Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Emprisonnement du Colonel des douanes Assogba : les dessous de l’affaire
Publié le vendredi 14 novembre 2014   |  Le Monde d'Aujourd'hui


Symbole
© Autre presse par DR
Symbole de la justice


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Rocambolesque. C’est ce que l’on pourrait dire de cette affaire qui a fini par jeter en prison un chef de famille, cadre de la douane nigérienne, Assogba Mahaman EDOUARD.

Au demeurant, il a pris un prêt bancaire d’environ 110 millions de nos francs qu’il a investi dans l’immobilier. Chose lui ayant permis de fructifier sa fortune. Il sera par la suite emprisonné pour enrichissement illicite.

Alors, question : pourquoi dans tout ce Niger, c’est seulement le Colonel Assogba qui est actuellement inquiété pour ce chef d’accusation ? Pourtant, on a vu des politiciens, des ministres, des opérateurs économiques, des douaniers et même de simples fonctionnaires de l’Etat devenir milliardaires du jour au lendemain. Que dire de toutes ces villas achetées à des centaines de millions FCFA par des individus qui louaient, il n’y a pas si longtemps, des pièces dans des cours communes ? Que dire de ces autres Nigériens qui, hier, prenait le taxi qui font don aujourd’hui de véhicules 4X4 aux structures de leurs partis politiques ?

Pour mémoire, au Niger, le seul cas d’enrichissement illicite ayant conduit une personnalité en prison est celui de l’ancien ministre de la Justice, Maty Elh. Moussa pendant le Tazartché. Lui aussi avait emprunté de l’argent auprès d’une banque de la place qui lui était prélevé dans son salaire. Affaire dans laquelle Maty a fini par être blanchi car l’ordonnance n°92-024 du 18 juin 1992 portant répression de l’enrichissement illicite. Cette affaire a été déclarée non conforme à la Constitution par la Cour constitutionnelle de l’époque. Le cas Maty s’est avéré un règlement de compte politique puisqu’il a refusé de soutenir le Tazartché. Et le cas du douanier Assogba, à quoi est-il lié? Le Monde d’Aujourd’hui ne saurait répondre à cette question mais sans doute que l’avenir nous édifiera comme ce fût pour le cas Elh Maty Moussa.



Qui est le colonel Assogba ?

Né le 18 mars 1969 à Niamey, Assogba est de nationalité nigérienne. Ce colonel est Inspecteur principal des douanes après des études supérieures à l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Niger et l’Ecole supérieure des douanes de Ouagadougou (Burkina Faso). Il est Colonel depuis le 1er juillet 2000. Engagé dans le corps de la douane nigérienne depuis 1991, Assogba Mahaman a 23 ans de carrière l’ayant conduit à servir dans presque toutes les régions du Niger, notamment, Niamey, Dosso, Maradi, Tahoua, Zinder et Agadez. Partout, il a servi en tant que chef de bureau ou directeur. En janvier 1999, le gouverneur d’Agadez, Maï Manga Oumara à l’époque lui avait délivré un Témoignage Officiel de satisfaction au nom de son travail qui a permis de rehausser les recettes de la douane alors qu’il était Inspecteur Central. A propos de ce cadre des douanes, le Gouverneur Maï Manga Oumara a écrit : « compétent et travailleur Assogba Mahaman a su par son sens élevé du service public, hissé le bureau des douanes d’Agadez au rang des plus performants. Monsieur Assogba Mahaman Edouard fait honneur au corps des douaniers du Niger ».

Le 22 août 2008, c’est le Gouverneur de Tahoua, Amadou Zéti Maiga qui délivra un autre Témoignage de satisfaction à ce Colonel des douanes : « pour le sen élevé de patriotisme, l’esprit d’intégrité et d’abnégation dont il a fait preuve dans l’exercice de ses fonctions et qui ont permis une augmentation substantielle des recettes douanières au niveau du bureau des douanes de Tahoua. »

Les malheurs du Colonel

La vie de Assogba Mahaman va complètement chambouler le 7 juillet 2008. En ce jour fatidique, il eut un grave accident de la route en compagnie de sa seconde épouse qui venait de lui donner une fille. La femme décède sur le coup et l’homme se retrouve privé d’un grand amour et avec en plus sur les bras un bébé de 9 mois, sans frère ni soeur de même mère, à élever et à éduquer.

Un (1) an plus tôt, en septembre 2007, le Colonel des douanes prit un crédit de cinquante (50) millions à la banque et un dépôt à terme de 60 millions dans la même banque. Avec ces 110 millions empruntés, il décide de se lancer dans l’immobilier. Dans un secteur aussi porteur que l’immobilier, il n’est guère surprenant que cet argent se soit fructifié.

L’un dans l’autre, 2 semaines après ce tragique accident, Assogba Mahaman décide d’ouvrir un compte bancaire à la petite qui venait de perdre sa mère. Et pour assurer l’avenir de cette enfant qui a perdu, à jamais, sa maman, il ouvrit un compte d’épargne (la précision est importante) au nom de celle-ci. Une somme de 204 millions a été logée dans ce compte bancaire. Trois années plus tard, le Chef d’agence ECOBANK Katako où est logé ledit compte va y puiser la rondelette somme de 54 millions. S’étant rendu compte de la malhonnêteté dont a été victime le compte de sa fille, Assogba va d’abord vouloir régler ça à l’amiable avec le Chef d’agence ECOBANK Katako de l’époque un certain Abdrahmane Diallo. Ce dernier refusant de rembourser l’argent volé, l’affaire a été portée devant ses supérieurs hiérarchiques. ECOBANK reconnaît alors le tort causé et le répare en remboursant les 54 millions en intégralité non sans décider de porter plainte contre son agent pour « faux et usage de faux, détournement et abus de confiance par salarié ». C’est pour les besoins de ce procès que le Colonel Assogba a été entendu, en qualité de témoin et partie civile, par le juge chargé du dossier. Six (6) mois plus tard, le juge décide d’inculper Assogba Mahaman pour « enrichissement illicite » sur la base de ce qu’il a entendu lors des audiences et du procès. Selon nos sources, il n’y a pas eu d’enquête à fortiori de rapport du ministère des Finances ou de la CENTIF, Cellule nationale de traitement des informations financières pour révéler un enrichissement injustifié de ce colonel qui a 23 ans de carrière dans la douane nigérienne.

Qu’à cela ne tienne, le 24 octobre 2014, il sera condamné à 3 ans de prison ferme et 204 millions d’amende. Le Chef d’agence Abdrahmane Diallo contre qui, le le procureur a demandé 9 ans de prison ferme s’en sort avec une condamnation d’un (1) an avec sursis, c’est-à-dire, qu’il ne gardera pas prison. Evidemment, le colonel Assogba a fait appel du jugement en Première instance. En attendant, que le juge d’Appel se prononce, il a élu domicile à la prison civile de Niamey.

A la lumière de tout ceci, si le colonel Mahaman Assogba n’avait jugé utile de protéger l’avenir de sa fille en lui évitant d’être dans le besoin lorsqu’elle sera grande ce qui a poussé nombre de femmes dans la prostitution ou le crime organisé – sans doute qu’il serait en liberté aujourd’hui. S’il n’avait pas réclamé ses 54 millions volés par un banquier ; s’il n’avait pas accepté d’être témoin et partie civile pour que justice soit rendue, probablement qu’il ne connaîtrait pas les affres de la prison. Il est vraiment bizarre ce monde d’ici bas dans lequel, souvent, c’est en voulant faire du bien ou en demandant simplement justice que nos malheurs nous tombent sur la tête. Chers lecteurs, cette triste histoire est une leçon pour nous tous, si un banquier dépense votre argent, réfléchissez 1000 fois avant de le dénoncer ou encore oser porter plainte contre lui. En tout cas, votre journal décide de suivre de très près cette affaire et nous vous tiendrons informé dès qu’il y aura du nouveau. Incha Allah !

Ibrahim AMADOU

 Commentaires