Bamako - Une localité de l’ouest du Niger proche de la frontière malienne a été attaquée mercredi soir par des jihadistes, qui ont tué au moins un militaire nigérien, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
L’assaut a été revendiqué auprès de l’AFP à Bamako par le porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Walid Abou Sahraoui, mais jusqu’à jeudi en milieu de journée, aucun commentaire n’avait
pu être obtenu au Niger.
Mercredi soir, "des terroristes ont attaqué la localité nigérienne de Bani Bangou, située à la frontière malienne. Ils ont saboté le réseau téléphonique, tué un sous-officier nigérien, et blessé au moins deux autres", a déclaré à
l’AFP une source sécuritaire africaine au sein de la Mission de l’ONU au Mali
(Minusma), jointe depuis Bamako.
Selon cette source basée dans le nord du Mali, les assaillants ont utilisé des motos, moyen de locomotion fréquemment utilisé par les groupes islamistes
armés pour viser les forces de sécurité locales et internationales.
L’attaque de mercredi à Bani Bangou a été confirmée à l’AFP par une seconde source sécuritaire contactée dans la région.
"Un véhicule de l’armée nigérienne a été détruit, un véhicule de la
gendarmerie locale a été emporté, ainsi que de nombreuses minutions. Un sous-officier a été tué, et trois gendarmes ont été gravement blessés", a
précisé cette source.
Selon le porte-parole du Mujao, les jihadistes ont fait "plusieurs morts"
dans le camp adverse.
"Les moudjahidine ont (...) attaqué à Bani Bangou les ennemis de l’islam
qui travaillent avec la France, notre autre ennemi. Nous avons tué plusieurs
ennemis de l’islam", a affirmé Walid Abou Sahraoui dans une brève déclaration
téléphonique à un journaliste de l’AFP à Bamako.
"Nous avons pris des armes, des voitures chez l’ennemi, et nous allons
continuer à combattre la France et ses complices", a-t-il ajouté.
Le Mujao, un des groupes islamistes armés ayant contrôlé les régions du
nord du Mali pendant près d’un an entre 2012 et début 2013, a revendiqué ces
derniers mois plusieurs opérations jihadistes dans ces vastes zones du pays
frontalières du Niger et de l’Algérie.
Fin octobre, des jihadistes avaient mené des attaques simultanées au Niger
dans des localités de la région de Tillabéri (ouest): ils avaient visé le
poste de sécurité du camp de réfugiés maliens de Mangaïzé, la prison de
Ouallam ainsi qu’une patrouille militaire à Bani Bangou.
Selon le gouvernement nigérien, neuf membres des forces de sécurité, une
civile et deux assaillants avaient été tués. Les attaques ont aussi fait
quatre blessés et trois disparus parmi les forces de l’ordre.
Dans le nord du Mali, les islamistes armés ont multiplié depuis des mois
leurs opérations, mêlant pose d’engins explosifs, tirs d’obus et attaques de
villes ou positions militaires, dans lesquelles ont péri plusieurs militaires
maliens ainsi que des membres des forces françaises et de la Minusma.
L’assaut le plus meurtrier contre l’ONU avait été perpétré le 3 octobre
dans une localité de la région de Gao (nord-est) contre un convoi de
militaires nigériens, dont neuf avaient été tués. Il a été revendiqué par un
jihadiste malien proche du Mujao.
Malgré des frontières poreuses, le Niger est considéré comme un îlot de
stabilité dans une zone en proie aux troubles. Outre le Mali, deux autres de
ses voisins, la Libye et le Nigeria, sont confrontés à des groupes jihadistes.
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