L’annonce de l’inscription de la vieille ville d’Agadez au patrimoine mondiale de l’humanité a été faite le 22 juin dernier par l’UNESCO, lors de sa session tenue à Phnom Penh au Cambodge. Cette décision de l’UNESCO constitue pour le Niger une grande victoire du point de vue de la qualité des Hommes qui ont travaillé pour que cela soit, mais également pour la sauvegarde du patrimoine historique. C’est donc à juste titre que le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, M. Kounou Hassane, a animé lundi dernier, dans l’après midi, une conférence de presse pour féliciter et remercier l’ensemble de la délégation nigérienne qui a participé et défendu le dossier jusqu’à l’aboutissement du processus.
L’inscription de la vieille ville d’Agadez au patrimoine mondiale de l’humanité est le fruit d’un travail minutieux. En effet, le Niger s’est engagé depuis 2002 dans le processus de nomination du centre historique d’Agadez sur la liste du patrimoine mondiale. Il s’agit à travers cette option de notre pays de sauvegarder et valoriser son patrimoine culturel.
Au cours de cette conférence de presse, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture M. Kounou Hassane a précisé que cette initiative du Niger à vouloir inscrire la vieille ville d’Agadez au patrimoine mondiale de l’humanité est motivée par le fait que notre pays, en dépit de ses potentialités culturelles, n’a jusqu’ici inscrit aucun site culturel sur cette prestigieuse liste. Alors que ’’notre patrimoine culturel mérite d’être connu par l’humanité toute entière car il porte des valeurs historiques, architecturales, culturelles et artistiques exceptionnelles et universelles’’ a-t-il relevé avant d’indiquer que le choix du site d’Agadez n’est pas un fait du hasard, parce que Agadez est une des plus anciennes cités du Niger dont l’origine remonte au début du XVème siècle.
En faisant un peu de l’histoire sous le regard des spécialistes avertis, le ministre en charge de la Jeunesse a souligné que la vieille ville d’Agadez, construite selon un schéma architectural unique, a été une plaque tournante du commerce transsaharien et un centre de rayonnement de l’islam au Soudan central. Le Sultanat de l’Aïr s’est installé dans la ville d’Agadez fondée au XIèrne siècle. Cette localisation a renforcé la valeur inestimable de la route transsaharienne. Elle a aussi imposée une stratégie d’accueil liée à l’afflux des populations des sultanats et des royaumes voisins, notamment Kanuri, Haussa et Songhaï. C’est ainsi que la ville s’est organisée en onze (11) quartiers principaux.
Véritable lieu d’échange entre les royaumes voisins et le Maghreb, la ville d’Agadez devint attractive et engendra prospérité et créativité, ce qui se reflète dans le patrimoine de la ville, et plus particulièrement dans son architecture. La grande mosquée avec son minaret en terre de 27 mètres, un des plus hauts du monde entièrement bâti en terre crue, en est un exemple éloquent pour caractériser un temps, la dimension historique, culturelle et artistique de cette cité. Le développement progressif de la ville d’Agadez lui a donné une structure originale, fondée autour de campements qui se sont transformés au fil des années en îlots bâtis, délimitant ainsi, non pas des rues, mais de nombreuses places et de placettes.
Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de la Renaissance du Niger, les autorités de la 7eme République ont réaffirmé leur volonté et leur engagement à œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine culture national. En témoigne un passage du discours de S.E Issoufou Président de la République, Chef de l’Etat, lors de l’ouverture du colloque international sur les 50 ans de l’urbanisation en Afrique, « Notre engagement vers la modernité n’exclut pas la sauvegarde de notre patrimoine comme le prouve la démarche en cours d’inscrire la vieille ville d’Agadez, célèbre depuis le XVIème siècle pour son architecture, au patrimoine mondial de l’Unesco ». C’est fort de cette conviction que l’Etat a mis les moyens nécessaires pour soutenir le processus d’inscription du site d’Agadez dont l’aboutissement a été l’inscription du Centre historique d’Agadez sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette inscription permettra de protéger le centre historique vivant d’Agadez et son patrimoine culturel et architectural des menaces comme le développement incontrôlé et les constructions inconsidérées. Elle va aussi renforcer le label international de la ville d’Agadez et partant celle de notre pays, a expliqué le ministre de la Jeunesse. En outre, elle procurera aux populations, à travers la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus qui seront menées dans le cadre du plan de conservation et de gestion du site inscrit, des retombées économiques insoupçonnées.
Au cours de cette conférence de presse, plusieurs orateurs ont pris la parole pour exprimer leur sentiment de satisfaction et de souligner le défi majeur pour notre pays surtout quant à la préservation du site historique d’Agadez. Un des défis, c’est de faire en sorte que le tourisme puisse se développer convenablement dans la région. Ces orateurs sont entre autres le Professeur Aboubacar Adamou, spécialiste de la vieille ville d’Agadez ; M. Oumarou Hadari, ancien ministre de la Culture ; le secrétaire exécutif adjoint de la commission nationale de l’UNESCO au Niger M. Mamane Almagir et le sultan d’Agadez M. Oumarou Ibrahim Oumarou.
Auparavant, la délégation d’Agadez conduite par le Secrétaire général de la région a été reçue en audience par le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Pendant, cette audience, il a été montré au ministre, la cartographie qui délimite le site historique de la ville d’Agadez.