Faisant environ 5.000 morts sur plus de 10.000 cas principalement dans trois pays africains : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, la fièvre hémorragique Ebola sème aujourd'hui la panique dans le monde entier. Mais pour Orsola Sironi, coordinatrice médicale du centre de traitement d'Ebola de Lokolia en République démocratique du Congo (RDC), pays où le premier cas d'Ebola au monde fut identifié en 1976, c'est une maladie qui tue moins de gens que la rougeole, la malnutrition ou le paludisme.
"Ce qui me faisait un peu peur au début, c'était le faible niveau d'acceptation de la population dont parlaient les médias et la déshumanisation du personnel obligé de travailler vêtu comme des cosmonautes", a reconnu Mme Sironi dans une récente interview écrite transmise à l'agence Xinhua par l'attachée de presse de Médecins Sans Frontières (MSF) en Chine.
"L'hospitalisation et le traitement symptomatique des cas sont un des aspects d'une stratégie de réponse beaucoup plus vaste. La veille sanitaire et la sensibilisation des populations sont des facteurs tout aussi importants pour contenir l'épidémie (...) Ebola tue moins de gens que la rougeole, la malnutrition ou le paludisme. Nous devons également traiter ces autres maladies."
Orsola Sironi n'avait jamais envisagé d'intégrer une équipe de traitement d'Ebola. "J'avais dit à mes amis que jamais je n'accepterais un poste lié à Ebola", confie-t-elle. Et pourtant, malgré ses premières craintes, elle fait aujourd'hui partie du personnel mobilisé contre l'épidémie de ce redoutable virus dans la province de l'Equateur, située dans le nord de la RDC. Elle a participé à la mission exploratoire initiale de cette zone reculée d'Afrique il y a à peine 3 mois. Elle est actuellement la coordinatrice médicale du centre de traitement d'Ebola de Lokolia, une des deux unités installées par MSF dans la région.
Une épidémie d'Ebola a été déclarée au mois d'août dans la province de l'Equateur. Selon le ministère de la Santé publique, le virus Ebola a fait 49 morts sur 67 cas. Comme le dernier cas confirmé remonte au 4 octobre et que les dernières personnes ayant été en contact avec ce malade obtiendront tous leur congé de l'hôpital le 25 octobre, la RDC pourrait déclarer la fin de l'épidémie d'Ebola le 15 novembre. Dans la lutte contre Ebola, MSF a joué un rôle essentiel, en déployant près de 70 collaborateurs pour aider les autorités.
"Je pense qu'un des aspects les plus compliqués de l'intervention est que chaque patient hospitalisé dans notre centre de traitement a été en contact avec de nombreuses personnes de sa communauté. L'hospitalisation et le traitement symptomatique des cas sont un des aspects d'une stratégie de réponse beaucoup plus vaste. La veille sanitaire et la sensibilisation des populations sont des facteurs tout aussi importants pour contenir l'épidémie", a-t-elle souligné.
La logistique représente un autre défi majeur.
"Nous avons réussi à installer en un temps record un centre de traitement complet au beau milieu de la jungle équatoriale. Il nous arrive même d'oublier parfois que nous sommes dans un environnement où il n'y a ni route ni moyen de communication, et où il est donc difficile de recevoir du matériel et d'avoir accès à la population".
Le contexte d'Ebola est particulièrement émotionnel.
"Vous voyez mourir une mère, puis son enfant quelques jours plus tard. En même temps, c'est très gratifiant de voir des patients gagner la bataille contre le virus et guérir. La plupart d'entre eux expriment leur gratitude en sensibilisant leurs communautés et en travaillant comme accompagnateurs de patients dans le centre de traitement. Par exemple, notre premier patient guéri s'occupe actuellement des enfants d'une personne qui vient d'être hospitalisée. C'est ce qui nous permet de tenir le coup en dépit des difficultés que nous rencontrons chaque jour dans notre travail".