La saga judiciaire de l'affaire dite des ''bébés importés'' a connu, ces derniers temps, des rebondissements spectaculaires. En effet, suite à la requête du gouvernement, introduite par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Porte-Parole du Gouvernement concernant un député national, aux fins exclusives de le mettre à la disposition de la justice, en stricte application des dispositions de l'article 88, alinéa 4 de la Constitution du 25 novembre 2010, de l'article 9 de la loi n° 2011-13 du 20 juillet 2011 portant statut du député, et de l'article 53 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale, le bureau de l'Assemblée nationale, réuni en session extraordinaire, a donné un avis favorable à la requête du gouvernement.
Il est utile de rappeler, à toutes fins utiles, que le mécanisme de l'article 88, alinéa 4 de la Constitution (repris par le statut du député et le Règlement Intérieur), est constitutionnellement et historiquement conçu comme un correctif à la procédure classique de levée d'immunité parlementaire.
Alors que tous les Nigériens attendaient avec impatience, la suite à donner à l'affaire, notamment avec la saisine, par le Sieur Hama Amadou, de la Cour Constitutionnelle afin d'interprétation de l'article 88, alinéa 4, de la Constitution du 25 novembre 2010, l'on apprend que le Sieur Hama Amadou a quitté précipitamment le pays et se trouverait à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Quoi qu'en disent ou en pensent certains esprits, dans cette affaire délicate, la démarche engagée par le Gouvernement ne cherche qu'à permettre à la justice de démêler l'enchevêtrement d'un dossier qui n'a que trop duré. Au Niger, la justice étant la même pour tous, nul n'est censé être au-dessus de la loi. Et c'est d'ailleurs dans cette optique de permettre la pleine manifestation de la vérité que le gouvernement a laissé librement la justice suivre son cours normal lorsqu'il s'est agi de l'interpellation et de l'arrestation d'un ministre d'Etat en fonction.
S'agissant du cas précis du président de l'Assemblée Nationale, le bon sens et le respect de l'indépendance de la justice nigérienne auraient recommandé à l'intéressé d'attendre d'abord la décision de la Cour Constitutionnelle avant d'entreprendre quoi que ce soit. Mais bien que l'intéressé ait quitté précipitamment le pays sans avoir donné sa version des faits au juge, l'action de la justice entamée dans cette affaire va se poursuivre. Immanquablement...
Pourtant, toutes les conditions sont réunies de nos jours pour faire confiance à la justice. « Respecter et faire respecter la loi, ne jamais la violer, même pour la bonne cause, tel doit être notre credo, tel est l'une des valeurs suprêmes que tous, citoyens comme institutions de la République, se doivent d'intérioriser et de promouvoir à chaque instant », disait le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, lors de la 1ère session ordinaire pour l'année 2012 du Conseil suprême de la magistrature. Dès lors, nous devons donc tous nous convaincre du principe sacro-saint de l'égalité devant la loi. C'est que la justice est là pour punir quiconque ne respectant pas une loi au sein de sa société, avec une sanction ayant pour but de lui apprendre la loi, et parfois de contribuer à la réparation des torts faits à autrui, etc.
De tout temps, la justice nigérienne, bras séculier de la démocratie, de la bonne harmonie et de quiétude sociale, a fait honneur aux citoyens nigériens. Elle a, à maintes reprises, montré qu'elle était jalouse de son indépendance. Le devoir premier de tout homme politique est d'aider la justice à faire manifester la vérité en toutes circonstances. Vouloir se dérober à cette exigence, en usant de subterfuges pour transformer une affaire purement judicaire en affaire politique, relève de la diversion pour filer entre les mailles de la justice. Et cette pratique consistant à recourir à tout bout de champ aux manœuvres dilatoires, en plus de nuire à la réputation des auteurs d'un tel acte, constitue aussi une entorse à la bonne marche de notre démocratie.
Dans un Etat de droit qui se respecte, force doit toujours rester à la loi. Or, la justice est le garant du respect de ces lois dont le peuple souverain s'est librement doté. C'est pourquoi il est à déplorer, pour mieux les condamner, les agissements de certains compatriotes qui, dans la journée de mercredi, se sont constitués en milices privées pour empêcher, par tous les moyens, à la justice de faire son travail dans le traitement de cette épineuse affaire de trafic d'enfants. Une telle attitude est inacceptable dans un Etat de droit. Notre pays n'aspire qu'à la paix et à la cohésion sociale. Et pour y parvenir, il incombe à nos acteurs et hauts responsables politiques d'en donner le bon exemple.