La semaine dernière, les nigériens ont assisté, ébahis, à des échanges des propos, pour le moins orduriers, entre le bureau politique de la Convention démocratique et sociale (CDS-RAHAMA) présidé par l’ancien Président de la République Mahamane Ousmane et M. Sanoussi Tambari Jackou, président du Parti nigérien pour l’autogestion (PNA-AL OUMMA) et ancien vice-président du parti CDS-RAHAMA. Les échanges entre les anciens camarades et amis n’avaient d’égal que leur caractère ridicule.
Tout est parti d’une interview que M. Sanoussi Tambari Jackou avait donnée à certains médias privés de la place, dans laquelle il avait accusé le parti CDS-RAHAMA, dont il fut le premier vice-président, d’être créé sur des bases ethno-régionalistes. Dans une déclaration lue en présence du président du parti Mahamane Ousmane, le bureau politique du CDS-RAHAMA réagit immédiatement, en accusant M. Sanoussi Tambari Jackou d’être le champion national en matière de la propagande ethno-régionaliste. Lui reprochant d’être en mission commandée pour le compte du pouvoir du Président Issoufou Mahamadou, Mahamane Ousmane et ses amis allèrent jusqu’à rappeler à M. Sanoussi Jackou que c’est son penchant vers l’ethno-régionalisme qui lui a valu une privation de liberté pendant douze (12) années. La déclaration du bureau politique du CDS-RAHAMA était tellement virulente que tous ceux qui connaissent Sanoussi Tambari Jackou savaient que l’homme ne pouvait pas ne pas réagir. Et c’est donc sans surprise que quelques heures seulement après la déclaration du bureau politique du CDS-RAHAHAMA, le président du PNA-AL OUMMA anima un point de presse en présence d’un groupe de ses partisans. Dans une colère à peine voilée, il s’est ouvertement pris à Mahamane Ousmane qu’il présenta comme le pire ethno-régionaliste de la classe politique nigérienne. Bien qu’ayant dit avoir tu certaines informations «scandaleuses» sur son ancien compagnon, Sanoussi Tambari Jackou a reproché à Mahamane Ousmane d’avoir toujours géré le parti CDS-RAHAMA avec des sentiments ethno-régionalistes et que c’est lui Sanoussi Tambari Jackou, en tant que premier vice-président du parti, qui déjouait certaines de ses manœuvres. Cette passe d’armes, somme toute ridicule, à laquelle se sont livrés Mahamane Ousmane et son ancien compagnon Sanoussi Tambari Jackou a laissé plus d’un nigériens perplexes. Non seulement elle a lieu en plein mois béni de Ramadan, au cours duquel les musulmans doivent bannir toute rancœur, mais en plus elle s’est faite autour d’un sujet extrêmement dangereux qu’est l’ethno-régionalisme. Comment des gens qui, grâce à la politique, ont même réussi à rapprocher leurs familles respectives, peuvent-ils tomber si bas en s’insultant publiquement ? La principale leçon qu’on peut tirer des échanges irrespectueux entre les deux anciens amis du CDS-RAHAMA est que les acteurs politiques nigériens ont toujours une conception étriquée de l’adversité politique et sont foncièrement intolérants. Oubliant qu’ils peuvent un jour encore se retrouver, comme on l’a vu à maintes fois, ils se détestent et se vouent une haine viscérale dès qu’ils ne regardent plus dans la même direction. Et c’est ce malheureux héritage qu’ils veulent léguer aux générations actuelles
et futures, en matière de politique au Niger ?
Habibou Abdou