C’est l’Etat qui détient le monopole de la violence, aiment dire certains politiciens. Cela s’est nettement confirmé depuis l’arrivée de la 7ème République au pouvoir : répressions aveugles à Zinder, à Gaya et récemment à Niamey. On a comme l’impression qu’il y a quelqu’un quelque part qui se bat pour faire de l’Etat nigérien une machine broyeuse de manifestations même légales et légitimes. Du coup, il faut écarter la thèse selon laquelle cet élan de sabotage est à mettre sur le compte de l’opposition politique. En réalité, il faut chercher les saboteurs au sein même de l’équipe dirigeante.
Des soulèvements de Zinder.
A Zinder, ville située à 960 kilomètres de Niamey, la capitale, des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des milliers de jeunes principalement des désoeuvrés et des scolaires. C’était le 8 décembre 2011. Le bilan fut des plus lourds : deux victimes civiles, un jeune élève et une dame, tous deux tombés sous les projectiles des forces de défense et de sécurité. Question : Qui a pu donner l’ordre aux forces de l’ordre d’utiliser des moyens aussi forts ? Le pouvoir en place, comme en pareilles circonstances a trouvé des boucs émissaires en suspendant le Directeur régional de la police de Zinder et en arrêtant un inspecteur de police indexé être le sniper du jour.
De la révolte des kabous kabous à Gaya.
Tout récemment, des échauffourées ont mis face à face, les conducteurs de taxis-motos aux éléments des forces de l’ordre à Gaya dans la Région de Dosso, affrontements qui se sont soldés par la mort d’un jeune garçon. Que s’est-il donc passé ? Les Kabou-Kabou de la ville de Gaya auraient initié des cotisations, somme qu’ils remettent semble-t-il aux agents de la police pour éviter les multiples tracasseries. Malheureusement, les tracasseries se sont accentuées de plus en plus. Ayant eu ras-le-bol, ces jeunes ont convoqué une assemblée générale à la Maison des Jeunes et de la Culture pour examiner la situation. Un des responsables de cette association aurait alerté les policiers faisant croire que les Kabous Kabous veulent se révolter.
Une descente de la police va bouleverser l’AG et rendra l’affrontement inévitable. Qui a donné l’ordre à la police d’agir ainsi ? Nul ne le sait. Après une médiation du Chef de Canton, l’ordre fut rétabli. Juste après, dans la même journée, des taxis motos furent arrêtés sur le pont. Le lendemain, les Kabous Kabous décidèrent d’attaquer le Commissariat. La police fait usage de balles réelles. Un lycéen trouvera la mort alors qu’il était à l’atelier de menuiserie de son père. De nombreux Kabous kabous seront blessés.
De la répression du CPRASE à Niamey.
Après l’échec des négociations avec le gouvernement, les enseignants contractuels nigériens ont observé une grève de trois jours à l’appel du Cadre permanent de réflexion et d’action des enseignants du Niger (CPRASE) sur leur plateforme revendicative. Cette grève fait suite au refus du gouvernement de mette en oeuvre le protocole d’accord signé le 15 avril dernier par les deux parties. Il s’agit notamment de la question des régimes indemnitaires et la gestion de la carrière des enseignants, l’épineux problème de recrutement, ainsi que le paiement des rappels de salaires des enseignants recrutés en 2011. Ainsi, le CPRASE a décidé d’organiser une marche suivie de Meeting, manifestation qui a été sauvagement réprimée par la police. Il y eut de nombreux blessés et des arrestations. Des journalistes ont été brutalisés dans l’exercice de leur fonction. Encore une fois, qui a commandité cet acte barbare ?
La marche du CPRASE est tout à fait légal au regard du soutien, pas des moindres qu’il vient d’avoir de la part de l’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN), une force syndicale ayant aidé le régime de la 7ème République à s’installer. Qu’est-ce à dire? Ce qui s’est passé à Zinder, à Gaya et à Niamey serait de toute évidence l’oeuvre de personnes tapies dans l’ombre du pouvoir même. La réaction des forces de l’ordre est manipulée par des mains invisibles. Le Gouvernement doit au plus vite diligenter des enquêtes plus en profondeur pour éviter que ces genres d’évènements malheureux ne se reproduisent plus.