Niamey (ANP)- Depuis la survenue du défi sans précédent représenté par la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, la CEDEAO a constamment fait face en entreprenant très tôt des actions d'appui aux pays touchés dans le cadre de la riposte à l'épidémie.
L'ensemble des actions menées par la Commission de la CEDEAO et l'Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS, son institution spécialisée en la matière) dans le cadre d'une réponse régionale, visent globalement à réduire la mortalité et la morbidité à travers une détection précoce et une riposte adéquate.
Il s’agit notamment de permettre aux Etats membres de renforcer les compétences de tous les prestataires de santé sur la surveillance, d’assurer la prise en charge adéquate des cas sur l'ensemble du payset de renforcer les capacités des structures de santé en équipements de protection, médicaments, produits d'hygiène et d'assainissement, réactifs de laboratoire et consommables.
Les autres mesures prises concernent le renforcement de la prévention et de la surveillance au niveau communautaire, aux frontières aériennes, maritimes et terrestres, la sensibilisation, l’information et l’éducation des communautés sur les mesures de prévention ainsi que le renforcement de la collaboration entre les ministères de la Santé et les autres départements en vue d'une réponse multisectorielle.
Dans une note à l’intention des autorités de la Commission de la CEDEAO, le directeur général de l’OOAS, Dr Xavier Crespin, justifie ces initiatives par le souci de faire en sorte que les communautés soient bien informées sur les mesures de prévention, que la détection soit aussi rapide que possible et que les organes de coordination et de suivi soient fonctionnels.
Il faudra aussi, ajoute le docteur Crespin, que la surveillance épidémiologique soit renforcée, les capacités de préparation et de réponse des systèmes nationaux de santé renforcées, le leadership national affirmé et que, en conséquence, l'épidémie soit rapidement contenue.
C’est ainsi qu’il a été privilégiédes stratégies telles que le plaidoyer et la mobilisation des ressources, la communication etla mobilisation sociale et communautaire, le renforcement des capacités des pays affectés et non affectés, la coordination et le suivi de la gestion de l’épidémie.
En matière de plaidoyer et de mobilisation des ressources, de nombreuses actions ont été menées par la Commission de la CEDEAO et l’OOAS, notamment la formation et la sensibilisation des agents de santépour la prise en charge des cas et les précautions à prendre pour éviter la transmission, de même que l’information et la sensibilisation de la population par des messages éducatifs visant la réduction du risque.
Les deux structures ont en outre alloué la somme de 400.000 dollars aux trois pays affectés (Guinée, Libéria et Sierra Leone) en vue du renforcement de leurs capacités de surveillance épidémiologique et de riposte suite aux visites menées en Guinée par une équipe de l'OOAS.
Elles ont aussi procédé à une présentation détaillée sur la situation de l'épidémie lors de la 15ème réunion ordinaire de l'Assemblée des ministres de la Santé (AMS), tenue à Monrovia, au Libéria, du 11 au 12 avril 2014.
A cette occasion, les ministres ont adopté une déclaration exprimant leurs préoccupations sur le fait que des millions de personnes dans les 15 pays de la CEDEAO continuent d'être victimes d’épidémies, notamment le choléra, la méningite, la rougeole, la fièvre de Lassa, la dengue, la fièvre jaune et plus récemment la maladie à virus Ebola.
En conséquence, ils ont demandé à la Commission de la CEDEAO la mise en place d'un Fonds régional de solidarité rapidement mobilisable permettant une réaction rapide aux urgences de santé publique dans les pays de la CEDEAO, y compris la maladie à virus EBOLA.
Dans ce cadre, diverses activités ont été menées dont l’élaboration par l'OOAS d'un document demandant à la CEDEAO l'allocation d'un montant annuel de 2,5 millions de dollars US sur le budget régulier de l'OOAS pour le renforcement de la lutte contre les épidémies et ce, à partir de 2015.
En outre, le président de la Commission de la CEDEAO a adressé une correspondance aux chefs d'Etat pour demander la contribution des Etats au fonds régional de solidarité dans le cadre de la lutte contre Ebola, tandis que l’OOAS envoyait des missions d’appui techniques dans les pays affectés.
Sur le plan de la sensibilisation, une campagne sans précédent est en cours grâce à l’appui apporté au renforcement de la communication et de la mobilisation sociale et communautaire, l'appui ayant porté essentiellement sur les actions de plaidoyer en direction des décideurs au niveau local et national, des leaders religieux et traditionnels.
On a aussi assisté à une grande mobilisation sociale à travers les chefs traditionnels, les communautés elles-mêmes, les professionnels des médias, une forte campagne pour le changement de comportement, le renforcement des capacités en communication avec un accent sur la gestion des rumeurs, l'élaboration de messages relativement aux mesures de prévention, la reconnaissance des signes, la conduite à tenir en cas de maladie et enfin l'identification des canaux et la confection des supports de communication.
A ce jour, souligne le document du directeur général de l’OOAS, beaucoup d’activités ont été menées pour contrer l’épidémie de la maladie à virus Ebola avec l'appui technique et financier de plusieurs partenaires et la mobilisation des pays et de la CEDEAO.
Cependant, note Dr Crespin, l'évolution de l’épidémie et ses effets socioéconomiques demeurent préoccupants. C’est pourquoi des efforts supplémentaires sont à fournir à tous les niveaux. «La lutte contre cette épidémie exige la mobilisation de toutes les énergies au niveau des Etats et de la région, et cela en parfaite synergie avec tous les acteurs», écrit-il.
Pour lui, cette épidémie vient rappeler encore une fois que «le renforcement des systèmes de santé de nos pays et le financement adéquat de la santé deviennent une priorité». Il est aussi important de tirer les leçons de la gestion de l'épidémie au Nigeria et au Sénégal et les partager au niveau de la région.
Confrontés à des cas positifs, ces deux pays sont arrivés à gérer la situation en rompant la chaîne de transmission au point d’avoir été déclarés indemnes par l’Organisation mondiale de la santé. Mais la prudence demeure de rigueur, car la menace plane toujours.
La réduction de la morbidité et de la mortalité ainsi que le contrôle de l’épidémie dépendront de la mise en œuvre effective de toutes les mesures préconisées à travers la conjugaison des efforts et une meilleure coordination, estime encore Xavier Crespin.