«Les habitudes ont la vie dure», a-t-on coutume de dire. Aché cela est valable même chez les représentants du peuple, au sein de l’hémicycle. Voilà des gens élus par le peuple, pris en charge par le même peuple, mais qui usent et abusent de la confiance de leurs électeurs. Dès qu’une pratique commence (même si elle est illégale) nos honorables députés la maquillent et s’y agrippent pour lui donner finalement un caractère légal. N’est-ce pas bizarre pour des élus du peuple qui doivent pourtant proscrire ce genre de comportement ? En tout cas l’illustration parfaite du comportement atypique de nos honorables députés vient du fait qu’ils s’arrogent le droit de s’octroyer une indemnité spéciale pour la fête de Tabaski. En tout cas, selon un confrère de la place, cette indemnité perçue par les députés doit leur permettre de payer les moutons de sacrifice pour leurs familles. Pauvres fidèles musulmans. Dans quel monde sommes-nous ? Comment un député qui perçoit un salaire dix fois plus consistant et costaud qu’un fonctionnaire le plus gradé, peut-il se rabaisser pour payer un mouton de sacrifice avec l’argent indûment reçu. Selon toujours notre confrère, cette pratique a cours depuis 2011. Ainsi donc, chaque année les députés s’octroient cette indemnité indue, de 200.000FCFA par député. Malgré la sonnette d’alarme tirée par les responsables financiers de l’Assemblée nationale, nos députés sont passés outre, en transformant cette indemnité en un droit. Chaque année, ce sont quelque 22.400.000FCFA qui sont prélevés illégalement sur les fonds du parlement. Sur la durée de la mandature (5 ans), c’est la bagatelle somme de plus de 110 millions de nos francs que nos honorables députés percevront illégalement. Pourtant avec tous les avantages pécuniaires dont ils bénéficient, les députés nigériens sont, en principe, à l’abri d’une telle avidité. Pourquoi cette gabegie ? En fouillant les archives de cette Assemblée nationale, on se rendra aisément compte que ces genres d’agissements ne sont pas nouveaux dans cette «maison».
En 2009, plusieurs députés nationaux ont été interpellés et sommés de payer le trop perçu sur les avantages et indemnités qu’ils se sont abusivement octroyés. Cette indemnité Tabaski n’est, en fait, pas une surprise pour de nombreux nigériens, car à plusieurs reprises, les députés ont démontré au peuple qu’ils peuvent, à tout bout de champ, taire leur antagonisme et leurs divergences de point de vue, pour agir comme un seul homme ou un syndicat quand il s’agit d’encaisser des subsides. Les défenseurs du peuple et faiseurs de la loi qui se comportent aussi négativement, peuvent-ils exercer leur mission de contrôle de l’action gouvernementale ? Pas si facile !