L’Aïd-el-Adha ou Aid-al-Kebir est le souvenir du sacrifice d’Abraham (Ibrahim). Dieu lui a demandé de sacrifier son fils unique, et il était prêt à le faire, pour montrer sa soumission à Dieu. Mais Dieu l’a arrêté et lui a fait sacrifier un mouton à la place de son fils. Ainsi, la fête de l’Aïd el Kébir est devenue une fête d’immolation des moutons.
Cette fête sera célébrée dimanche prochain au Niger. A cette occasion nous avons fait, un tour dans les marchés de bétail de la capitale pour prendre la température des prix et la disponibilité du mouton. Le marché de bétail de Tourakou, considéré comme l’épicentre de la vente du précieux animal, grouille de monde. La disponibilité des béliers est incontestable. Seulement les revendeurs déplorent le faible engouement des acheteurs. Ce qui du coup crée une situation d’incertitude et souvent même de désespoir chez ces revendeurs qui se disent étonnés de cet état de fait.
Dans tous les marchés de bétail de Niamey, notamment à Tourakou, au marché de bétail de l’aéroport, et à celui de la Rive Droite, l’ambiance est très timide contrairement à l’année passée à la même période. Les moutons sont disponibles, mais les acheteurs se font prier pour fréquenter les lieux. Au même, moment on remarque que presque toutes les artères de la capitale sont bondées de bétail. Les prix sont relativement en baisse par rapport à l’année dernière. Ils varient de 40.000 à 300.000 F. Alors qu’à la même période l’année dernière, les prix de certains moutons ont grimpé jusqu’à 400.000F.
d2-1Le commerce de bétail, pendant des périodes comme celles-là, profite à beaucoup de personnes. Dans tous ces marchés, l’on trouve les vendeurs, les revendeurs et les intermédiaires à côté de leurs moutons, attendant l’arrivée des clients. Selon M. Oumarou Amadou, président du Syndicat des vendeurs et exportateurs du bétail de la région de Niamey, il y a plus de moutons cette année que l’année passée. Mais M. Oumarou Adamou déplore la rareté des acheteurs.
Cette situation, selon le président du Syndicat des vendeurs et eExportateurs du bétail de la région de Niamey, est incompréhensible. Tentant d’en donner l’explication, il indique que ’’les acheteurs jouent peut-être au petit malin’’, c’est-à-dire qu’ils attendent la veille de la fête pour envahir les marchés dans l’espoir d’acheter les moutons à vil prix. Pour certains, a-t-il poursuivi, ’’c’est la peur des visiteurs de la nuit (les voleurs), qui fait qu’ils attendent le dernier moment pour payer leurs moutons. En effet, plusieurs cas de vols de moutons ont été observés dans les années antérieures. Donc, pour plus de précaution, les gens préfèrent acheter leur mouton la veille ou même le jour de la fête’’.
Cette hypothèse a été confirmée par un acheteur que nous avons croisé dans le marché. M. Soumaila Abdou soutient la précaution largement partagée selon laquelle il n’est point conseillé d’acheter un ou plusieurs moutons avant le jour de la fête, car on peut se réveiller un matin pour constater qu’il n’y a plus que les cordes et les pieux. Il a affirmé qu’il n’est pas venu pour acheter, mais plutôt pour constater l’évolution des prix du mouton sur le marché. Cette situation crée vraiment de l’incertitude chez les revendeurs. Pour Elhadji Inoussa Filingué, cette année le marché est très difficile. ’’Il n’y a pas d’argent. Les acheteurs ne viennent pas. Nous sommes complètement surpris par cette donne inattendue’’, a-t-il expliqué la mort dans l’âme. Il a précisé qu’il a amené 50 moutons de Filingué, et depuis deux semaines, il n’en a vendu que 5, et que les prix proposés par les clients n’atteignent même pas le prix d’achat de l’animal. ’’Au fur et à mesure que le séjour des moutons se prolonge entre les mains des propriétaires, les dépenses augmentent, puisqu’on est obligé d’acheter la nourriture que sont la paille, l’eau et le son. Donc c’est un autre coût qui s’ajoute aux prix d’achat des moutons’’, souligne-t-il.
Pour M. Hassan, un revendeur, ’’ça ne va pas du tout’’. ’’J’ai acheté ces moutons à Ayorou (Tillabéri) pour venir ici à Niamey. Mais c’est triste, parce qu’on n’arrive pas à les revendre. On n’enregistre que des pertes’’, ajoute-t-il. Il affirme avoir acheté des moutons de plus de 100.000 FCFA, mais les clients, quand ils viennent, lui proposent guère à plus de 70.000 FCFA. Il faut noter que la plupart des moutons proviennent des localités des régions de Tillabéry et Niamey tels qu’Ayorou, Mangaïzé, Filingué, Balleyara, Namaro, Torodi, etc.
Cette année, le marché ne répond pas à l’attente des vendeurs et autres revendeurs des moutons. Même avec la présence des clients venus de l’étranger, les prix sont en baisse par rapport à l’année dernière. Pour M. Aliou Ousman, un revendeur de Tourakou, cette situation fait peur. ’’Il y a des gens qui font plus de deux jours sans recevoir un seul client’’, a-t-il indiqué. Mais selon plusieurs acteurs du commerce de bétail, cette accalmie s’explique par le fait que les populations de Niamey préfèrent attendre la veille ou le jour même de la fête pour se procurer leurs moutons. L’espoir fait vivre.