C’est en principe demain que débutera su l’ensemble du territoire nigérien le jeûne de ramadan, qui s’annonce sous fond de psychose chez les consommateurs. Les fidèles musulmans craignent encore un renchérissement de produits alimentaires de première nécessité dont les prix ont déjà commencé à grimper. Pour faire face à cette inquiétante situation, le gouvernement, les acteurs de la société civile et même le Syndicat national des importateurs, exportateurs et grossistes, se sont engagé résolument à mener une « traque » sans merci contre les commerçants véreux. Pour se faire un comité de contrôle de prix des produits de grande consommation en général et particulièrement les plus consommés pendant le mois de ramadan sera mis en place. Le gouvernement doit également à l’instar des années précédentes accompagné cette action salvatrice visant à atténuer les affres de cette surenchère, en mettant sur le marché des produits alimentaires de vente à prix modéré.
De la flambée des produits
A quelques jours du démarrage du carême, les prix de certaines denrées alimentaires enregistrent déjà des hausses au grand dam des consommateurs. Ainsi, certains produits comme la volaille, les fruits ou le citron demeurent inaccessibles aux consommateurs. «A quelques jours du début du carême, tout a augmenté de prix » confie Mounira, une ménagère. Bien que variant des marchés, les prix kilo de la viande et celui de poisson enregistrent depuis quelques jours enregistrent des « hausses inexpliquées ». Le prix d’un kilo de carpe vendu, il y’a de cela quelques jours à 1750 coûte actuellement à 1.850FCFA voir un peu plus dans chez certains vendeurs. La tasse de citron vendu à 950 FCFA a déjà atteint le pic de 1500FCFA. Le kilo de banane qui était vendu à 500 FCFA en mai dernier coûte aujourd’hui 650 FCFA voir même 700 FCFA dans les différents marchés. Les commerçants expliquent que plusieurs raisons contribuent à la hausse de certains produits sur les différents marchés de Niamey. Selon certains commerçant, cette situation s’explique en grande partie par le fait que le démarrage de la saison des pluies tarde toujours à être effective sur l’ensemble du territoire nigérien. D’autres par contre avancent le fait que la plupart des produits sollicités en période de carême proviennent des pays étrangers. « Depuis une dizaine de jours, tout a augmenté de prix au Burkina Faso, ou je me ravitaille en condiments » confie Illiassou, vendeur de condiment au petit marché. Si certains produits en provenance de certains pays ont vu leurs prix grimpés, les consommateurs n’arrivent pas à comprendre, pourquoi, les produits locaux enregistrent également des hausses vertigineuses. « Si le poivron qui nous viens du Burkina Faso a augmenté de prix, je peux comprendre, mais il est inadmissible que les prix du l’ail et l’oignon que produisons au Niger enregistrent de hausses » s’indigne Mme Alou, une consommatrice. Ainsi, le prix de la tasse de l’ail qui coûtait en mai dernier à 1250 FCFA a déjà atteint le chiffre record de 1750 FCFA et celui de l’oignon vendu à moins de 1.200 FCFA dépasse déjà le prix de 1.500 FCFA. Une autre situation déplorée par les consommateurs en période de carême, c’est celle qui consiste a dissimulée certains produits existant déjà sur le marché et attendre la période du Ramadan pour les ressortir et les réinstaller par la suite sur leurs étals. « En dehors de la mangue, tous les autres fruits sont quasi absents sur les marchés, ils sont cachés soient dans des magazine ou même dans des maisons, ils attendent (commerçants) le démarrage du carême pour les faire sortir » observe Halidou, un consommateur.
Vers la mise en place d’un comité de contrôle
« Dès ce jeudi nous participerons à une réunion avec le gouvernement et les commerçants afin de cheminer vers la mise en place d’un comité de contrôle de prix des produits de grandes consommation en général et particulièrement les plus consommés pendant le mois de ramadan » a déclaré Moustapha Kadi, le président des Réseaux des associations des consommateurs du Niger. Cette importante rencontre fait suite aux nombreux échecs des engagements pris par le gouvernement et les commerçants afin d’épargner les nigériens des affres de la flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité en période de carême. Face à cette inquiétante situation, le président des Réseaux des associations des consommateurs du Niger souligne que « rien ne saurait justifier un renchérissement des prix à la faveur du ramadan ». Il soutient également que cette année, « les différentes Associations intervenant dans la lutte contre la vie chère entendent se mettre au devant pour que cette année diffère des autres ». A cet effet, le Réseaux des associations des consommateurs du Niger préconise un « boycott » des produits dont les prix auraient grimpé pendant le carême. « J’avoue que si nous constatons que la situation nous interpelle et que nous avons la possibilité de prendre d’autres dispositions qui consiste à aller vers le boycott et a organisé des manifestations pour demander au gouvernement de prendre de disposition afin d’atténuer le coup de la vie » a précisé Moustapha Kadi. Malgré les engagements que les commerçants prennent à chaque début de mois de ramadan afin de diminuer ou garder intact les prix des produits les plus prisé en ce mois de dévotion, chaque année, les consommateurs restent impuissants face au non respect des différents protocoles d’accord pourtant signés entre le ministère du commerce et de la promotion du secteur privé et les différents syndicats de commerçants. « L’année dernière, les commerçants du grand marché de Niamey avaient lors d’un tapage médiatique décidé de réduire et de maintenir à l’état les prix de certains produits, mais malheureusement cela n’a jamais été respecté » fustige Issoufou, un consommateur rencontré au Grand marché. Devant cet état de fait, le Secrétaire général du Syndicat national des commerçants importateurs et exportateurs du Niger, Chaibou Thombiano soutient que ces commerçants n’ont aucun argument qui doit les conduire à rehausser les prix des denrées alimentaires en cette période. Il soutient «qu’ils n’ont pas de raisons à spéculer sur les prix ». « Si vous calculez juste le prix de revient et vous ajoutez une petite marge, je pense que les gens ne vont pas constaté une hausse de prix » conseille t-il à ses amis commerçants. A l’instar du Réseaux des associations des consommateurs du Niger, le Secrétaire général du Syndicat national des commerçants importateurs et exportateurs du Niger soutient aussi le boycott des produits des commerçants qui refusent de respecter leurs engagements. Il conseille aux consommateurs de se diriger vers les grossistes ou les importateurs car eux aussi vendent désormais des produits « en détail ». Le Secrétaire général du Syndicat national des commerçants importateurs et exportateurs du Niger confirme la disponibilité des denrées alimentaires, principalement des produits de première nécessité sur l’ensemble des marchés du Niger. En dépit du rapport Système d’information sur les marchés agricoles (SIMA) qui stipule une légère hausse enregistrée par les céréales sèches à savoir le mil, le sorgho et le maïs durant la semaine allant du 5 au 11 juin 2011, Chaibou Thombiano soutient d’autre part que par rapport à l’année précédente, d’autres produits n’ont pas enregistré de hausse. Il s’agit en l’occurrence le sucre en carton qui était l’année dernière en pareil moment entre 24 et 25.000FCFA, se vend aujourd’hui à 21.000FCFA. Le sac de riz de 50Kg qui était vendu à 19.000FCFA coûte actuellement 18.500FCFA.
De l’atténuation de la surenchère
Pour une meilleure atténuation decettela surenchère qui n’épargne aucun produit de consommation, le gouvernement peut organiser à l’instar des années antérieure des ventes à prix réduit de certains produits alimentaires tels les céréales, l’huile et le sucre. Pour sa part le président des Réseaux des associations des consommateurs du Niger préconise la mise en place d’un mécanisme qui sera un véritable instrument dissuasif à l’endroit des commerçants récidivistes. Pour cela, il demande au gouvernement principalement le Ministère du commerce et de la promotion du secteur privé de prendre des mesures réglementaires contre les commerçants récalcitrants. D’un autre coté, à l’instar de certains pays voisins, le gouvernement doit prendre sa responsabilité et fixé un prix aux produits les plus sollicités en période de carême et également y veiller à son strict respect. Pour cela, il doit rendre opérationnelle ses services compétents qui procéderont régulièrement des contrôles sur tous les marchés et châtier sévèrement les contrevenants et les spéculateurs qui refusent de respecter textes en vigueur.