Le président du Parlement nigérien Hama Amadou, en fuite en France après avoir été mis en cause dans un trafic international de bébés, s'est indigné du durcissement des conditions de détention d'une de ses épouses depuis son départ.
"Faute de pouvoir m'attraper, on se venge sur ma femme", également enfermée dans le cadre de cette affaire, a affirmé M. Amadou à la BBC mardi soir.
"Depuis mon départ, elle est quasiment séquestrée. Ses conditions de détention ont été durcies", a-t-il observé.
Le président du Parlement, principal opposant du chef de l'Etat Mahamadou Issoufou, affirme que les poursuites lancées contre lui sont politiques, le pouvoir cherchant selon lui à l'écarter avant la présidentielle de 2016.
Il s'est enfui au Burkina Faso le jour où ses pairs ont autorisé son audition par la justice pour cette affaire. Il s'est ensuite rendu en Belgique, puis en France.
"Toutes les femmes" détenues, et non la seule épouse du président de l'Assemblée nationale, "ont été placées dans des cellules et n'en sortent plus" depuis une semaine, a déclaré mercredi à l'AFP Me Souley Oumarou, qui défend la femme de Hama Amadou.
"Les téléphones avec lesquels elles communiquent pour donner des instructions pour les soins des bébés leur ont été retirés. Elles ne reçoivent plus de visites", a poursuivi l'avocat, ajoutant que la mesure pourrait être levée mercredi.
L'AFP n'a pu joindre le ministère de la Justice pour recueillir sa réaction.
Dix-sept personnes, dont 12 femmes, parmi lesquelles l'une des épouses du président de l'Assemblée nationale, ont été écrouées fin juin au Niger dans une affaire de trafic international de bébés entre le Nigeria, où ils ont été conçus, le Bénin et le Niger.
Toutes ont été inculpées de "supposition d'enfant" (un délit qui consiste à attribuer la maternité d'un enfant à une femme qui ne l'a pas mis au monde), "faux et usage de faux" et "déclaration mensongère".
Le ministre nigérien de l'Agriculture Abdou Labo, dont l'une des épouses fait également partie des femmes incarcérées, a été emprisonné.