S’il y a un homme au Niger qui a marqué la vie politique nationale, c’est bien Hama Amadou, actuel Président de l’Assemblée Nationale. L’homme politique séduit et dérange en même temps. Il séduit la foule d’hommes et de femmes honnêtes et sincères qui croient en lui en dehors de tout subjectivisme pour ne considérer que les valeurs, les vertus et l’énergie politique dont il est porteur.
La bête politique a de l’audace, de la vision, de l’intelligence ; toutes choses que son parcours atypique corrobore. Révélé aux Nigériens à la faveur de la conférence nationale où, face à des groupes instrumentalisés, le seul contre tous, dans la pugnacité de son verbe, a su affronter, avec le charisme qui le distingue, des congressistes ébahis qui tenaient vaille que vaille à anéantir le MNSD redouté par des politiciens novices qui aspiraient à faire leur rentrée dans l’arène politique à la faveur du pluralisme que charriaient les vents nouveaux de la démocratie conquise et célébrée dans les conférences nationales de la décennie 90. L’homme n’est donc pas un « parachute politique », un opportuniste qui aurait son ascension au gré des combines politiques. Hama a « bossé », mais surtout disons qu’il a pris assez de risques car il a compris que l’attentisme et le fatalisme ne jouent pas en politique : il faut se battre ; il faut oser, oser croire, oser croire qu’on peut oser…
L’homme appartient donc à cette race de combattants qui ont su que la vie est un combat et qu’il serait lâche de ne pas combattre. C’est pour cela qu’on ne peut surprendre l’homme, cette force tranquille qui a du flair et de la prévoyance et qui croit en son étoile. Ainsi charme-t-il de plus en plus de masses laborieuses du pays aujourd’hui dépitées par un socialisme moribond, farceur et piraté. C’est cette aura qui dérange ceux qui ne peuvent émerger dans la loyauté des combats par des talents reconnus et qui usent de maladresses iniques et malveillantes dans l’espoir chimérique d’anéantir la fulgurante montée d’une étoile que le ciel a choisi de hisser haut dans le firmament politique du pays. Beaucoup de gens au Niger, très souvent à tort, se sont débrouillés pour s’ériger en adversaires, voire même en ennemis jurés et connus comme tels pour celui qu’une certaine presse appelle l’Enfant terrible de Youri.
Cette adversité gratuite, fondée sur des bases subjectives, ne pouvait pas intéresser un peuple qui a faim et qui attend mieux que cette guerre de tranchées aussi nuisible qu’inutile puisque n’ayant de mérite, sinon de conséquence que de fragiliser la cohésion nationale que tous les régimes autant que possible avaient essayé de préserver. Les Guristes n’ont pas appris les leçons de l’histoire : les Nigériens n’aiment pas l’injustice ! Pendant que les autres insultent sans retenue, Hama avec le sourire et un fair-play propre au sportif, réagit à la hauteur de son rang d’homme d’Etat, en replaçant le débat dans une perspective contradictoire ainsi que le veut le jeu démocratique. Dans ce qui fait la démocratie, les adversaires confondent deux choses : la personne publique et la personne privée.
Il y a Hama Amadou, l’homme politique et aujourd’hui Président de l’Assemblée Nationale du Niger, et un autre Hama Amadou, l’homme tout court qui a une famille, boit et mange comme tous les autres hommes. En principe l’homme privé ne doit intéresser personne, du moins dans le débat politique d’autant d’ailleurs que la loi protège cette partie de l’homme, son intégrité, sa dignité d’être humain. Toute immixtion dans ce qui relèverait de l’individu privé est une entorse, un manquement. Or, dans ce Niger du « tout permis », les hommes et pire, les intellos mêmes, ne font aucun discernement quant à la distinction de ces deux composantes de l’homme politique. C’est justement dans cette compréhension que Hama Amadou diffère encore des autres : il ne parle de la mère, du père, du fils, de la femme, du village de personne.
Ces choses ne peuvent intéresser le débat politique et toujours, lorsqu’il faut parler d’une autre, c’est la personne publique qui l’intéresse pour dire ses errements, ses incompétences, ses injustices ; toutes choses qui intéressent la cité parce qu’elles impactent sur la vie des hommes. C’est donc cela qui donne de la profondeur, une densité même à ses paroles qui dénoncent les avanies de ses détracteurs et disent si souvent des vérités qui fâchent.
De la puissance de son verbe….
Depuis Kounché, les messages à la nation ont perdu de leur saveur, de leur superbe, car écoutés jadis religieusement par le peuple qui leur reconnaissait alors une certaine portée. Ces messages passent aujourd’hui inaperçus parce que reconnus notoirement démagogiques. Mais Hama n’est pas encore Président de la République pour faire des messages à la Nation. L’homme politique et le Président de l’Assemblée qu’il est, ont cependant des occasions pendant lesquelles, ils prononcent de grands discours que les Nigériens, admirateurs et farouches opposants, écoutent avec respect. Le caractère événementiel de ses discours montre à quel point la parole de l’homme touche les hommes, interpelle leur conscience. A un congrès de son Parti, sur des tribunes à l’extérieur, à l’Assemblée nationale, chaque fois que l’homme devait parler, cela est attendu comme un grand événement, et le discours est écouté, décrypté, analysé, fouillé.
Il est vrai que sa parole n’est pas l’Evangile, mais on lui reconnaît unanimement une sagacité incomparable. Hama parle bien et juste. C’est une qualité de l’homme d’Etat, de l’homme politique qui se doit d’être également poète. Son discours a trois qualités. D’abord, une certaine simplicité qui proscrit tout académisme pour donner un discours cohérent qui parle à tous les hommes et à toutes les femmes du pays. La parole de l’homme politique doit être ouverte, accessible. Or, il n’est pas permis à tous les hommes politiques de pouvoir produire des discours dans la simplicité de la langue pour toucher à la pertinence et à la gravité des sujets de la vie de la nation et du monde. L’autre qualité de ses discours est de choisir de dire la vérité, fut- elle déplaisante. C’est peut-être là que l’homme a souvent des difficultés avec les hommes : il ne promet jamais l’impossible, et ne dit jamais ce qu’il ne fera pas.
Et pour continuer à avoir de bonnes relations avec les autres, encore faut-il savoir ne jamais leur mentir. Le Guri l’apprend à ses dépens : pour avoir trop menti, les Nigériens ne le croient plus. Les syndicats en savent quelque chose, eux qui ont signé moult protocoles qui ont connu très rarement une application de la part d’un gouvernement qui a toujours prétendu être à mesure d’apporter des solutions à tous les problèmes des travailleurs. Enfin, la dernière qualité à relever chez le Président Hama, c’est le pragmatisme dont il fait montre dans ses discours. Adepte de la realpolitik, il s’est toujours voulu réaliste pour ne prendre en compte que les potentialités réellement mobilisables du pays pour construire la nation. Les dessinateurs des « six mille milliards », n’ont fait que berner le peuple avec de gros chiffres qui n’ont révélé que la vacuité de leur programme de société qui a péché par son manque de réalisme, versé dans un idéalisme insipide.
Hama Amadou, quoi que diront ses détracteurs, incapables de faire mieux, reste un homme politique hors pair qui se distingue également par son patriotisme exprimé tant dans ses discours que dans ses actes. A l’occasion de l’ouverture de la dernière session extraordinaire, les Nigériens avaient vu avec quelle ferveur, invités et députés de tous bords « buvaient sacrement » le discours du Président qui ne regardait plus que le Niger et son avenir. En prenant de la hauteur, l’homme s’est placé au dessus d’une mêlée entretenue à dessein par un parti au pouvoir défaitiste qui ne sait créer les conditions pouvant lui permettre de gouverner dans un cadre apaisé où les Nigériens, par-dessus leurs cohésion, sauront vivre leurs différences dans la contradiction démocratique et dans le respect de l’autre.
C’est cette vision de cet homme adulé par les foules et haï à tort par des jaloux, qui fait de lui un homme grand. Et depuis qu’on n’arrête pas de le poursuivre, la côte de l’homme ne fait que grimper. Dans les huit régions du pays, Hama réapparaît comme une nouvelle alternative pour le pays ainsi qu’on a pu l’entendre lors du dernier meeting de l’ARDR à Maradi : « Niger, saï Hama ! ». Les Nigériens ont compris. Guri est contre un destin, peut-être, contre le Ciel….