Il semble que les scabreuses affaires qui se succèdent à la tête de l’Etat et l’inertie gouvernementale ont fini par convaincre le Président de la République, Issoufou Mahamadou, qu’il fallait apporter un changement dans la gestion des affaires de la Cité.
Et comme, vraisemblablement, et ce malgré les remontrances de Bruxelles, il ne voudrait, en aucun cas, dissoudre l’Assemblée nationale et prendre le risque de voir sa Majorité s’effriter, ce sera donc quelques ministres qui vont payer le prix de leurs incompétences. Ce sera un remaniement traditionnel avec les mêmes quotas pour les partis politiques alliés. Issoufou Mahamadou aura son quota, duquel émargeront ceux qui lui sont réputés proches ou à qui il reste redevable de quelque chose. Le PNDS, le parti présidentiel, gardera son quota mais louvoiera vers d’autres postes ministériels clés détenus par le deuxième parti politique de la Majorité, à savoir le MODEM Loumana. Notre analyse.
Brigi Rafini n’est pas partant
Issoufou Mahamadou ne se hasarderait pas à se débarrasser de son Premier Ministre Brigi Ag Rafini, vu le contexte général de victimisation des Touaregs dans la sous-région. Les récentes prises de position du Chef de l’Etat, par rapport au MNLA et à la représentativité des Touaregs, si jamais elles s’ajoutaient au limogeage du seul Touareg occupant un poste de responsabilité de haut rang au Niger, seraient perçues par la communauté internationale et surtout par la France, grande protectrice des Touaregs depuis la Fondation Danielle Mitterrand, comme une persécution des Hommes bleus. Le poste de Premier Ministre restera donc affecté à la communauté touarègue du PNDS. Comme on n’enlève pas un Touareg pour le remplacer par un autre, Brigi est assuré de conserver son poste.
Amadou Boubacar Cissé négociera un poste plus important que celui du Plan mais ne sera pas Premier Ministre
ABC va se servir de ses députés à l’Assemblée Nationale pour se maintenir dans le Gouvernement, même si sa petite formation politique ne représente rien sur l’échiquier politique national. Comme la question de la dissolution de l’Assemblée nationale n’est plus d’actualité, Issoufou Mahamadou aura besoin des députés de ses alliés pour gouverner. Ce n’est donc pas le lieu de frustrer un leader politique qui revendique quelques 6 députés. Dans cette même vision de consolidation de la Majorité, le RDP Jama’a et l’ANDP Zamanlahia conserveront leurs acquis.
Sala Habi n’entrera pas finalement au gouvernement
Il fait partie des personnalités annoncées pour entrer dans le futur gouvernement au titre de Loumana. Mais finalement, de sources concordantes, nous avons appris qu’il restera à son poste de vice-président d’une institution républicaine à cause, notamment, de son faible score dans la commune de Tahoua, suite aux élections passées, mais surtout à cause des nombreuses casseroles et des scandales qu’il trainerait avec lui. Loumana va prendre le Ministère de l’Intérieur et l’affectera à la section de Tahoua mais ce n’est pas Sala habi l’heureux élu.
Abdou Labo sera kaput
L’homme qui croit toujours posséder une aile du CDS-Rahama de Mahamane Ousmane va vite se rendre compte de son infortune car il ne figurera pas dans le futur gouvernement. La réunion entre le Président de la république, le Chef de File de l’Opposition et le Président de l’Assemblée nationale a déjà scellé son sort. Issoufou Mahamadou a pris des engagements fermes de régler l’affaire pour éviter l’interpellation de son ministre de l’Intérieur. Le prochain remaniement sera donc mis à profit pour honorer cet engagement.
Issaka Issoufou a fini d’installer des mini-adductions d’eau
Le Ministre de l’Hydraulique s’est éloigné de sa formation politique, le Loumana, parce qu’il savait qu’il ne pouvait pas en attendre plus de ce parti politique. Il s’est donc rapproché du Président de la République dans l’espoir d’émarger de son quota. Il a, comme d’habitude, un pied dans Loumana et un autre dehors, peut-être au PNDS. Mais ce parti n’acceptera pas de faire entrer au Gouvernement un militant de Loumana même s’il démissionnait de sa formation politique originelle pour entrer dans ses rangs. Il y a du chemin à faire pour entrer dans le pré carré du Chef de l’Etat. Il ne figurera pas dans le prochain gouvernement malgré sa grande surface financière et sa grande capacité à rebondir.
Hassoumi Massaoudou entrera au gouvernement
Il va prendre les Mines des mains de Ladan Tchania, histoire de montrer qu’il tient la réalité du pouvoir. Il était sorti vainqueur du conflit qui l’avait opposé à ce dernier par rapport à la fuite des documents sur la signature des « Minutes de Meeting » avec AREVA. Il faut dire que Massaoudou avait le soutien du Président de la République, qui ne serait pas passé par quatre chemins pour annoncer à Ladan Tchana qu’il doit se démettre si jamais il lui en prenait l’envie de s’en prendre à son Directeur de cabinet. Il a donc décalé son point de presse, qui devait apporter la contradiction à celui tenu par Massaoudou, le temps de pleurnicher sur l’épaule de Hama Amadou. C’est ce dernier qui avait finalement convaincu le Chef de l’Etat de laisser le Ministre des minesfaire son show programmé, avec la promesse de ne pas s’en prendre à Hassoumi Massaoudou. Ceci explique un point de presse sans saveur, qui renvoyait l’image d’un Ladan Tchana soumis, dans le dessein unique de ne pas perdre son poste.
Ladan Tchana sera ailleurs
Il va quitter les mines pour un poste moindre qui l’affaiblirait face à Ladi gros, la Présidente de la Haute Cour de Justice, réputée proche du Président de Loumana et qui lorgnerait la présidence de la section de Tillaberi de ce parti politique. Hama Amadou est intéressé par le scénario par crainte de l’ambition démesurée de Ladan Tchana, qui fait des pieds et des mains pour assoir son hégémonie sur la section de Tillaberi pour, éventuellement, disputer la place de président du parti à Hama Amadou.
Le reste est une affaire entendue
Les autres ministres seront remplacés pour les uns et permutés pour les autres. En dehors de ces cas mentionnés en haut, il n’y aura pas un grand bouleversement. Issoufou Mahamadou ne va pas dissoudre l’Assemblée Nationale. A la place, il apportera un petit réaménagement technique pour rééquilibrer les forces et permettre aux leaders, qui ont des comptes à régler avec leurs ministres, de le faire.