Le vocabulaire qui revient avec insistance ces derniers temps dans les bouches, surtout des politiciens nigériens, c’est le «bain de sang». Cette expression est, reconnaissons le, lourde de conséquences pour notre pays. Ce groupe de mots qui renvoie à des sacrifices humains est-il réellement partagé par l’ensemble des nigériens ?
A toute situation, l’on est prêt à utiliser des termes qui appellent à la violence dans un pays qui n’en connait pratiquement pas. Les deux blocs opposés, majorité comme opposition ne doivent pas s’entraîner sur ce terrain glissant. La violence n’est pas le commundes Nigériens qui vivent depuis des siècles dans un espace connu et envié pour la symbiose de ses communautés. Jusqu’à preuve de contraire, nous sommes dans un pays en démocratie, avec toutes ses institutions républicaines en place, sur la voie du respect des droits et libertés. Ces institutions chargées de conduire la gestion du pays et régulatrices des rapports entre les hommes font leur travail dans le respect des lois et règlements du pays.
Les décisions et avis des juridictions (Cour Constitutionnelle, tribunaux) sont là pour le prouver. Hier, l’avocat des six militants de Lumana, Mai- tre Mossi Boubacar, député de la présente législature au titre du parti de Hama Amadou clamait haut et fort sa confiance en la justice de notre pays. L’opposant politique Tamboura Issoufou, Secrétaire à la Communication du MNSD se félicitait de la dernière décision de la Cour d’Appel de Zinder dans le différend qui oppose son camp à celui du Ministre d’Etat, Abouba Albadé. Alors pourquoi s’évertue-t-on à appeler les nigériens à s’entretuer ? Pour quel but ? Dans l’intérêt de qui ? Ce langage de la terreur est systématiquement condamnable. En effet, il y a «bain de sang», lorsque les gens exprimant leur mécontentement sur une situation bien déterminée utilisent la violence physique à l’issue de laquelle on enregistre assez souvent des dizaines de morts qui gisent dans des mares de sang.
Pour qui connaît le Niger, ce pays dont les fils et filles sont liés par des liens étroits, l’on peut affirmer que nous sommes très loin de cette expression, «bain de sang». Dans presque toutes les familles coulent de sang des autres composantes de la société nigérienne. L’histoire du Niger, en tout cas, celle des 53 années d’indépendance, au-delà, est sans commune mesure sur le plan de la paix et de la consolidation de l’unité nationale. Arrêtez donc de cultiver cette idée dans les esprits des nigériens. Elle n’a pas abouti et ne passera point. La conquête du pouvoir passe nécessairement par les urnes et non par le sang. La démocratie est ainsi faite ! Toute autre voie n’est que perte et les prédicateurs du mal seront jugés par le tribunal de l’Histoire !