Comme à l’accoutumée, à l’approche de chaque session de l’Assemblée Nationale, les commentaires fusent et on va des plus alarmants aux plus catastrophiques. On affûte ses armes, ses arguments et aussi ses stratégies pour davantage conforter sa position.
C’est comme si l’ordre du jour même de la session se concocte dans la rue. Ainsi de la prochaine session prévue pour mars 2013, une session qu’on annonce déjà tumultueuse et avec beaucoup de rebondissements. Parmi les événements majeurs prévus, on parle d’une éventuelle motion de censure qui serait déjà rédigée et en attente d’être peaufinée. Rien que cet événement, s’il s’avère juste, mérite d’être appréhendé avec lucidité. Pourquoi une motion de censure ? On se perdrait en conjectures s’il faut se pencher sur les arguments probables que l’opposition déploierait pour justifier une telle entreprise.
En effet, durant les deux années écoulées, cette opposition a excellé dans le décryptage et la mise à nue des bourdes du pouvoir. Tantôt ce sont des violations de la Loi fondamentale qui sont évoquées, tantôt des marchés de gré à gré et des détournements de deniers publics. La conclusion a toujours été que le pouvoir en place tâtonne et fait preuve d’un amateurisme sans précédent. Dures leçons de conduite édictées par des gens rompus dans la même démarche.
Il y a encore moins de deux ans, l’opposition qui s’agite aujourd’hui en se muant en donneuse de leçons avait érigé un système de gouvernance hors pair, basé sur la gabegie et le clientélisme. L’on se rappelle toute l’opacité qui a entouré le Programme Spécial du président de la République et les contrats miniers attribués par des groupes privés qui se sont fait la part belle sur le dos de l’Etat. L’argent circulait, ou coulait même, au détriment de la grande majorité du peuple qui végétait dans un paupérisme sans précédent. Le tout était corroboré par ce passage en force dénommé Tazartché qui allait servir aux yeux du monde une école d’alternance démocratique jamais vécue dans le monde.
La Loi fondamentale, les institutions étatiques les plus crédibles étaient vilipendées ; à l’image de la Cour Constitutionnelle dont les arrêts étaient carrément ignorés par des théoriciens tombés d’on ne sait de quel ciel. En même temps que l’on se jouait des deniers publics, l’on se plaisait aussi à marcher sur les textes constitutionnels et républicains, transformant le pays en une république bananière. Il était bon de rafraîchir la mémoire à tout ce beau monde avant de se verser à voir qu’elle est la réalité de toutes ces projections cahoteuses que les uns et les autres annoncent.
Il est vrai que les marabouts et autres charlatans ont repris du service ; il est aussi vrai que plusieurs errements sont observés dans la conduite des affaires de la 7ème République ; enfin il est vrai que beaucoup de choses ne marchent pas comme on l’aurait voulu ou souhaité. Cependant, la situation est-elle aussi alarmante que cela pour qu’on claironne déjà l’éternel recommencement ? Les Nigériens ont-ils déjà déchanté pour vouloir d’un bouleversement qui reconduirait qui, où et pour quelle cause? Décidément, on se joue trop du peuple nigérien. On attise le feu comme l’on veut et où l’on veut.
Et, ce qui est incompréhensible, c’est que les acteurs eux-mêmes s’y prêtent à ce jeu. Si non, comment comprendre qu’au moment où l’opposition se prépare à tirer à boulets rouges sur la mouvance à travers une très probable motion de censure, que du côté de l’alliance au pouvoir on pose des actes susceptibles de briser l’harmonie du groupe ? Les gens ont-ils oublié que quand le peuple leur a accordé leur scrutin, c’est pour qu’ils puissent le servir pour au moins 5 années dans le calme, la tranquillité, la cohésion, toutes gages de prospérité. Ainsi, entretenir un climat de défiance et de zizanie qui remettrait en cause des acquis arrachés de haute lutte serait un crime de haute trahison.
Les uns et les autres se doivent de limer leur orgueil et d’atténuer leur cupidité pour qu’ensemble, les fils du Niger sentent la nécessité d’une cohésion autour des grands défis auxquels nous faisons face. On se sait trop pour croire qu’il existe encore un ange à dénicher ailleurs qui puisse faire le bonheur du Niger à notre place. Ainsi donc, à bien scruter les horizons politiques de notre pays, nous verrons très bien qu’il n’y a rien à bouleverser car, en bouleversant on ne trouvera aucune alternative crédible. Une chance s’est offerte à nous ; c’est cette coalition au pouvoir qui regorge d’éminents cadres susceptibles de conduire à bon port les affaires du pays. Il suffit juste d’accepter de sacrifier les intérêts personnels au profit de ceux du peuple ; toute la question est là.
Pour une fois de plus, nous espérons que la clairvoyance qui a guidé les deux partis ténors de la mouvance triomphe sur les partisans de l’éternel recommencement. Eh oui ; il y a aujourd’hui dans ce pays des gens qui excellent dans la valse des ventres parce tout simplement ils ont goûté à la manne du processus électoral. A chaque échéance, ce sont les mêmes vautours qui s’amusent avec les deniers publics sous le prétexte d’organiser les élections. Et ce sont à chaque fois de grosses sommes qui sont englouties dans ce processus. Le drame est que pendant cette période de non Etat, la gabegie prend des proportions gigantesques ; c’est le cas de la dernière transition qui a battu le record en matière de détournement de deniers publics. Soyons lucides.