 2016. Après les démonstrations du richissime GAGO, ami de MANGAL, et de ses lieutenants qui se sont soldées par pas moins d’une dizaine de déclarations, suivies par les tournées et séjours de mobilisation de Ibrahim Yacouba, les « virées tonitruantes » de Abdou Harouna le Sarkin Yaki du Katsina, voici aujourd’hui arrivé « le temps de Rimbo », disent les maradawas. Pour l’instant, le sieur « Mai Rimbo » n’est qu’à sa deuxième déclaration. Mais déjà ici à Maradi, on ne compte plus le nombre de déclarations de soutien en faveur du Président. On est plutôt surpris qu’il se passe une semaine sans qu’un groupe opportuniste, se réclamant de tel mentor politique, ne se mette à l’écart pour concocter sa déclaration.
Les analystes du phénomène promettent une intensification des déclarations de soutien en faveur du Président à mesure que le pays s’achemine vers les agendas électoraux. Ils promettent surtout, de chaudes empoignades pour l’appropriation de tout ou partie du leadership du parti à Maradi. D’ores et déjà, au sein du PNDS de Maradi, les observateurs distinguent 3 à 4 groupes qui ne sont pas forcément complémentaires. Il ya d’abord « le clan Hankouraou » composé de Kalla Hakouraou, Kalla Moutari, Abdou Achelou, Tijani Oumeye… Il contrôle la fédération régionale et certaines fédérations départementales. Sa force réside dans sa proximité avec le Président Issoufou et la nomenklatura du PNDS. Il ya surtout « le clan Gago » qui charrie derrière lui tout ce qui est commerçants et transitaires à Maradi. Il contrôle la puissante fédération communale de Maradi ainsi que certaines associations de masses, telles celles des jeunes et des femmes. Sa force réside dans son « tutorat mangalien ». A côté de ces deux principaux clans, des individualités tentent d’émerger. C’est le cas d’Ibrahima Yacouba qui peut se prévaloir d’une certaine sympathie chez les jeunes et de Sarkin Yaki dont les partisans contrôlent plusieurs bureaux de la ville de Maradi et alentours. C’est aussi le cas de Baba Ahmed qui tente aussi un nouveau positionnement dans le parti, à travers malheureusement, une mise en scène grossière et insultante pour les maradawas.
Qui sera député, ministre, conseiller spécial ou bénéficiera davantage de marchés publics d’ici 2016 ?