L'une des grandes particularités du Marché Central de Maradi est le baptême des portes principales des noms des grands bâtisseurs de la ville de Maradi, pour allier l'histoire et le présent et perpétuer le mythe de Maradi l'éternel. En effet, selon Issoufou Habou Magagi, chef de Base de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines Base de Maradi, c'est après un choix méticuleux que les noms de certaines personnalités de la ville trônent désormais sur les portes principales du Marché central. Il y a d'abord la porte Dan Kassawa.
DAN KASSAWA, selon Issoufou Habou Magagi, est le fondateur de la ville de Maradi, après l'occupation du Katsina par Ousmane Dan Fodio. Il s'exila à Damagaram d'où il organisa une révolte contre l'occupant peulh. Ses serviteurs ont déclenché une révolte sanglante avec la décapitation de Mani Acha(le représentant peulh à Maradi), ce qui obligea les Peulh à quitter la ville. Dan Kassawa fit une entrée triomphale dans la ville et décida de séjourner un moment avant de continuer sa conquête du Katsina originel. Il disait en Haoussa : ''MU TSAYA NAN KAHIN MURADIN MU YA CIKA'', littéralement traduit : ''restons ici avant que notre souhait soit réalisé''. Du vocable MURADI vient le nom MARADI attribué à la ville. Dan Kassawa est donc le fondateur et le libérateur de la ville de Maradi fondée vers 1820. Les premiers quartiers de Maradi étaient au nombre de sept : AIN DAKA , BAGALAM, MOKOYO, DAN GULBI, MARADAOUA, LIMANCI et ASSAO. Il était donc normal qu'il soit honoré.
Ensuite la porte ELH SANI BOUZOU DAN ZAMBADI: Il était l'un des fils de Sarkin Katsina Kouré, et malgré son titre princier, il exerçait en même temps le commerce. Il était un négociant tenace et faisait partie des grands opérateurs économiques de la région. Il achetait des produits du Nigeria et remontait vers l'Aïr. Il a étudié le Coran auprès d'un illustre marabout, Malam Raja. Toutes ces expériences lui ont facilité la gestion du pouvoir avec rigueur et il fut un des rois les plus charismatiques de son époque.
Il accéda au trône le 10 octobre 1947 et rendit l'âme au soir d'un 27 mai 2004, soit après 57 ans de règne, selon Issoufou Habou Magagi de l'IRSH.
La porte principale ALI ZAKI. L'actuel Sultan de Maradi, le 1er d'ailleurs à s'être vu attribuer ce titre, est né en 1939 à Maradi. Maremawa Elh Ali Zaki fréquenta l'école primaire puis le Centre de Formation Administrative (CFA) de l'ENA de Niamey. Il fut chef de cabinet du ministre de l'Education Nationale, le Pr Dan Dicko Dan Koulodo. Il embrassa une carrière internationale auprès du Professeur Dan Dicko Dan Koulodo, alors secrétaire général de l'ACCT à Paris. Une fois de retour au pays, comme tout bon Maradawa, il rentre dans le monde des affaires (produits pétroliers).
En 2003, il fut nommé Maremawa par Sarki Bouzou, un titre réservé uniquement aux princes sages et clairvoyants. Il a été élu sultan de Katsina le 1er octobre 2005 après le décès de Bouzou Dan Zambadi.
La 2ème porte principale KAOURA ASSAO : Kaoura Assao dont un quartier de Maradi porte encore le nom, était un notable redoutable et très important de la cour du sultan de Katsina. Il était le chef de guerre du sultanat, il faisait partie des quatre membres dignitaires qui constituaient le collège électoral du sultanat avec Galadima, Durbi et Ain Daka. Kaoura Assao fut un chef de guerre très redoutable qui était toujours au devant de ses troupes lorsqu'il partait en guerre, il veillait personnellement en arrière au retour. D'après Issoufou Habou Magagi, il suscitait la peur et la crainte dans les rangs des ennemis par sa seule présence. Il avait remporté plusieurs guerres telles que: la guerre de Zamfara, la guerre de Zazzaou, la bataille de Tshikaji (1897/1898), le célèbre village du non moins célèbre Nouhou Tchikaji de la Voix du Sahel). L'une des œuvres les plus remarquables de Kaoura Assao est la construction d'un canal pour drainer de l'eau du Goulbi de Maradi vers le lac de Madarounfa lorsque ce dernier s'était tari.
Les autres portes portent les noms de certains grands illustres commerçants de Maradi comme Elh Issoufou Guizo, El Gonda Garki, Elhadj Souley Dan Gara dit Balla Dan Sani, Elh Mani Gourgou.
Ces commerçants, de l'avis de Issoufou Habou Magagi, ont joué un rôle très important dans le développement du commerce dans la région de Maradi en particulier, et sur l'ensemble du territoire national. Ils avaient commencé avec des petits étalages, et au fil du temps, ils sont devenus de très grands opérateurs économiques. La traite des arachides pendant la période coloniale, l'installation de firmes commerciales européennes, sont entre autres les facteurs qui ont contribué au processus de création de richesses dans la région.
L'administration coloniale incita donc les maisons de commerce à s'installer à Maradi et à se livrer à la traite arachidière. Au cours des années 1930, la Compagnie Française de l'Afrique de l'Ouest (CFAO), la Compagnie du Niger Français et la Société Commerciale Ouest Africain (SCOA) y avaient ouvert des succursales. Ce commerce européen constituait la forme commerciale la plus puissante dans la mesure où il contrôlait simultanément les circuits de commercialisation de l'arachide et de distributions des produits manufacturés. Ce commerce est caractérisé par sa diversité et son rayonnement, facilité par les grands moyens dont disposaient les succursales : elles fournissaient le matériel nécessaire à la collecte des arachides (bascules, sacs....) et faisaient des avances des fonds à leurs intermédiaires qui étaient les grands commerçants de la région.
Il faut noter que le 6 novembre 1913, un poste de douane a été installé à Maradi par Arrêté du gouverneur général de l'AOF, et que le 1er grand marché de Maradi a été créé en 1923 sur le site actuel de la société OLGA.
En plus de ces grands commerçants dont les noms ont été donnés aux portes du marché, Maradi compte aussi des grands ténors nationaux, entre autres Elhadj Mahamane Djitao, Elhadj Mahamane Zinguilé, Elhadj Oumarou Tataka, Elhadj Sani Ousmane et Elhadj Idi Ousmane, Elhadj Mamane Chawèye, Elhadj Laouali Oumarou Gago, Elhadj Sani Gonda, Elhadj Na Salé, Elhadj Ousseini Mahamane, Elhadj Salissou Mahamane, etc.. Bref, la liste est longue, car à Maradi on naît commerçant.