Aujourd’hui, tout le monde en souffre car le régime a montré ses limites et pire on ne sent pas une quelconque volonté de changer fondamentalement la direction de l’échec pour prendre celle de la réussite Le bateau renaissance a perdu ses repères, son commandant de bord n’est pas encore au courant et visiblement personne de l’équipage ne veut prendre son courage à deux mains pour dire au chef la vérité.
S’il est une chose que l’entourage du président Issoufou a réussie, c’est d’avoir confiné le chef de l’Etat derrière un mur, le coupant complètement des réalités du vécu des Nigériens. Ceci est une des raisons qui explique la situation délétèree que vit l’écrasante majorité des Nigériens. La grave crise économique qui frappe les citoyens depuis l’avènement de la Renaissance a fini par gagner tous les compartiments de la vie collective. Commerçants, fonctionnaires, cultivateurs, scolaires, informels tous ressentent et dénoncent la sécheresse financière qui s’abat comme une pluie de braises sur le pays. Le plus grave est que celui en qui les Nigériens ont confié leur devenir ne semble pas être au courant de leurs souffrances.
En tout cas, lors de son dernier message à la nation le 6 Avril dernier, le président de la République avait soutenu que le gouvernement a rempli la quasitotalité des promesses électorales faites au peuple nigérien. Et à tous ceux qui se plaignaient de pauvreté et d’asphyxie existentielle, le président de la République avait dit que c’est la bonne gouvernance de son régime qui est à la base de leurs plaintes. Comment introduire de tels propos dans un discours présidentiel alors que dehors dans la rue, les marchés, les habitations, les entreprises et services publics tout le monde ou presque se plaint. Certains, s’étaient alors demandés si le président nigérien vivait hors du Niger ?
En vérité, c’est un peu comme cela car son entourage s’est fait le devoir de lui obstruer la vue au point où le président de tous les Nigériens n’entendra, ne verra, ne sentira et ne croira que ce que ses proches auront voulu. C’est pourquoi les citoyens souffrent dans leur chair, pleurent de leurs yeux sans que celui à qui ils ont confié leur destin puisse apporter des solutions. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle concerne également la vie politique de la nation. « Il faut amener le président à comprendre que tel ou tel autre allié est contre lui » se disent les caciques du PNDS-Tarayya son parti. Ils manipulent l’information, utilise la presse pour véhiculer leurs complots et se basent ensuite sur les écris qu’ils commandent pour convaincre le président de ce que eux, ils veulent.
Ils achètent et revendent la délation, la désinformation, la rumeur bref ils ont mis en branle un véritable rouleau compresseur. C’est ainsi qu’ils ont poussé le chef de l’Etat à fragiliser son alliance en détériorant ses rapports avec les autres leaders. Même au sein du PNDS, il est de grands militants qui sont victimes de cette pratique. On ne leur permet pas de voir le président alors que certains sont ses conseillers attitrés mais ils ne peuvent donner leurs conseils parce que le mur dressé entre eux et celui qu’ils ont soutenu pour arriver au pouvoir est infranchissable. Qui est responsable de ce confinement présidentiel ? Difficile à dire. Cependant, tout grand leader doit se donner les moyens de savoir ce qui se fait autour de lui, dans son pays. Tel ne semble pas être le cas pour le président nigérien.
Pourtant, à Abuja au Nigeria peu avant son investiture à l’occasion du sommet de la Cédéao auquel il a participé en compagnie de Djibo Salou et Seïni Omar, un citoyen nigérien avait demandé et trouvé une audience avec Issoufou Mahamadou qui venait d’être élu président de la République. Le compatriote avait parlé au président en ces termes : « monsieur le Président, je vous connais un peu et je sais que vous êtes bon. Le conseil que je vous donne est le suivant : ne laissez pas le pouvoir vous changer. Vous avez parcouru tout le Niger, vous connaissez parfaitement les problèmes du pays et je me rappelle en 2008 lors d’une tournée à Loga, région de Dosso, vous aviez fait arrêter votre cortège en pleine brousse pour marcher des centaines de mètres et aller à la rencontre d’un petit groupe de 4 vieilles dames qui arrachaient des herbes.
Arrivé à leur niveau vous les avez saluées et à l’aide d’un interprète vous avez demandé ce que ces braves femmes allaient faire avec les herbes qu’elles arrachaient. « C’est ce que nous et nos enfants allons manger » vous ont-elles répondu. Alors, vous avez tristement hoché la tête, avant de mettre la main dans la poche et donner à ces dames une liasse de billets de banque dont vous seul connaissez le montant et votre cortège reprend la route. Mon deuxième conseil, monsieur le président, je vous conjure de ne confier à personne votre information. Vous êtes le président, donnez-vous les moyens pour savoir ce qui se passe de bon ou de mauvais et si vous chargez quelqu’un d’autre de cela, vous ne saurez que ce qu’on veut vous faire croire ».
En réponse à ces conseils d’un jeune homme de 34 ans, le tout nouveau président de la république Issoufou Mahamadou semblait ému. En réponse, il dit ceci : « jeune homme, je vous promets que le pouvoir ne me changera pas et si tu vois que le pouvoir est en train de me changer, vient me le dire ». Evidemment, sauf à la télé, il ne verra plus le président Issoufou pour lui dire qu’effectivement le pouvoir l’a changé. Heureusement ! Le Monde d’aujourd’hui est là pour témoigner. Le pouvoir a ses réalités que la réalité ignore. Beaucoup de Nigériens trouvent le président Issoufou méconnaissable en seulement 2 ans d’exercice du pouvoir. Tant, la rupture est grande entre l’idée qu’ils ont de sa personnalité et ce qui se passe sous sa gouvernance. Ce n’est pas que les valeurs intrinsèques de l’homme tant admiré ont changé, c’est juste que des gens ont réussi à le couper de la réalité de son pays.
Et aujourd’hui, tout le monde en souffre car le régime a montré ses limites et pire on ne sent pas une quelconque volonté de changer fondamentalement la direction de l’échec pour prendre celle de la réussite Le bateau renaissance a perdu ses repères, son commandant de bord n’est pas encore au courant et visiblement personne de l’équipage ne veut prendre son courage à deux mains pour dire au chef la vérité. Et les passagers ? Ils observent, ils souffrent, ils gémissent, ils se lamentent et prient le Bon Dieu, leur seul sauveur !