Les douleurs abdominales qui surviennent après les repas ne sont pas à négliger. Une brûlure, une crampe à l'estomac, une faim douloureuse...c'est ainsi que l'ulcère se manifeste. Cette plaie capricieuse, qui s'entête à se cicatriser, est vraiment à prendre très au sérieux. Et pour cause...
Les gastro-entérologues, ces médecins spécialistes des maladies du tube digestif, expliquent que l'ulcère, est une perte de substances, c'est-à-dire une plaie soit au niveau de la peau soit à la surface intérieure d'un organe creux comme l'estomac ou l'intestin. Cette plaie -qui n'a aucune tendance à guérir spontanément- peut siéger sur l'estomac ou sur la partie initiale de l'intestin qui fait suite à l'estomac et qu'on appelle duodénum. Les médecins parlent en général d'ulcère duodénal. La maladie apprend-on est surtout fréquen¬te chez les personnes qui ont entre 45 et 55 ans mais peut frapper aussi le sujet jeune ou le vieillard. Il existe aussi d'autres ulcères tels que celui du pancréas et de l'intestin grêle. Mais le plus fréquent c'est l'ulcère gastroduodénum ! Ses causes réelles ? Si hier elles étaient mal connues, de plus en plus, les investigations scientifiques tendent à attester qu'un agent causal a été mis à jour. Il s'agit d'une bactérie, de son nom scientifique Helicobacter Pylori. Place donc aux antibiotiques pour venir à bout du mal. Mais si le débat a longtemps achoppé sur les causes, il n'en demeure pas moins que de nombreux facteurs sont connus pour déclencher le mal, la maladie. Le facteur le plus courant est l'acidité gastrique. Autrement dit la production par l'estomac d'une quantité trop élevée d'acide chlorhydrique. A titre indicatif, nous renseignent les diététiciens, une personne normale produit 500 ml d'acide chlorhydrique pur. L'ulcéreux en fabrique près du double, soit 900 ml. Cette sécrétion est commandée par les nerfs, les hormones, les émotions, les soucis ré¬pétés. Aussi, au nombre des facteurs favorisant l'ulcère, il faut retenir surtout le régime alimentaire, notamment les épices, les boissons alcoolisées, le café ou le thé, les restrictions alimentaires, le jeûne prolongé. Il y a aussi des médicaments qui peuvent créer l'ulcère ou le «réveiller». C'est le cas de l'aspirine, des corticoïdes (substances chimiques voisines des hormones sécrétées par les glandes surrénales), ainsi que d'autres produits dits anti-inflammatoires utilisés dans le traitement des rhumatismes. Ces produits agissent en creusant la muqueuse gastrique et la paroi de l'intestin.
L'hérédité y est aussi pour quel¬que chose dans la manifestation de l'ulcère ; il y a des familles qui comptent des ulcéreux sur plu¬sieurs générations.
Pour ce qui est des signes de l'ulcère, les praticiens indiquent qu'il s'agit le plus souvent d'une douleur située à l'épigastre ; juste en face de l'estomac à quatre ou cinq travers du doigt sur la ligne médiane verticale partant du milieu du ventre. Dans nos langues nationales nous disons «biné» en Zarma et «Kirji» en Hausa. Une traduction littéraire fait croire à des maux de cœur. Ce n'est pas le cœur rassurent les techniciens, c'est l'estomac ou le duodénum. Toutefois, ils précisent que le caractère particulier de la douleur ulcéreuse n'est pas son siège ; c'est son horaire et sa périodicité : horaire parce que c'est une douleur qui se manifeste après le repas (30 mn à 1 h 30 après le repas). Elle va durer 1 h ou 2 h. Le patient ressent une brûlure, une crampe à l'estomac, une faim douloureuse. Il a mal dans le dos. La douleur ne sera calmée que par l'alimentation ou un sédatif (médicament con¬tre les douleurs), habituellement une poudre appelée pansement gastrique.
Pour ce qui est de la périodicité de la douleur ulcéreuse, c'est lorsqu'elle suit le rythme de l'ali¬mentation dans la journée. Après chaque repas, quand l'estomac est vide vers 10 h du matin, ensuite vers 16 h-18 h puis vers 2 h ou 4 h du matin. Et cela tous les jours pen¬dant deux à trois semaines. Cette douleur est rythmée par les sai¬sons dans l'année. Elle apparaît surtout en saison froide (comme l'asthme, en général), mais cela dépend des individus. Puis elle disparaît des mois, voire des an¬nées pour réapparaître ensuite. L'ulcère de l'estomac ou du duodénum, tant qu'il n'est pas cicatrisé, reste une menace sé¬rieuse pour la vie de l'individu. Le stade le plus redouté c'est lorsque la plaie touche un vais¬seau : le patient va saigner et vomir du sang. Et si cette plaie se creuse davantage, l'estomac (ou l'intestin) va être percé, perforé. Le contenu se déverse dans le ventre et se mélange avec les intestins. L'infection se déclenche ; le malade ne peut plus aller aux selles puisque tout ce qu'il mange se déverse sur le ventre qui se durcit... Les douleurs sont atroces. Les médecins parlent alors d'occlusion intestinale, maladie très grave qui conduit à la mort en l'absence d'un traitement efficace. Outre cette complication de l'ulcère gastro-duodénum, il y a aussi deux autres qu'il faut craindre avertissent les praticiens : la sténose du pylore ou de l'estomac et la cancérisation de l'ulcère encore appelée dégénérescence maligne. Les médecins expliquent qu'il faut entendre par «sténose du pylône» le rétrécissement de la zone des aliments de l'estomac dans le duodénum. En effet, l'ulcère, à force de se remanier rétréci l'orifice de passage créant ainsi un véritable garrot sur l'estomac qui ne se vide plus. Et lorsqu'il va se dilater, le patient vomira tout ce qu'il a mangé et, fait curieux, le matin au réveil, sans avoir rien mangé, il va vomir les aliments absorbés la veille et non digérés. Le malade va maigrir, s'affaiblir et mourir d'infection s'il n'est pas opéré car à ce stade le traitement médical est non seulement dépassé, mais inefficace. Il en est de même pour la cancérisation de l'ulcère qui exige une opération chirurgicale, sinon le malade risque de succomber aux complications d'un cancer d'estomac. Ici la douleur n'est plus périodique, elle est permanente. Le patient perd l'appétit et il maigrit. Mais toujours est-il que selon certains praticiens, seul l'ulcère de l'estomac peut se cancériser. Celui du duodénum ne dégénère pratiquement pas, autrement dit ne se transforme pas en cancer.