Entretien avec Pr Saadou Mahamane, Recteur de l’Université Dan Dicko Dan Koulodo de Maradi : «L’Etat a consenti de gros efforts pour accroître la capacité d’accueil de l’université de Maradi»
Pouvez-vous, Monsieur le Recteur, nous faire l'état des préparatifs de la rentrée académique 2014 -2015 à l'Université de Maradi ?
Au niveau de l'Université de Maradi, nous avions repris les enseignements depuis le 1er septembre. Mais en même temps nous avions ouvert les inscriptions des nouveaux bacheliers. Ces inscriptions ont été clôturées le 12 septembre. Présentement, comme je le disais, nous sommes en train de compléter les enseignements de l'année écoulée qui n'ont pas pu l'être pour des raisons, non seulement de grèves d'étudiants et d'enseignants, mais aussi parce que nous ne disposons pas de tous les profils et donc nous sommes obligés de faire appel à des vacations venant des universités nationales et étrangères.
Donc ce 1er octobre prochain, nous allons procédé à la rentrée officielle pour les nouveaux bacheliers. Actuellement nous avons dix (10) salles de classe en construction dont 2 salles de 100 places et 4 salles de 80 places et 4 autres de 60 places chacune. Ce qui va incontestablement renforcer la capacité d'accueil de notre université, même s'il reste encore à faire, car l'université de Maradi se développe à un rythme soutenu. L'année dernière nous avions 1.800 étudiants, nos prévisions pour cette année tournent autour de 3000 étudiants. Avec l'ouverture de la faculté de médecine qui est une faculté très prisée par nos jeunes bacheliers, nous avions, d'ores et déjà, enregistré plus de mille inscriptions. Autres infrastructures dont nous disposons, nous avons une salle informatique et 4 laboratoires. C'est ici en effet, au niveau des laboratoires que nous avons de gros soucis. 4 labos pour désormais 3000 étudiants, sachant qu'un labo ne peut contenir plus de 25 étudiants et vu le nombre de TP et TD qu'un étudiant doit réaliser, vous comprenez qu'on est loin du ratio normal.
Quelles sont les dispositions matérielles qui ont été prises au plan national pour assurer une meilleure rentrée académique 2014-2015 à l'université de Maradi ?
Il y a en effet un certain nombre de choses qui ont été prévues. Dans le cadre du partenariat Public-Privé, il y'aura le démarrage très prochain de la construction de deux cités universitaires d'une capacité de 1200 places. Nous allons également bénéficier de la construction de 2 salles de classe de 250 places. Pour ces dernières, les travaux ont même commencé. Aussi, notre deuxième site va être clôturé. Nous aurons aussi un laboratoire. Il faut donc reconnaitre que l'Etat a consenti de gros efforts pour accroitre la capacité d'accueil de l'université de Maradi, ce qui en soi est une bonne chose dans la mesure où cela permettra à beaucoup de jeunes nigériens d'accéder à l'enseignement supérieur.
L'université de Maradi dispose-t-elle d'enseignants en quantité et en qualité comme l'ont toujours revendiqué les étudiants ?
En fonction de notre budget, je puis dire que nous avons recruté suffisamment d'enseignants. A l'IUT, qui est une composante de l'université, nous avons 22 enseignants. Au niveau des deux facultés de sciences, nous avons 48 enseignants. Malgré tout, il faut le reconnaitre, nous faisons régulièrement recours à des vacataires qui viennent des universités du Niger, du Bénin, du Burkina, du Sénégal, de la Belgique, etc., car une université doit s'ouvrir, elle ne doit pas se renfermer sur elle-même. Dans le même ordre d'idées, nous avons des relations avec les universités de Kano, Katsina et Sokoto. Avec le Nigéria, n'eut été les barrières de la langue, nos rapports allaient être mutuellement plus fructueux. Mais d'ores et déjà, l'université de Katsina qui n'est qu'à 78 km a accepté de mettre à la disposition de nos étudiants leurs labos...
Parlons à présent du système LMD. On le sait, les étudiants y ont manifesté une certaine frilosité pour ne par dire hostilité. Est-ce qu'on peut finalement dire que les étudiants de l'université de Maradi se sont adaptés au système ?
Cette « frilosité » dont vous faites allusion, on la constate un peu partout dans les universités africaines. Mais les gouvernements ont décidé et il faut donc s'y faire. Ce que nous faisons, c'est d'organiser périodiquement des séminaires pour les étudiants et les enseignants en faisant venir des conférenciers pour les édifier sur le système et ses avantages. De mieux en mieux, on constate une grande adhésion des étudiants au système. Il faut le rappeler, le LMD a l'avantage de produire des diplômes qui ont une équivalence quasiment universelle et ces diplômes répondent plus aux attentes du marché du travail.
Vous ébauchiez tantôt quelques problèmes auxquels vous faites face. Quel est aujourd'hui le problème le plus urgent à l'université de Maradi ?
Le problème le plus urgent reste et demeure celui des infrastructures. C'est vrai que nous sommes quelque peu au diapason sur le plan infrastructurel. Mais cette année, comme je le disais plus haut, nous accueillons une faculté de médecine. Ça va nous permettre sur le plan académique d'étoffer notre gamme scientifique certes, une grosse pression tout de même sur les infrastructures. Par exemple, pour la faculté d'agronomie, nous n'avons aucune classe. Les cours se déroulent dans d'autres facultés.
Je voudrai surtout plaider en faveur de la construction et de l'équipement de nouveaux laboratoires. Avec les quatre que nous avons actuellement, même avec 1800 étudiants on était loin du compte, à fortiori avec plus de 3000 étudiants.
Je peux quand même dire que malgré tout, des efforts ont été faits et la tendance actuelle avec des investissements chaque année, nous incite à croire que le problème infrastructurel de l'université de Maradi pourrait être réglé à court ou moyen terme.
Un dernier mot à l'endroit des partenaires et de la communauté universitaire ?
Je voudrai remercier les autorités à tous les niveaux pour la promptitude avec laquelle ils répondent à nos sollicitations. Je voudrai également remercier tous ceux qui appuient l'université d'une manière ou d'une autre. Aux enseignants et aux étudiants, nous demandons à chacun de jouer sa partition en toute responsabilité. Nous appartenons tous à une « communauté » comme vous le dites et c'est donc ensemble que nous ferions de cette université un vrai leader scientifique et intellectuel tant sur le plan national qu'international.