Depuis un peu plus d'un an, un marché essentiellement animé par les femmes s'est développé à quelques encablures de la Police Secours sur la route menant du quartier Wadata vers Talladjé. Dépotoir il y a quelques années, cette place devient de plus en plus un véritable marché aménagé au début par quelques vieilles femmes venues des nombreux coins de la région de Dosso principalement. On y trouve, des feuilles de baobab, du gombo sec, du haricot, mais aussi de la poterie (canaris, jarres de toutes sortes etc.)
Aujourd'hui, ce marché s'agrandit davantage avec l'arrivée, en nombre chaque jour plus important, des femmes contraintes d'abandonner leurs villages en direction de la capitale du fait de la famine, la pauvreté et la misère. Ces femmes arrivent à Niamey dans l'espoir de gagner un peu d'argent pour subvenir à leur besoin ainsi qu'à celui de quelques membres de la famille restés encore au village. Une situation qui les oblige à se battre pour survivre, même si elles s'exposent à tous les dangers. En effet, beaucoup de ces vieilles femmes dorment à la belle étoile. «Nous ne sommes pas à l'abri du danger certes, mais nous n'avons pas le choix, c'est la situation qui nous oblige. C'est ça la vie dans les grandes villes'' nous confie Mme Safi Seyni, une septuagénaire venue du village de Djambabadeye, dans la région de Dosso.
Cependant, la proximité avec la Police secours leur procure un sentiment de sécurité. «Si nous sommes là aujourd'hui, c'est grâce aux éléments de la police secours qui nous protègent, et protègent nos biens, ils nous soutiennent vraiment car nous ne payons pas l'eau et même la nourriture dans la plupart des cas c'est eux qui nous la donne», reconnaît la vieille Safi. Mme Gaïka Bodo âgée de 49 ans et mère de 7 enfants venue de Moko, toujours dans la région de Dosso, souligne le choix douloureux qui s'impose à elle : «toute mère qui quitte sa famille ne le fait pas par plaisir, il y a toujours une raison. Ici, je vends des canaris, ce qui me permet d'avoir un peu d'argent pour acheter des vivres et des vêtements pour mes enfants qui sont au village», dit-elle.
Déterminées à gagner dignement leur vie, ces braves femmes font montre de courage et d'abnégation pour surmonter les rudes épreuves du voyage. Car, elles sont unanimes à reconnaître que ce travail est harassant. ''Certaines d'entre nous passent toute la journée à faire la navette entre les différents quartiers de la capitale avec leurs marchandises'', confie Gaïka. On les voit en effet, avec leurs emballages sur la tête, ou souvent en bandoulière déambulant dans les rues de la capitale. Elles portent ces charges (condiments ou canaries, etc.) sur la tête toute une journée à la recherche des clients et rejoignent leur base le soir, épuisées. Cette situation déjà difficile est compliquée par l'arrivée de la saison pluvieuse. «Nous n'avons pas un endroit pour être à l'abri de la pluie, ou là où mettre nos marchandises, nous sommes obligées de rester à l'air libre et nous couvrir avec du plastique en cas de pluies» explique Gaïka. C'est pourquoi, ces femmes lancent un appel à toutes les bonnes volontés pour les aider à construire des hangars. ''C'est important pour nous d'avoir ne serait-ce que deux hangars. L'essentiel est que nous puissions nous protéger en cas de pluies, mais aussi de mettre à l'abri nos produits'' dit Safi.
Cette situation n'est qu'une face du combat que mènent quotidiennement la femme nigérienne en particulier celle évoluant en milieu rural. Soit, elle est occupée par les travaux champêtres (petites cultures vivrières), les travaux ménagers (ramassage du bois de chauffage, le pilage, la cuisine etc.), soit elle s'adonne aux activités commerciales génératrices de revenus. Avec surtout les travaux de protection de l'environnement comme la récupération de terre dégradée, entrepris ces dernières années dans notre pays, les femmes rurales se montrent très actives. Comme quoi, toutes ces femmes méritent beaucoup d'égards pour leur participation à l'économie nationale.