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Le Sahel N° 8813 du 22/10/2014

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Interview accordée par le Président de la République, SE. Mahamadou Issoufou, au journal français ’’Le Parisien’’ : "Je suis favorable à une nouvelle intervention militaire internationale de l’ONU", déclare le Chef de l’Etat à propos de la Libye
Publié le lundi 27 octobre 2014   |  Le Sahel


Ouverture
© AFP par DR
Ouverture du 4ème sommet UE-Afrique à Bruxelle
Le quatrième sommet Union européenne-Afrique s`est ouvert ce mercredi 2 avril 2014 à Bruxelles (Belgique). Il réunit une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains ainsi que leurs homologues européens. Photo : Mahamadou Issoufou ,Président du Niger.


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Dans le cadre d'un grand dossier sur la sécurité dans le Sahel, réalisé par le Journal français ''Le Parisien'' paru, vendredi dernier, le Président de la République, Chef de l'Etat, SE. Issoufou Mahamadou, en répondant aux questions de notre confère Frédéric Gerschel, se dit favorable à une nouvelle intervention militaire internationale supervisée par l'ONU. (Lire ci-dessous l'intégralité de l'interview publié dans ''Le Parisien'').
Vous attendiez-vous à un retour aussi rapide des groupes armés dans la région du Sahel ?
Malheureusement, je ne suis pas surpris. L'opération française Serval était nécessaire, mais elle n'a pas éradiqué la menace, loin de là. Tant que le Mali restera coupé en deux, que l'intégrité territoriale du pays ne sera pas rétablie, les troubles persisteront. Or la région de Kidal continue d'échapper à tout contrôle. Le conflit qui nous oppose, nous, les démocraties africaines, à certains mouvements armés ne se terminera jamais autour d'une table. Il est hors de question de discuter avec les jihadistes. On ne peut régler cela que par la force. Et le Niger est prêt à s'engager. Nous voulons définitivement chasser les islamistes du Mali.
Il y a quelques semaines, un Touareg a été décapité au Mali parce qu'il était suspecté d'avoir collaboré avec les forces internationales. Les méthodes ultra-violentes de Daech (le groupe Etat islamique), qui sévit en Syrie et en Irak, peuvent-elles se propager au Sahel ?
Oui, il y a un risque de contagion évident. On voit que Daech fait des émules. Déjà, à notre frontière sud, du côté du Nigéria, la secte Boko Haram a prêté allégeance à l'Etat islamique. Et en Algérie, ceux qui ont assassiné votre concitoyen, Hervé Gourdel, se font appeler les « Soldats du califat ». Mais est-ce étonnant, au fond ? Non. Car il n'y a pas vraiment de différences entre tous ces groupes. Ils veulent instaurer un califat par la force, une dictature confessionnelle. Ces gens-là égorgent, violent, coupent des mains au nom de l'islam. Quelle folie... Vous savez, il y a un célèbre verset du Coran qui stipule : «Pas de contrainte en religion.» Au Niger, nous sommes très majoritairement musulmans (de 90 à 95 % de la population), mais nous n'avons définitivement pas la même vision du monde que ces criminels. Pour nous, l'islam, par définition, c'est la tolérance.
La situation en Libye vous inquiète-t-elle ?
Au plus fort de la crise libyenne, en mai 2011, j'étais au sommet du G8 de Deauville et j'avais dit, pardonnez-moi de me citer : « Attention ! C'est bien beau de faire partir Kadhafi, mais que va-t-il se passer après ? » J'avais ajouté : « Prenez garde. Il ne faut pas que la solution soit pire que le mal. » Voilà, aujourd'hui, nous y sommes. Trois ans après l'intervention occidentale, l'Etat central n'existe plus. Il y a deux parlements, deux gouvernements, dont aucun ne contrôle quoi que ce soit, les milices font la loi partout et le sud du pays est devenu un véritable sanctuaire pour les terroristes, qui se fournissent en armes et reviennent commettre des attaques chez nous. Quel tableau ! A cause de la situation en Libye, les dangers qui pèsent sur le Sahel sont immenses.

Que préconisez-vous ?
C'est très simple : je suis favorable à une nouvelle intervention militaire internationale, sous la supervision de l'ONU, en vertu du chapitre 7 de sa charte (qui autorise le recours à la force, NDLR), pour neutraliser les milices. Il faut que les Français, les Américains, les Britanniques soient en première ligne pour réparer les dégâts qu'ils ont causés. Qu'ils assurent enfin le service après-vente. Bien sûr, les pays voisins seront là aussi pour les aider, et le Niger prendra sa part. Ensuite, il faudra réconcilier toutes les parties libyennes, y compris les kadhafistes, et former un gouvernement d'union nationale. La Libye est la source du mal. Si nous ne faisons rien, nous courons à la catastrophe.

Par Frédéric Gerschel, Le Parisien.

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