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Remaniement du gouvernement : rien à attendre !
Publié le mercredi 10 juillet 2013   |  alternativeniger.org


SEM
© Autre presse par DR
SEM Mahamadou Issoufou, président du Niger.


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Le remaniement ministériel chuchoté depuis plusieurs jours et dont une certaine presse en fait ses choux gras, semble, selon certaines sources proches du pouvoir, faire l’objet de multiples tractations politiques. Le Président de la République « chantre d’un gouvernement d’union nationale » (sic) fait dit-on, des pieds et des mains pour convaincre l’opposition à y faire son entrée.
Le MNSD Nassara qui, dans une déclaration rendue publique le 19 juin dernier, n’est pas allée du dos de la cuillère pour présenter un tableau sombre de la gestion du pouvoir semble avoir annoncé ainsi sa position.

Après avoir dénoncé avec force « des violations répétées de la Constitution, des pratiques mafieuses dans la gestion de l’Etat, l’abandon de la politique d’affirmation de la souveraineté nationale et celui des secteurs sociaux de base, il serait incohérent pour ce parti d’accepter de partager la responsabilité d’un tel bilan, et difficile de justifier une quelconque volte face de sa part, fut elle au nom de « l’unité nationale » ». Selon notre source, la CDS Rahama de Mahamane Ousmane qui sort affaibli d’une bataille juridique avec l’aile d’Abdou Labo, ministre de l’Intérieur, n’aurait demandé rien moins qu’une dissolution du parlement dont elle conteste la légitimité depuis que ses listes au scrutin législatif ont été invalidées par le Conseil constitutionnel de la Transition.

Pour Mahamane Ousmane, il faut d’abord réparer cette injustice faite à son parti avant de discuter d’autres choses. C’est dire que les deux grosses têtes de l’opposition ne sont pas prêtes à faire leur entrée dans un gouvernement de « consensus ». Mais n’allons pas vite en besogne, car les politiciens nigériens nous ont tellement habitués à leur cirque où ils rivalisent d’habilité à retourner leur veste. Il n’est donc pas exclu de voir demain certains éléments de l’opposition accepter la main tendue d’Issoufou, surtout au nom de « l’unité nationale » ! Sous l’ère du « tazarcé » n’avions nous pas assisté au refus de ministres de certains partis alliés du MNSD Nassara de respecter le mot d’ordre de leur formation politique à quitter le gouvernement pour ne pas cautionner une violation de la Constitution. Nous avons encore en mémoire ce ponte du MNSD Nassara, aujourd’hui puissant ministre et chef d’un parti membre de la coalition au pouvoir, qui a accepté en pleine crise politique le poste de Premier ministre, à lui proposé, par le Président de la 3ème République.

L’histoire politique du Niger de ces dernières décennies fourmille d’exemples de ce type. C’est dire que les Nigériens sont habitués au revirement spectaculaire de leur classe politique. Combien de combinaisons n’avons-nous pas connues, aussi bien dans les alliances du pouvoir comme de l’opposition, où des dites “forces de changement” se sont coalisées à d’autres, qualifiées la veille, de "rétrogrades" par les premières, pour devenir ensemble des “forces démocratiques” ou de "redressement" de la démocratie et blabla. En vérité, les remaniements ministériels au Niger n’ont jamais changé la donne. Ils n’ont dans la plupart des cas, servi qu’à alimenter des commentaires dans la presse où l’on parle plus de ceux qui ont changé de place autour du gâteau, de ceux qui ont quitté la mangeoire et de ceux qui en font leur entrée.

Si le Président de la République veut remanier le gouvernement, c’est sans doute pour mieux doper l’action de l’exécutif avec une équipe d’hommes et de femmes à même de répondre aux défis qu’il a promis de relever au cours de son mandat. Mais que constatons-nous dans la réalité ? Le choix des membres de l’équipe chargée de conduire l’action du gouvernement se fait toujours sur la base du partage politique avec des quotas répartis entre alliés, où les plus grands sont les mieux servis ; puis à l’intérieur de chaque parti, des quotas de régions avant de laisser une portion congrue à ce qu’on appelle la société civile et les "autres" dont on pourrait exploiter politiquement l’allégeance. Malheureusement, c’est ce schéma qui a toujours guidé nos dirigeants dans la gestion du pouvoir. Pire, il arrive même que le premier magistrat du pays ferme les yeux sur de lourdes charges de corruption ou de détournements de deniers publics dont se sont rendus coupables certains ministres. Les exemples sont légion sous les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays. Le plus récent nous est servi par la VIIème République où des ministres du parti au pouvoir, impliqués dans des affaires sombres d’attributions irrégulières de marchés publics et de corruption, ont été "éjectés" de leurs postes avant d’être relogés comme conseillers à la présidence avec... rang de ministres !

Le comble, c’est que c’est au Palais présidentiel que l’impunité tant décriée dans les discours fait son nid. Que dire donc de la volonté du Président Issoufou de donner un grand coup de balai dans son entourage comme nous l’a dit notre source ? Va-t-il cette fois-ci sévir en chassant la « vermine » de son pouvoir et avoir le courage de la livrer à la justice ? Même au sein du parti qui l’a porté à la tête du pays, beaucoup de gens n’y croient guère, pour la simple raison que leur chef qu’ils appelaient affectueusement « Zaki » (le lion en hausa) semble s’être mué, à l’épreuve du pouvoir, en un « pantin » entre les mains d’un allié « maître chanteur », trop imbu de sa position de “faiseur de roi”.


Albert Chaïbou

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