La Chine projette d'introduire un nouveau régime comptable afin de mettre un terme à la "suprématie du PIB" et d'instaurer un modèle de croissance axé sur un développement économique, social et environnemental plus équilibré.
Ce nouveau régime comptable, dont l'introduction a été récemment annoncée par le Bureau d'Etat des statistiques (BES), est un système d'évaluation économique qui ne s'appuiera plus uniquement sur le taux de croissance mais prendra en compte l'optimisation structurelle, la modernisation industrielle, l'innovation, la protection de l'environnement, et l'amélioration du niveau de vie de la population.
Ainsi, plus de quarante indicateurs, comprenant entre autres le ratio de la dette publique par rapport aux recettes budgétaires, la consommation des habitants, le taux d'urbanisation, le ratio des dépenses en recherche et développement par rapport au PIB et la réduction de la pollution, seront publiés régulièrement par le BES.
Selon le bureau, les statistiques du gouvernement mettaient trop l'accent sur le PIB et sa croissance, tandis que ce nouveau régime permettra de mieux tenir compte de la qualité du développement économique.
La croissance à deux chiffres maintenue durant la dernière décennie a propulsé la Chine au rang de deuxième plus grande économie du monde.
Le rythme de croissance était dans une large mesure le but ultime poursuivi par les responsables du gouvernement parce que le taux de croissance déterminait leur promotion.
Ce culte de la croissance a eu des conséquences néfastes comme la surcapacité industrielle, une mauvaise structuration de l'économie et des dommages environnementaux. Et outre ces problèmes, l'économie a affiché une croissance de 7,4% au cours du premier semestre, un taux bien éloigné de la croissance à double chiffre.
Cependant, au lieu de mettre en œuvre des mesures de relance pour soutenir la croissance, le gouvernement actuel s'est attaché à promouvoir les réformes, la restructuration économique et l'amélioration du niveau de vie de la population.
Bien que l'économie chinoise soit soumise à une pression à la baisse croissante depuis le début de l'année dans un contexte de conjoncture économique mondiale complexe et de lente reprise économique dans les pays développés, le gouvernement ne sera pas distrait par les fluctuations mineures d'indicateurs individuels, a déclaré Li Keqiang lors de la Réunion annuelle des nouveaux champions du Forum économique mondial qui s'est tenue récemment à Tianjin.
M. Li a indiqué que la priorité aujourd'hui était le contrôle structurel et que les efforts seraient coordonnés entre la stabilisation de la croissance, la promotion de la réforme, le réajustement de la structure, l'amélioration du niveau de vie de la population et la prévention des risques. La modernisation industrielle et la réduction de l'écart entre le développement urbain et rural seront promues par le biais de l'innovation scientifique et technologique.
En outre, le Premier ministre s'est engagé à ce que la Chine prenne des mesures pour réduire la pollution et économiser l'énergie. Il a ajouté que le pays étudiait actuellement les objectifs de contrôle des émissions de gaz à effet de serre, y compris la réduction des émissions de CO2 et de l'intensité des émissions de carbone, et l'accroissement de la part des énergies non-fossiles d'ici 2030.
Les données officielles indiquent que l'intensité carbone a diminué de près de 5% au cours du premier semestre, la plus importante baisse depuis plusieurs années, en raison du réajustement structurel visant à améliorer la qualité de la croissance économique.
On peut aujourd'hui voir la transition vers une croissance de qualité s'opérer dans le pays, au moins 70 districts, d'après les données, ayant déjà adopté le niveau de vie de la population et la protection de l'environnement comme principaux critères pour évaluer la performance politique des responsables au lieu de la croissance du PIB.
"A long terme, la restructuration économique est une nécessité pour la Chine ; à court terme elle est urgente pour contrer l'impact de la crise financière mondiale", a noté Xie Lujiang, professeur à l'Ecole du Parti du Comité central du Parti communiste chinois (PCC).
M. Xie a ajouté que l'objectif fondamental de la restructuration était de transformer la Chine en un pays moderne, dans le vrai sens du terme, et que celle-ci impliquait des changements sur plusieurs fronts, y compris politique, économique, institutionnel et des intérêts corporatistes.
Le BES a dévoilé un calendrier pour l'introduction du nouveau régime comptable et certains indicateurs seront publiés dès cette année.
Par ailleurs, le Premier ministre a également appelé à adopter un point de vue dialectique vis-à-vis de la croissance économique, car la Chine, un pays en voie de développement, a encore besoin d'un certain niveau de croissance, mais la qualité de la croissance doit être jugée selon qu'elle crée ou non des emplois, qu'elle améliore le niveau de vie de la population et qu'elle sert les objectifs de protection de l'environnement et de conservation de l'énergie.
L'ère de la "suprématie du PIB" est achevée.