L'histoire d'une courte amitié qui n'a guère tenue longtemps !l Telle peut-être résumée les relations entre Hama Amadou et l'actuel président de la République. C'est entre les deux hommes, plutôt une petite histoire, d'Ecole, disons même de parcours. Même s'ils sont de la même génération, c'est surtout leurs parcours respectifs qui les distinguent avant tout.
En effet, si l'on peut dire de Hama Amadou qu'il est le genre" sac au dos " ayant forgé sa longue carrière administrative au gré des fonctions et formations suivies au fur et à mesure et desquelles il tient sans doute sa redoutable expérience, il vaut son pesant en tant que " témoin " d'une époque où justement l'on travaillait bien au Niger et celle récente qui consacre la déconfiture inexorable de l'Etat dans ses fonctions régaliennes... Un parcours qui contraste avec celui d'lssoufou Mahamadou, élément d'une génération que l'on puisse même dire gâtée d'étudiants nigériens ayant fréquenté de prestigieuses Ecoles outre atlantiques. Evoluant surtout dans un petit cercle d'amis, il poussera l'audace de se lancer en politique (avec l'argent de son départ volontaire disent certains) par l'entremise du PNDS-Tarreya. Cette formation politique surnommée" parti des intellectuels " se révélera comme une véritable force de gauche lors des assises de la Conférence Nationale Souveraine.
Depuis cette période-là, Issoufou Mahamadou et ses principaux camarades du CEN traînent derrière eux, une réputation de " durs " et n'hésitent pas à croiser le fer avec quiconque sur leur chemin. C'était déjà à cette époque, une sorte de " round " d'observation entre les deux hommes. Puis alors, la politique s'est installée de droit dans la cité avec beaucoup de faveur pour Issoufou Mahamadou qui le premier occupera les fonctions de premier ministre dès les premières heures de l'Etat de droit au Niger. C'était du temps de I'AFC (Alliance des Forces pour le Changement), conglomérat de formations politiques qui s'effritera à la suite diverses formes de crises politiques. Issoufou Mahamadou claquera la porte de la primature au président Mahamane Ousmane pour par la suite s'allier à l'adversaire commun d'hier, le MNSD Nassara, parti dont Hama est l'un des grands ténors. Ainsi, les deux hommes se rapprocheront pour une première fois au gré des tournures politiques. C'était donc au pur hasard. De telles circonstances ne peuvent permettre de faire...une très bonne connaissance.
Juste quelques croisements et. . poignées de mains. Et même à l'époque, les rapports entre le PNDS et aussi entre les deux poids lourds de chaque camp, n'étaient des plus cordiaux. Que de la méfiance des uns vis-à-vis des autres.
Plus tard aussi avec les déchirements des alliances politiques, le MNSD et le PNDS et bien entendu Hama et lssoufou ont dû évoluer ensemble dans des regroupements politiques du genre FRDD et tous ses autres avatars... Disons qu'ils s'étaient alors quelque peu côtoyés...
Mais le véritable lien entre les deux hommes n'a commencé qu'au lendemain du deuxième tour des dernières élections présidentielles de 2011. Et même là, ce fut par l'intermédiaire d'une relation commune, l'opérateur économique d'origine nigérienne exerçant son business au Nigeria, Tsahirou Mangal. C'est Mangal qui a insisté pour que les deux hommes évoluent ensemble, c'est lui qui a établi le lien entre les deux hommes et qui en était le garant. C'était ce que l'on avait appelé dans les milieux proches de Mangal " la Amana ". Elle devait, en principe duré tout le quinquennat, mais à mi-parcours déjà, une mésentente survient subitement et l'alliance Moden Lumana Africa-PNDS-Tarreya, éclate en morceaux. Le parti de Hama proteste contre l'attribution à des transfuges des autres partis de la place de certains portefeuilles ministériels jugés plus importants que " les coquilles vides "qu'on lui a légué. Voilà donc comment le désamour a commencé d'une part entre le PNDS et le Lumana et d'autre part entre Issoufou et Hama. Personne ne pouvait imaginer tout le reste: Que le PNDS fasse tout son possible pour dégager Hama Amadou de son strapontin de président d'Assemblée ; Que Hama lui-même s'accroche à son poste contre le gré de son ex-partenaire ; que l'on arrive à déclencher un gros dossier de type civil certes, mais fondamentalement destiné à l'envoyer dans les geôles ; Que Hama soit contraint au dernier moment à l'exil pour se tirer d'affaire ; Qu'il en arrive à accuser le président Issoufou Mahamadou de prétendre l'éliminer physiquement etc..
Comment dès lors un d'entre les deux hommes pourra-t-il un jour faire confiance à l'autre ? Puis, en arrière plan de tout ce tableau décrit, il y a tout de même les préparatifs des prochaines élections présidentielles de 2016 pour lesquelles chacun de deux hommes croient que son principal adversaire ne serait personne que ce... ancien partenaire.
Voilà pourquoi, il convient de dire qu'entre ces deux hommes politiques existent et existera toujours une sorte... de rivalité politique qui s'apparente avant tout à un simple duel. Qui l'emportera sur l'autre ? Seule l'histoire nous le dira un jour...