Depuis plusieurs années, l'administration scolaire exige le port de la tenue scolaire par les élèves dans les établissements aussi bien dans les centres urbains qu'en milieu rural. Cette exigence s'impose de la maternelle à la terminale ainsi que dans les écoles professionnelles publiques comme privées. A la veille de la rentrée, les parents d'élèves se mobilisent pour répondre à cette demande des administrateurs scolaires.
Le port de la tenue scolaire est contenu dans le règlement de chaque établissement scolaire. En plus d'être une exigence réglementaire, le port de la tenue scolaire a aussi une portée sociale. En effet, le port de la tenue vise à créer un sentiment d'égalité entre les élèves issus des milieux riches et ceux des milieux défavorisés et de limiter ainsi les frustrations qui peuvent ainsi influer sur les résultats des élèves. «Nous avons exigé le port de la tenue pour éviter les différences entre tel ou tel élève. Par la seule tenue, on ne peut pas savoir que tel élève est l'enfant à un tel ou un tel. Cette pratique permet en somme de masquer les différences de la classe sociale» confie Mme Katiela Kaïlou, Censeur au Lycée municipal de Niamey.
Même si, le choix des couleurs est laissé à la discrétion des responsables administratifs de l'école, tous les élèves d'un établissement sont tenus de porter les couleurs retenues. C'est ainsi qu'on rencontre une diversité de couleurs, dans une même région et même dans un centre urbain où cohabite plusieurs établissements. Dans beaucoup d'établissements comme le Lycée municipal, l'administration ne badine pas avec le respect du port de la tenue. ''Le règlement intérieur de l'école a porté à la connaissance des élèves le port de la chemise blanche manche courte et du pantalon ou jupe bleue marine. Les surveillants effectuent chaque matin le contrôle au niveau du portail et les professeurs dans les salles des cours en vue de s'assurer du respect par tous de cette disposition'' explique Mme Katiela Kaïlou qui précise que l'élève qui ne se conforme pas, peut se voir empêcher l'accès à la cour de l'école, la participation au cours et même être sanctionné au niveau de la note de conduite scolaire.
La philosophie de cette exigence semble être bien comprise par les élèves eux-mêmes. «Pour moi, le port de la tenue scolaire est comme un moyen d'éviter les conflits interscolaires. Il permet aussi aux scolaires de se sentir égaux. En plus au niveau de notre établissement, les surveillantes assurent un contrôle rigoureux. La tenue permet aux élèves d'être unis et de s'entendre entre eux-mêmes, j'appelle mes camarades à s'habituer à porter la tenue, car on se sent mieux en tant qu'élève en portant sa tenue» confie Belhadj Moussa, élève au Lycée Municipal de Niamey.
Cependant, l'achat des tenues est une dépense qui vient gonfler davantage les dépenses des ménages à la veille de la rentrée. En effet, il faut non seulement acheter les tissus, mais aussi les coudre. ''Le tissu pour un pantalon ou une jupe coûte entre 1250 et 2000 FCFA et celui d'une chemise entre 750 et 900 FCFA. C'est selon la qualité du tissu'' explique Mahamane Sani, un vendeur de tissu à Niamey. Ainsi, à la veille de la rentrée scolaire, c'est une véritable période de grâce qui s'offre aux tailleurs. «Nous cousons un pantalon à 2000 F, une jupe à 1500 F et une chemise à 2000 F ; ce qui fait un total de 3500 à 4000 FCFA par complet», confie Salaou, tailleur de son Etat. Une situation qui n'est pas du tout facile pour bon nombre de familles, en particulier celles vivant en milieu rural et dont le revenu est faible.
Et beaucoup de parents disent dépenser plus d'argent dans les tenues que dans les fournitures scolaires. ''Quand vous avez plusieurs enfants à qui, il faut confectionner des tenues, les dépenses dépassent largement celles consacrées aux fournitures scolaires'' explique Bachir Sani, père de 5 élèves. Du reste, cela est compréhensible, étant donné que ces dernières années, l'Etat fournit des efforts pour mettre à la disposition des élèves les fournitures scolaires essentielles.
