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La Libye accusée de mauvais traitements sur des milliers de migrants : "Nous allons contrôler l’immigration clandestine…il faut mettre fin à l’anarchie", affirme colonel Garba Maïkido
Publié le vendredi 21 juin 2013   |  LeMonde.fr




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Amnesty International dénonce les conditions de détention des immigrants en Libye, pays de transit et de destination pour des dizaines de milliers d’Africains subsahariens.
Les autorités libyennes doivent mettre fin à la "détention indéfinie" de milliers d’immigrants, y compris des réfugiés et des demandeurs d’asile, dont certains sont soumis à la torture, estime Amnesty International dans un rapport publié jeudi 20 juin.



Nous allons contrôler l’immigration clandestine. Agadez est un carrefour et un point de départ pour des personnes de diverses nationalités, il y a beaucoup de mouvements incontrôlés, il faut mettre fin à l’anarchie", a affirmé sur la radio publique le gouverneur de la région d’Agadez, le colonel Garba Maïkido.

L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme, basée à Londres, déplore dans le même temps que l’Union européenne aide le gouvernement libyen à "renforcer la sécurité des frontières (…) afin de freiner 'l’immigration clandestine' vers l’Europe, aux dépens des droits de l’Homme".
Sept centres de rétention visités

Amnesty affirme avoir visité sept "centres de rétention", et fait état pour chacun de "preuves de mauvais traitements, assimilables à la torture pour certains cas ». L’ONG dénonce "le traitement inacceptable de milliers de ressortissants étrangers, la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, qui font l’objet d’arrestations arbitraires et sont détenus pendant de longues périodes dans des conditions déplorables".

"Plusieurs détenus, y compris des femmes, ont été frappés brutalement à l’aide de tuyaux d’eau ou de câbles électriques", ajoute-t-elle en affirmant avoir recueilli par ailleurs des témoignages de détenus blessés par balles lors d’émeutes. "La torture et les mauvais traitements que nous avons découverts dans les + centres de rétention + sont inacceptables", souligne Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG.
L’Union européenne mise en cause

Sur l’aide de l’Union Européenne pour freiner l’immigration clandestine, elle a jugé "profondément troublant de constater que les fonds de l’UE semblent avoir été utilisés pour financer des centres de détention où des milliers de ressortissants étrangers sont illégalement détenus". L’ONG exhorte l’UE à ne plus conclure de nouveaux accords avec la Libye dans ce domaine, jusqu’à ce qu’elle "démontre son respect des droits des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants".

Selon l’organisation, depuis mai 2012, les autorités libyennes ont expulsé 25 000 personnes entrées "'illégalement'" en Libye, un pays de transit et de destination pour des dizaines de milliers d’immigrants africains souhaitant se rendre en Europe.
Les subsahariens détenus par milliers

Amnesty a recensé un total de 5 000 réfugiés, demandeurs d’asile et migrants détenus dans 17 "centres de rétention" dépendants du ministère de l’Intérieur, "en plus d’un nombre inconnu de personnes détenues par les milices".

Venus d’Afrique subsaharienne, ils sont des milliers à tenter de rejoindre l’Europe en transitant par la Libye, où ils sont victimes de mauvais traitements. Certains parviennent à embarquer en direction de la Sicile et de l’Europe, et là aussi, subissent la maltraitance des passeurs, courant de gros risques en Méditerranée.
Le Niger en opérations

De nombreux pays africains s’efforcent de retenir leurs ressortissants en menant des opérations à la frontière. Ainsi, les forces de sécurité nigériennes mènent actuellement une opération visant à lutter contre l’immigration clandestine dans la région d’Agadez, zone frontalière de la Libye et frappée en mai par des attentats-suicides.

"L’opération que nous avons lancée vise à sécuriser la région nord et le démantèlement des réseaux clandestins d’immigrants fait partie du plan", a déclaré à l’Agence France-Presse une source sécuritaire jointe à Agadez par téléphone depuis Niamey, sans précision sur les effectifs mobilisés.

Quelque 4 000 migrants clandestins ouest-africains entrent en Libye chaque mois en passant par cette grande ville du Nord désertique, d’après les autorités de la région. "Nous allons contrôler l’immigration clandestine. Agadez est un carrefour et un point de départ pour des personnes de diverses nationalités, il y a beaucoup de mouvements incontrôlés, il faut mettre fin à l’anarchie", a affirmé sur la radio publique le gouverneur de la région d’Agadez, le colonel Garba Maïkido.

NATHALIE LACUBE (avec AFP) En Libye, les étrangers sont de retour et de nouveau maltraités

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