Le Niger a déclaré vendredi 31 octobre trois jours de deuil national pour les victimes d’une attaque terroriste qui a visé une prison et un camp de réfugiés à la frontière malienne.
Selon les derniers chiffres officiels, douze personnes, dont des militaires et des civils, ont trouvé la mort lors de cette attaque lancée jeudi à Ouallam, dans la province de Tillabéri.
Plusieurs détenus terroristes appartenant au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ont été libérés, a indiqué RFI citant un communiqué du gouvernement.
Il les a qualifiés de héros qui ont fait face aux menaces terroristes pour défendre leur pays et des personnes innocentes.
Il a ajouté que le gouvernement poursuivra ses efforts pour lutter contre les gangs terroristes qui cherchent à déstabiliser le Niger et toute la région du Sahel.
"Ces agresseurs n’ont pas encore été identifiés parce qu’aucun groupe n’a revendiqué cette attaque", a expliqué Ismail Ag Inilit, journaliste à Radio Agadez dans le nord du Niger. "Ce qui est en revanche confirmé, c’est que cette attaque a bien été menée par des terroristes et que c’est la première fois que l’ouest du Niger est la cible d’une attaque", a-t-il expliqué à Magharebia
"Les attaquants sont venus du Nord-Mali à motos, et ce sont probablement des membres des groupes terroristes qui opèrent dans le triangle frontalier entre le Mali, la Libye et le Niger", a-t-il ajouté. "L’Etat a renforcé sa présence militaire dans la région de cette attaque ainsi que dans la région d’où ils sont probablement originaires."
Bien qu’il reste encore à identifier ces agresseurs, certains observateurs pointent le terroriste Mokhtar Belmokhtar, alias Laaouar.
Magharebia a rencontré Lamine Ould Mohammed Salem, chercheur et journaliste mauritanien habitant à Paris, qui a publié un ouvrage sur la vie de Laaouar intitulé "Le Ben Laden du désert."
"Le groupe de Laaouar est probablement l’auteur de cette attaque armée contre cette prison dans le nord du Niger, parce que Laaouar et son groupe sont très actifs dans la région au-delà de la frontière malienne", a-t-il expliqué.
"Cette attaque a été coordonnée et planifiée par Laaouar lui-même, parce qu’il est en mesure de mener ce type d’opération-surprise légère, qui ne demande pas autant d’efforts que l’attaque contre le complexe gazier d’In Amenas", a-t-il précisé. "Laaouar sait quand le moment est propice et connaît les moyens qui lui permettent de lancer de telles attaques sans s’exposer à un danger quelconque."
Cet auteur ajoute que ce terroriste activement recherché "planifie avec soin toutes ses opérations depuis la Libye ou depuis le Jebel Chaambi".
Les efforts du Maghreb n’ont pas encore atteint le niveau qui permettra d’éliminer Belmokhtar, ajoute-t-il.
"Si la Tunisie, l’Algérie et les autres pays avaient su mettre en place une coordination sérieuse, Laaouar aurait déjà été éliminé", poursuit-il.
"La coopération qui se met actuellement en place entre ces pays et leurs homologues au Sahel en est encore au niveau des relations diplomatiques, et non sur le terrain. Cela donne à Laaouar et aux autres éléments dangereux la liberté de manœuvre dont ils ont besoin", affirme ce chercheur.
L’analyste Said Ould Habib explique pour sa part à Magharebia que Laaouar "tente de regagner un nouvel élan après avoir été expulsé du Nord-Mali".
"C’est la raison pour laquelle il s’est déplacé du Mali au cœur du Niger, afin de faire savoir qu’il existe toujours", ajoute-t-il.