Ouverture, aujourd’hui de la réunion sous régionale sur la réforme pénitentiaire dans les pays du Sahel : Nécessité d’assurer un traitement humain aux détenus
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Porte-parole du Gouvernement M. Marou Amadou a présidé, ce matin, la cérémonie d’ouverture de la réunion sous régionale sur la réforme pénitentiaire dans les pays du Sahel organisée par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) grâce au concours financier de la République d’Autriche. C’était en présence du Conseiller régional Juridique principal pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’ONUDC, du coordonnateur par intérim du Système des Nations Unies, des participants venus de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, et des invités.
Trois jours durant, les experts venus de huit (8) pays se pencheront sur la problématique de la réforme pénitentiaire dans nos différents pays. Il s’agit de dresser l’état des lieux de la situation des Etats du Sahel ; déterminer les actions prioritaires à prendre à court terme pour améliorer les conditions des détenus et renforcer l’administration pénitentiaire pour faire face aux défis sécuritaires dans la sous région ; déterminer les objectifs d’un plan d’action à moyen terme 2014-2017 et le niveau de soutien que l’ONUDC pourra apporter aux Etats du Sahel ; et établir un réseau de contacts dynamiques avec les administrations pénitentiaires et les juges d’application des peines dans la sous région.
Dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture de la réunion, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Porte-parole du Gouvernement M. Marou Amadou a d’abord précisé que l’objectif de la présente rencontre s’inscrit dans le cadre de la contribution de l’ONUDC à la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Outre la lutte contre la corruption, le terrorisme, la réforme de la justice pénale, y compris pénitentiaire fait partie du mandat de l’ONUDC a dit le ministre. Il a ajouté que cette rencontre constitue un hommage au leadership du Président de la République SE Issoufou Mahamadou, dont le programme de gouvernement vise à bâtir un système de justice pénale fiable sûr, efficace et crédible, conforme aux normes internationales. Il a par ailleurs souligné que la tenue des Etats généraux de la Justice en novembre 2012 et l’adoption de l’axe stratégique majeur, Gouvernance juridique et judiciaire, du PDES, ont permis au Ministère de la Justice , avec le soutien des partenaires techniques et financiers, d’entreprendre un vaste chantier de réformes afin de réaliser avec succès ces objectifs. Selon le ministre de la Justice Marou Amadou, dans le domaine pénitentiaire, ces réformes visent à répondre aux problèmes cruciaux de l’inadaptation du cadre institutionnel et des textes nationaux, à l’état préoccupant des infrastructures pénitentiaires sans oublier la problématique du statut et de la formation professionnelle du personnel pénitentiaire. Ces réformes entreprises consistent à assurer aux détenus des conditions de détention humaines et favoriser leur réinsertion socioprofessionnelle afin de préparer leur retour dans la société qu’ils pourront à nouveau servir avec loyauté a-t-il indiqué. Auparavant, le coordonnateur par intérim du Système des Nations Unies au Niger Dr Pana Assimawé a salué cette initiative qui permet de compléter et renforcer l’ensemble de l’assistance technique qu’apportent les autres entités dans la région dans leurs domaines respectifs. Pour sa part, Mme Veronic Wright Conseiller régional Juridique principal pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’ONUDC a rappelé que le Sahel fait face de manière simultanée aux défis interconnectés posés par le changement climatique, les famines, la croissance démographique rapide, l’instabilité, les conflits internes non réglés et l’extrémisme violent. Il est également affecté par une multitude de flux illicites transnationaux et par la criminalité organisée, comme le trafic illicite de personnes et le trafic de drogues, qui pourraient avoir des liens avec les groupes terroristes actifs dans la région. A cet effet, elle a notifié que la communauté internationale, par la voie de Nations Unies, a mis en place une stratégie intégrée pour appuyer les pays Sahéliens à trouver les solutions pours ses problématiques. Selon elle, la contribution de l’ONUDC à cette stratégie est de proposer un programme effectif et pragmatique pour lutter contre le trafic de drogues, les autres trafics illicites, la criminalité organisée et le terrorisme. Le programme de l’ONUDC pour le Sahel se compose de plusieurs segments, notamment, le renforcement de capacités des systemes pénaux des pays saheliens. A cet égard, l’intervention de l’ONUDC couvre toute la chaine pénale, de l’enquête à la poursuite, jusqu’au jugement et à l’incarcération. La reforme pénitentiaire est une partie fondamentale de la reforme du systeme pénale dans notre sous région a-t-elle dit. En outre Mme Veronic Wright a ajouté que l’une des principales causes, ainsi que les effets de la crise sahélienne est l’affaiblissement des institutions de l’Etat. Le manque d’investissement dans le secteur judiciaire, l’ingérence politique dans l’administration de la justice, les nominations irrégulières et la révocation des juges et autres officiers de justice, y compris les responsables de la prison, la corruption, etc., ont progressivement réduit l’efficacité du secteur à rendre justice. Pour Mme Veronic Wright, une réforme efficace du système de justice pénale doit nécessairement impliquer la réforme du système pénitentiaire. Cette réforme doit viser à fournir un système d’incarcération plus humaine. Le système carcéral doit entre autres permettre la réinsertion du délinquant et non pas le rendre pire qu’il ne l’était avant d’aller en prison, réduire et non pas augmenter les chances de radicalisation de nos jeunes. Par conséquent, dans notre domaine, qui consiste à aider les pays à prévenir et à combattre le crime, l’ONUDC aide les pays à avoir des systèmes de justice pénale qui répondent aux besoins de leurs citoyens a-t-elle conclu.