Enfin, c’est sorti d’une bouche officielle, et pas celle de n’importe qui. C’est le numéro un du principal parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, Ministre d’Etat, chef de la diplomatie nigérienne qui a annoncé l’imminence du remaniement, objet, à maintes reprises, de spéculations.
C’était, le dimanche 16 juin dernier sur l’émission invité du journal de la radio privée Amfani. Doit-on s’attendre à un grand changement comme l’espère une bonne partie de l’opinion nationale ou à un simple réaménagement technique, histoire d’amuser la galerie ? Qui va rester ? Qui va partir ? Autant de questions qui suscitent beaucoup de commentaires. Tout de même, les analyses se recoupent sur un point, le départ des « bonnets blancs » (membres de la société civile du gouvernement).
Depuis plusieurs mois, la question du remaniement est sur toutes les lèvres. Et le président par intérim du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), Mohamed Bazoum, dans sa dernière sortie sur la radio Amfani, annonçant son imminence, de démontrer jusqu’à quel degré ce sujet tient à coeur les tenants du pouvoir. Qu’est-ce qui peut bien avoir réussi à bloquer le remaniement ?
L’équation du gouvernement d’ nationale posée par Hama Amadou On a beau attribué l’initiative au Président de la République, Issoufou Mahamadou, c’est le Président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou qui a posé publiquement la question du gouvernement d’ nationale dans son discours de clôture de la dernière session ordinaire du parlement au titre de l’année 2012. Il prétextait alors le contexte sécuritaire très préoccupant le long de notre frontière avec le Mali voisin pour appeler à l’ sacrée des Nigériens. Mais l’opposition ARN (Alliance pour la Réconciliation Nationale), sans perdre du temps, d’opposer une fin de non recevoir à l’idée de gouvernement d’ nationale.
Pour Seini Oumarou du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara) et Mahamane Ousmane de la Convention Démocratique et Sociale (CDS Rahama), les deux principaux leaders de l’opposition politique, il n’y a aucunement pas péril en la demeure. Aussi saisiront-ils cette occasion pour mettre à nu la gestion du pouvoir et l’incapacité de la Mouvance pour la Renaissance du Niger à assurer au Niger et aux Nigériens des lendemains meilleurs. Dès lors, rien ne semble plus bloquer le remaniement, du moins, le sort du gouvernement de Brigi se trouve désormais entre les mains de la majorité au pouvoir.
Sursis jusqu’à la commémoration de l’an II du Président de la République La proposition du gouvernement d’ nationale aura été jetée aux calendes grecques, le remaniement va encore se faire attendre. Il serait question pour cette fois de laisser l’équipe de Brigi expédier les affaires courantes jusqu’à la commémoration de l’an II du Président de la République, histoire de bien préparer l’événement. Et c’est parti pour un sursis pour le gouvernement. La commémoration passée, rien ne vint perturber la « sérénité » de l’équipe de Brigi Rafini. Comme pour dire : « on ne change pas une équipe qui gagne ». Mais une équipe qui ne gagne pas fa, kal maté ?
Le départ de la société civile du gouvernement, condition sinequa- none du remaniement Trois membres du gouvernement sont comptabilisés comme étant membres de la société civile. Il s’agit de Marou Amadou, porte-parole du gouvernement, en charge de la Justice, de Yacouba Ibrahim, en charge des Transports et de l’Aviation Civile et de Madame Sabo Fatouma Zara, en charge de la Fonction Publique et du Travail. Le premier avait comme ancrage, le Comité de Réflexion et d’Orientation Indépendant pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (CROISADE), une organisation de la société civile membre de la Coordination des Forces pour la Démocratie et la République (CFDR) en lutte contre le « Tazartché ».
Le deuxième était jusqu’à sa nomination au gouvernement, Secrétaire Général du Syndicat National des Agents des Douanes, avec, raconte- t-on, un pied et demi à la CFDR et l’autre moitié à la « Refondation ». Enfin, la troisième, membre des associations féminines, dit-on, devrait sa nomination à l’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN), un des quatre grands groupes composant la CFDR. Tout ce beau monde est versé, par une bonne partie de l’opinion, sur le compte des ministres « roses ». Certains leaders de la Majorité, comme Hama Amadou, voudraient bien voir clair cette situation.
Autrement dit, il faut arrêter cet amalgame. Et pour pouvoir bien y parvenir, il n’y a pas dix mille solutions : « les sociétés civiles » se doivent de s’en tenir à leurs rôles et laisser les politiciens faire les leurs. A défaut, ces trois là doivent se redéfinir dans les « sociétés politiques ». Ce serait la condition sine-qua-none posée à Mahamadou Issoufou. Au PNDS, on aurait rétorqué que le Ministre des Transports, Ibrahim Yacouba a déjà mis ses kakis et bérets cendres dans ses malles et rempli ses armoires en rose.
Le « démolisseur du quartier Bassora » est pressenti pour prendre le poste de porte-parole du gouvernement, le temps pour Marou Amadou de mettre en place la section PNDS de son Kotaki natal, rassurer l’establishment du parti rose et se trouver une autre place sous « les soleils radieux de la Renaissance. » La redistribution du quota des portefeuilles ministériels Conséquence du départ éventuel des « sociétés civiles » du gouvernement, les deux principaux partis de la Majorité à savoir le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana/Africa) du Président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou et le PNDS Tarayya du Président de la République, Issoufou Mahamadou verront leur quota dans le gouvernement rehausser.
Du moins, c’est le parti au symbole de cheval ailé qui sortira gagnant avec deux ministres supplémentaires dans le tout prochain gouvernement. Le parti rose, lui, se chargera sans doute de s’arranger avec ses « sociétés civiles ». L’Alliance Nigérienne pour la Démocratie et le Progrès (ANDP Zaman Lahiya) du Président du Conseil Economique Social et Culturel (CESOC) Moussa Moumouni Djermakoye, le fidèle parmi les fidèles des « roses » pourrait voir son « assiette » s’élargir d’un ministre au détriment par exemple du Rassemblement Social Démocrate (RSD Gaskiya) du Médiateur de la République, Cheiffou Amadou, dont le malheur est de ne pas être présent à l’hémicycle.
Quant aux autres, à savoir le Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP Jama’a), l’ pour la Démocratie et la République (UDR Tabatt) et le CDS Rahama, aile du Ministre Abdou Labo, ils se contenteront du nombre des portefeuilles qu’ils ont dans le gouvernement de Brigi Raffini.