Depuis quelques jours, en dehors des spéculations sur le remaniement du gouvernement, le principal sujet de discussion un peu partout, est la rencontre entre l'ancien président de la République Mamadou Tandja et son ancien premier ministre Hama Amadou. Cette rencontre, pour des raisons multiples, a pris un caractère très solennel.
Elle s'est déroulée, raconte-t-on, à la suite de multiples tractations et en présence des personnes très bien choisies et du côté de Mamadou Tandja et du côté de Hama Amadou ; sans oublier celle de Seini Omar qui, sans être ni dans le cercle des fidèles de Tandja ni celui de Hama, est le président en exercice de ce qui les avaient uni, le MNSD-Nassara. C'est certainement ce caractère solennel de la rencontre qui a donné beaucoup à disserter et qui a semé la panique dans le rang du parti présidentiel, le PNDS-Tarayya, parti dont celui de Hama, le MODEN FA-Lumana, est allié dans la majorité. Et effectivement, que cette rencontre ait pris ce caractère solennel ou pas, les gestionnaires actuels du pays ont toutes les raisons de s'inquiéter.
Qu'il soit propagé que Tandja ait exigé qu'on ne parle pas de politique au cours de la rencontre, ne change rien à la donne, du moment où le but de cette rencontre reste et demeure politique. Le Vieux a certes annoncé qu'il ne veut plus ''faire'' de la politique, il m'en demeure pas moins qu'il est l'icône du MNSD-Nassara et que sa voix est toujours prépondérante au sein de ce parti. Il ne fait pas de la politique, mais il était la vedette à la cérémonie anniversaire du MNSD-Nassara. Il ne fait pas de la politique, mais il est régulièrement consulté (officiellement et officieusement) par le président de la République en exercice Issoufou Mahamadou (même si, selon certaines indiscrétions, Tandja a acquis la conviction que celui-ci ne le consulte que pour la forme). Il ne fait pas de la politique, mais les dirigeants actuels du MNSD-Nassara ne prennent aucune décision importante sans le consulter. Il ne fait pas de la politique, mais tous les partis politiques ont la ferme conviction que la forme que prendra la recomposition (qui est inévitable) du paysage politique dépend entière de lui. Et c'est justement pour ce dernier point qu'il est activement courtisé aussi bien par le PNDSTarayya du président de la République que par le MODEN FA-Lumana du président de l'Assemblée nationale, chacun voulant l'assurance que le MNSD-Nassara sera de son côté avant de prendre la responsabilité de mettre un terme à ce petit jeu de qui portera le premier le coup fatal à l'autre, plus nuisible qu'utile à la gestion d'un pays, qu'on appelle alliance. Une alliance dont tout un chacun a conscience dès le début, au su des conditions (dont principalement la contrainte par le chantage) dans lesquelles elle est née, qu'elle a très peu de chance de tenir la route. Les observateurs et les analystes pensent que si cette rencontre solennelle entre Hama et Tandja a eu lieu, c'est parce que le fruit est mûr ; c'est parce que les responsables de LUMANA et du MNSD ont décidé de quelque chose à faire ensemble et n'attendaient que l'accord tacite, donc la bénédiction du Vieux (qui de toutes les façons est tenu au courant de tout) avant d'aller de l'avant. Cette bénédiction, même si les dirigeants de ceux deux partis l'avaient obtenu bien avant, elle a besoin d'une cérémonie pour être présentée au public. Et cette cérémonie a pris la forme de cette fameuse rencontre solennelle entre Hama et Tandja. Ces deux s'étant réconciliés (publiquement pour ainsi dire), il n'y aura plus dans l'esprit des uns et des autres, l'idée que la réconciliation entre les anciens camarades du MNSD et de LUMANA n'est pas possible du fait de la mésentente entre les deux anciens complices.
Donc, si à la rencontre entre Hama et Tandja il n'y avait pas eu de ''politique'' c'est tout simplement parce que c'est la politique l'a voulu ainsi. Elle a fixé elle-même le cadre et le thème de la rencontre. Et l'important est que, en même temps que les observateurs et analystes, le PNDS a clairement compris qu'il perdu la partie face à LUMANA dans la course de vitesse pour une alliance avec le MNSD dans le cadre de la recomposition politique à venir. Sauf donc bouleversement imprévu, il y aura cohabitation au sommet de l'Etat avant la fin du mandat actuel. Parce que le MNSD-Nassara et le MODEN FALumana semblent l'avoir décidé ainsi et le Vieux a donné sa bénédiction..
