Dans la sortie de l’opposition politique nigérienne du vendredi 1er février 2013, organisée à Djado Sékou sous la forme d’une cérémonie de présentation des voeux, un discours avait retenu l’attention des observateurs : celui du Chef de file de l’opposition, M. Seyni Oumarou.
Plusieurs passages de cette adresse ont claqué comme un défi lancé au Président de la République, Issoufou Mahamadou. Défi, certes, mais alertes, également, si tant est que le Chef de l’Etat qui va bientôt entamer la 3ème année de son mandat de cinq (5) ans est bien décidé à laisser une empreinte indélébile de son passage à la tête du Niger.
L’activité de l’ARN a drainé du monde. Quelques cadres du corps diplomatique et des partenaires techniques et financiers du Niger ont eu la courtoisie de répondre à l’invitation de l’opposition nigérienne. C’est dans un style mi-réaliste mi-moqueur que Seyni Oumarou a dressé un tableau sombre de la gouvernance actuelle devant son auditoire. « Nous devons être plus que jamais mobilisés aux côtés de nos vaillantes populations afin de contraindre les dirigeants actuels à mettre fin à la course effrénée à l’enrichissement sur les maigres deniers de l’Etat pour que les ressources minières et pétrolières soient investies dans les secteurs prioritaires définies par la Constitution », dira-t-il à un détour de sa diatribe avant d’ajouter que « la violation de la constitution et des textes de la République sont devenus le sport favori des gouvernants actuels.
Si l’année 2011 a été caractérisée par des violations d’ordre institutionnel, l’année 2012 s’est particularisée par des violations portant atteintes aux interêts économiques du pays, qui sont les conséquences de la malgouvernance ». Par rapport à la crise au CDS-RAHAMA, Seyni Oumarou explique : « l’ARN a toujours, malgré la décision de justice qui donne raison au CDS RAHAMA, privilegié le dialogue et le consensus. C’est pourquoi, le Groupe parlementaire de l’ARN a déposé une interpellation du Ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, au sujet de cette grave violation de l’Article 117 de la Loi fondamentale et de l’article 64 de la Charte des Partis Politiques. Mais sur proposition du Président de l’Assemblée Nationale la demande d’interpellation a été retirée au profit d’un échange direct avec le Président de la République sur la question.
Cette rencontre a eu lieu le 17 janvier 2013, en ma présence en tant que Chef de file de l’Opposition et en présence des Présidents des groupes parlementaires. Le Chef de l’Etat a promis de s’en saisir personnellement et a pris le ferme engagement d’apporter des solutions adéquates pour le règlement de ce dossier. » Et au Chef de file de l’opposition de marteler : « la parole donnée est un engagement qui grandit celui qui s’en acquitte et qui avilit celui qui ne la respecte pas. » En concluant son discours, Seyni Oumarou va souhaiter la bonne année à ses camarades, aux militantes et militants de l’ARN ainsi qu’au peuple nigérien. L’examen de l’adresse de Seyni Oumarou laisse transparaître une forte emprise de la réalité.
Les exemples qu’il prend et les citations tirées du discours d’investiture du Président de la République et ceux tirées des propos du Président de l’Assemblée nationale sont des supports tangibles et irréfutables. En cela réside le défi pour le Président de la République qui a l’obligation de tenir son discours d’investiture comme seule « boussole » à même de l’orienter « dans cette forêt d’intérêts particuliers ».Lui, qui avait toujours incarné l’homme de la parole doit, plus que jamais, retrouver ses répères afin d’offrir aux Nigériens le meilleur de lui-même. C’est aussi un autre défi pour lui que de replonger dans son programme de campagne. Comme dirait l’autre, « un trésor est caché la-dedans » ! Il ne s’agit pas de réinventer la roue.
Les attentes du peuple résident également dans la lutte contre l’impunité et la mauvaise gouvernance. Or, ce combat ne se résume pas seulement à la restauration de la justice sur le passé politique du Niger, il s’agit d’empêcher que sous la 7ème république ne naissent des cas de détournements des deniers publics ou autres malversations. En clair, relever le défi pour le Président de la République revient tout simplement à être lui-même : homme de parole, homme d’éthique et homme d’actions. Agir autrement donnerait toujours des arguments à l’opposition dont la camisole « politiquement sale » n’est plus qu’un lointain souvenir, y compris auprès des partanaires de notre pays qui lui prête une oreille attentive. Enfin, le Mouvement pour la Renaissance du Niger doit jouer son véritable rôle de dialectique face à l’ARN. Le salut passe par là !