Maradi est une ville grouillante, pleine d'animation. Le constat s'impose à tout voyageur qui pénètre dans cette cité. Les rues sont pleines du monde, surtout les grandes voies, et ce, quel que soit l'axe par lequel le visiteur rentre dans la ville: axe Niamey-Maradi, axe Zinder-Maradi, axe Dan-Issa-frontière Nigeria ou axe Madarounfa-Maradi, etc. Maradi est une agglomération cosmopolite où la circulation automobile et piétonne est vive et intense. Particulièrement sur la grande artère qui traverse Maradi de part et d'autre, de jour comme de nuit, le trafic est incessant, vivant et dense.
Ce sont là des éléments d'appréciation qui attestent de la vitalité des échanges multiformes de développement qui caractérisent cette ville dont on dit qu'elle est la capitale économique du Niger. C'est toujours une assertion qui ne se dément pas, affirme le directeur régional du Commerce de Maradi, M. Issaka Yayé Hamidou. La puissance des échanges commerciaux est une réalité tangible dans la région de Maradi, l'économie régionale est assise sur ce socle et fait la renommée de la cité des Katsinawa et des Gobirawa. Les échanges commerciaux sont contrôlés par des opérateurs économiques de grande envergure. Ces magnats de la finance et des négoces ont des réseaux implantés aussi bien en ville que dans les zones rurales.
La particularité de Maradi réside dans l'importance des relations commerciales qu'elle entretient avec le Nigeria. Selon le directeur régional du Commerce, beaucoup de jeunes de Maradi se sont enrichis surtout grâce aux opérations de transit et à l'exportation, vers le Nigéria notamment, des produits agropastoraux tels que le bétail sur pied, le souchet ou le niébé etc. La Chambre de Commerce, selon le directeur régional, enregistrechaque jour de nouveaux arrivants...
Dans la région de Maradi, le commerce revêt deux formes: le commerce intérieur et le commerce extérieur. Le commerce intérieur est exprimé par des échanges locaux, et le commerce extérieur est sous-tendu par les activités de transit de toutes sortes de marchandises en provenance de la Côte et du Nigéria.
Le commerce intérieur régional est animé par des opérateurs économiques de toutes catégories et de tout âge. Outre la vieille garde des commerçants rompus aux activités de négoce, on assiste ces dernières années à une émergence de jeunes, le plus souvent issus du système scolaire. Ces jeunes sont en train d'investir leur argent dans le bâtiment et le transport. Ce qui renforce le dynamisme économique de cette contrée du Niger. Selon les données de la Direction du Commerce, la région est dotée d'un nombre appréciable de marchés urbains et ruraux, qui se tiennent quotidiennement ou de façon hebdomadaire. Dans le domaine industriel, en 2012, la région de Maradi comptait une dizaine d'unités industrielles en activité, ce qui la classe 2ème après Niamey, sur l'étendue du territoire national.
L'apport de l'agropastoralisme
Les ressources mobilisables dans la région de Maradi sont issues, outre des activités de transit, de l'agriculture, de l'élevage, de l'artisanat et des produits des unités industrielles. Concernant l'activité agricole, elle est dominée par la production du mil, du sorgho, du niébé et de l'arachide. Selon les données de la Direction Régionale de l'Agriculture, la région occupe, au niveau national, les premières places en production de mil et d'arachide, avec respectivement 22,68% et 37,47% de la production nationale. Elle se classe en deuxième position pour les productions de sorgho et de niébé.
Mais les agriculteurs de Maradi sont aussi des grands producteurs de certaines cultures de rente telles que le coton, le sésame et le tabac, en plus des productions forestières comme la gomme arabique et le palmier doum. L'agriculture qui est pratiquée par plus de 95% de la population rurale, et bénéficie d'un potentiel irrigable estimé à environ 11.000 ha. Selon les services techniques de l'Agriculture, ce potentiel d'irrigation peut-être porté à 30.000 ha si des moyens conséquents sont mis en œuvre pour la capitalisation des réservoirs d'eau tels que le Goulbi Maradi, la vallée de la Tarka et le Goulbi N'kaba.
Commerçants rompus aux transactions, les Maradawas excellent aussi dans l'agropastoralisme. En effet, la région dispose d'une vaste zone pastorale quantifiée à 2 455 693 hectares d'aire de pâturage, et d'un cheptel estimé, en 2011, à 2 millions 065 mille 460 UBT. Ceci représente 17,5% du cheptel national. Aussi, on estime que plus de 90% de la population pratique l'élevage. Selon le directeur régional du Commerce, le secteur pastoral, avec surtout l'exportation du bétail sur pieds, apporte beaucoup à l'économie de la région. Ils sont nombreux les Maradawas qui s'y sont enrichis...
L'artisanat n'est pas aussi en reste dans le développement socio-économique et culturel de la région de Maradi, même si, dit-on, son apport n'est pas aussi conséquent que celui de l'agropastoralisme, car il reste encore au stade très traditionnel et est peu organisé.
L'ouverture du marché central
Selon le directeur régional du Commerce, M. Issaka Yayé Hamidou, Maradi verra désormais son dynamisme économique renforcé avec l'ouverture du marché central de la ville dont la reconstruction vient de s'achever et l'inauguration intervenue le mercredi 12 novembre dernier, par le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM. Issoufou Mahamadou. C'est un joyau architectural qui aura coûté près de 7 milliards de FCFA, sur financement de l'Etat et de la ville de Maradi, avec l'appui inestimable des partenaires au développement. (Voir encadré ci-contre).
La reconstruction du grand marché de Maradi a été une préoccupation constante des populations de la région. Aussi, ont-elles soumis cette préoccupation au Président de la République qui a répondu à leurs sollicitations, car Maradi reste et demeure un poumon économique de premier ordre pour le Niger. Les travaux de reconstruction furent lancés en mars 2012 par le Chef de l'Etat qui a tenu à suivre, au fil du temps, l'évolution des travaux. Un (1) an plus tard, soit en avril 2013, une grande partie de ce marché a été construite, mais, en cours de route, il s'était posé la nécessité d'ajouter un volet qui n'a pas pu être réalisé dans la 1ère phase. Une fois de plus, le Chef de l'Etat accéda à cette demande des populations du Gobir et du Katsina. C'était à l'occasion de la tenue, dans la ville de Maradi, le 3 avril 2013, de la réunion annuelle des Municipalités du Niger et à l'issue de laquelle le Président de la République était parti visiter le Centre. Un collectif budgétaire fut accepté et voté.
Le marché central de Maradi, outre le noyau principal, compte environ 2000 boutiques. Elles sont construites à un niveau, tout autour du centre, et font office, du coup, d'infrastructures de clôture. Ceux qui connaissent les marchés de la sous-région disent que le marché central de Maradi est non seulement un complexe moderne et futuriste, mais que c'est l'un des marchés les plus jolis de la sous-région.
Ainsi donc, la réhabilitation de ce marché permettra à Maradi de renforcer son dynamisme en termes d'échanges et de négoce. Elle permettra d'augmenter le potentiel économique tout en améliorant les conditions de son exploitation en qualité de services rendus par les opérateurs qui y mènent leurs activités. Le directeur régional du Commerce va plus loin en disant qu'avec l'avènement de ce nouveau marché, ils ont l'ambition de faire en sorte que des commerçants de toutes les régions du Niger, et même ceux de l'extérieur comme Kano, Sokoto, Katsina, viennent plutôt s'approvisionner à Maradi, au lieu que ce soit toujours l'inverse qui se produit.
Mais en matière d'activités commerciales dans la zone de Maradi, ce que déplore le directeur régional du commerce, c'est la persistance de l'informel. ''Nous sommes en train de sensibiliser les opérateurs sur les avantages qu'ils peuvent tirer en réorganisant leurs activités dans le formel. L'Etat a beaucoup investi pour encadrer la jeunesse et l'aider à voler de ses propres ailles. Ainsi leurs activités seront sécurisées''. Un autre problème à combattre, dit M. Yayé Hamidou, ce sont les tracasseries administratives sur les routes où des agents chargés des contrôles prennent de l'argent, illégalement, avec les commerçants. ''Il faut que cela s'arrête'', martèle le directeur régional du commerce de Maradi qui explique d'ailleurs qu'un projet anti-corruption dans ce sens est en train de prendre forme, de concert avec les autorités nigériennes et nigérianes, afin de canaliser les tracasseries routières et ce qui s'en suit. C'est un projet pilote, pour le moment, dénommé K2M (Kano-Katsina, Maradi), avec l'aide de la Banque Mondiale.