Le Parlement nigérien a effectué sa rentrée mercredi, en dépit du boycott des députés de l'opposition et en l'absence de son président Hama Amadou, en fuite en France et visé par un mandat d'arrêt dans le cadre d'un trafic international de bébés.
Les députés de l'opposition ont boycotté l'ouverture de cette session budgétaire, qui doit durer 60 jours, mais s'est tenue mercredi dans le calme.
L'ordre du jour "ne prévoit pas pour le moment", le remplacement de Hama Amadou, a confié à l'AFP une source parlementaire.
La session a été convoquée par le premier vice-président de l'Assemblée, Daouda Mallam Marté, un élu du parti au pouvoir. Hama Amadou, depuis son exil français, l'avait convoquée pour "le 7 octobre", dans une lettre adressée au Parlement.
Nassirou Halidou, un élu proche d'Hama Amadou a dénoncé "un coup d'Etat institutionnel" commis par le pouvoir.
"Conformément à la Constitution et au règlement intérieur de l'Assemblée, la convocation d'une session de l'Assemblée reste et demeure la prérogative exclusive de son président", a expliqué Amadou Boubacar, le président de l'Association des constitutionnalistes du Niger (ACN).
"La date du 1er octobre a été arrêtée en accord avec le gouvernement", a répondu Zakari Oumarou, président du groupe parlementaire du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir).
L'opposition a annoncé avoir déjà saisi la Cour constitutionnelle pour lui demander de trancher ce litige.
Hama Amadou, contre qui la justice nigérienne a émis vendredi un mandat d'arrêt, s'est enfui le 27 août au Burkina Faso, après l'autorisation par ses pairs de son audition par la justice pour une affaire de trafic international de bébés entre le Nigeria, où ils ont été conçus, le Bénin et le Niger.
Dix-sept personnes, dont 12 femmes, parmi lesquelles l'une de ses épouses, ont été inculpées fin juin de "supposition d'enfant" (un délit qui consiste à attribuer la maternité d'un enfant à une femme qui ne l'a pas mis au monde), "faux et usage de faux" et "déclaration mensongère" puis écrouées.
Hama Amadou, principal opposant du chef de l'Etat Mahamadou Issoufou, qui s'est ensuite rendu en Belgique, puis en France, a toujours clamé que les poursuites lancées contre lui étaient politiques, le pouvoir cherchant selon lui à l'écarter avant la présidentielle de 2016.
Le régime de Niamey nie ces accusations et souligne que le ministre nigérien de l'Agriculture Abdou Labo, dont l'une des épouses fait partie des femmes incarcérées, a également été emprisonné.