Lors de son investiture à la Magistrature Suprême, le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, annonçant sa vision pour la ville nigérienne, s'est engagé à agir et à transformer le cadre vie de nos villes pour un meilleur épanouissement des citoyens. A cet effet, le Programme de Renaissance pour les villes du Niger va faire du développement urbain une priorité sur le plan national à travers la mise en œuvre d'un important programme de développement urbain en termes de planification et de processus de prise de décisions participatif, en vue de renforcer les capacités des communes par la réalisation d'infrastructures, de logements accessibles et l'assainissement de la gestion foncière, afin d'apporter les mutations nécessaires à la morphologie de nos villes.
A l'occasion du Conseil des ministres du 31 juillet 2014, le gouvernement a pris une décision pour interdire les lotissements privés. Sur les raisons qui sous-tendent une telle décision et ses implications dans le secteur de l'urbanisme, le directeur général de l'Urbanisme et des Infrastructures Urbaines au Ministère de l'Urbanisme et du Logement, M. Abdoulaye Seydou, estime qu'au regard de la croissance démographique qui, selon les statiques de l'INS, est passée de 5% en 1960, à 12% en 1977, 15% en 1988, 16% en 2001 et qui serait à près de 23% en 2014, de l'absence de schéma d'orientation et de programme du développement spatial de nos villes, de l'ampleur des lotissements et des irrégularités constatées dans le secteur, et en tenant compte du souci de la Renaissance pour un développement harmonieux de nos villes et d'une gestion rationnelle du sol urbain qui constitue un patrimoine de très grande valeur pour nos villes, il est apparu plus que nécessaire de mettre un terme au phénomène actuel de la production et de la gestion des sols à travers le lotissement qui est une pratique préjudiciable à une bonne gouvernance urbaine. Ceci, a ajouté M. Abdoulaye Seydou, permet à l'Urbanisme d'être considéré comme le tremplin d'une nouvelle dynamique et d'une discussion collective portant sur les milieux de vie que l'on veut bien se donner afin que, dans les villes, émerge une civilisation fondée sur une démocratie participative.
Sur l'urbanisation incontrôlée de nos villes et ses conséquences, le directeur de l'Urbanisme souligne qu'elle est due essentiellement à la croissance démographique et à l'exode rural qui découle de la détérioration des conditions de vie en milieu rural. Il a ajouté qu'elle est aussi due à l'absence d'outils de planification urbaine, de document cadre de référence en amont de la programmation et de l'aménagement urbains ; à l'absence de subordination des droits d'occupation du sol aux plans d'urbanisme ; et enfin aux cadres de l'environnement institutionnels qui ne sont pas en phase avec le contexte de la mondialisation où se développe un système de partenariat en matière d'aménagement et de gestion urbaine. ''Tous ces facteurs favorisent l'étalement urbain, l'absence d'investissement pour la viabilisation et la dégradation des services existants pour insuffisance de maintenance, la densification des anciens tissus urbains, et enfin les problèmes de mobilité. En un mot, la désorganisation du tissu social urbain'', a indiqué M. Abdoulaye Seydou. Pour pallier ces insuffisances, un plan d'action urbain a été mis en place.
Il s'agit, selon le directeur général de l'urbanisme, de mettre en œuvre une campagne d'information et de sensibilisation comportant des lettres circulaires, des réunions de concertation et d'échanges avec certains acteurs, d'animer des points de presse, etc.
La deuxième activité de ce plan, a-t-il dit, se penchera sur l'élaboration de textes pour mettre en place l'arsenal juridique nécessaire devant renforcer et compléter la loi n° 2013-28 du 12 juin 2013, fixant les principes fondamentaux de l'urbanisme et de l'aménagement urbain, ainsi que le parachèvement de ses textes d'application. Enfin, il faut auditer les lotissements réalisés de 2004 à 2014. ''Ici, il s'agit de faire une analyse critique des opérations réalisées. Cette action consistera à faire des inventaires et la centralisation de la documentation, à procéder au contrôle de conformité et à la mise en cohérence des plans de lotissement en vue de la réalisation d'une cartographie d'ensemble pour les communes, et ce avec les schémas directeurs là où ils existent'' a-t-il indiqué.
M. Abdoulaye Seydou a rappelé que les lotissements sont des plans d'urbanisme qui ont pour objet de préciser les affectations du sol et les interventions physico-spatiales susceptibles d'orienter l'occupation du sol conformément aux principes d'aménagement retenus à travers les schémas de planification urbaine. ''Désormais, ces plans constitueront l'instrument qui indique comment chaque commune entend développer physiquement son territoire, et gérer son utilisation'' a dit le directeur général.
Des différentes réformes dans le secteur de l'urbanisme
La revue rétrospective sommaire de l'évolution de l'administration de l'urbanisme permet de dire que cette administration a connu plusieurs réformes, notamment au gré de réaménagements ministériels et techniques, et des exigences des conventions internationales auxquelles le Niger a souscrit.
Ainsi, la chronologie des réformes remonte à 1979; le volet urbanisme était rattaché aux travaux publics à travers la Direction des Travaux Publics et de l'Urbanisme; à cette époque, la notion d'urbanisme renfermait les aspects urbanisme, habitat, architecture, construction et assainissement. Ensuite, en mars 1979, à travers le décret n° 79/29/PCMS/MTP/TU du 08 mars 1979, modifiant le décret n° 77/92/PCMS/MTPAU du 21 juillet 1977, portant organisation du Ministère des Travaux Publics, des Transports et de l'Urbanisme, est née la Direction de l'Urbanisme et de la Construction. Ce décret consacre en fait le volet urbanisme en une direction nationale et l'affirmation du volet construction. En 1980, le décret n° 80/200/PCM/MTP/U du 04 décembre 1980 donnait naissance à deux directions, à savoir une Direction de l'Urbanisme et une Direction de la Construction. Cette réforme était justifiée au regard du volume des activités dues au développement des différents sous-secteurs et de l'arrivée des cadres spécialisés dans les différents domaines. La Direction de l'Urbanisme était compétente dans les domaines de l'urbanisme, de l'architecture, de l'habitat et de l'assainissement.
En 1988, la réorganisation est intervenue à travers le décret n°88/334/PCMS/MTP/H du 15 septembre 1988 ayant érigé le service de l'habitat qui, jusque-là, relevait de la Direction de l'Urbanisme, en une Direction de l'Habitat; ceci se justifiait par les attentions particulières accordées au secteur habitat par la communauté internationale.
En 1992, l'organisation de l'administration est revenue à la case départ avec la fusion de la Direction de l'Habitat et celle de l'Urbanisme et de la Construction en une direction de l'Urbanisme et de la Construction. Cette fusion était consacrée par le décret n° 92/25/PM/MET/AT du 09 janvier 1992, portant organisation du Ministère de l'Equipement, des Transports et de l'Aménagement du Territoire. Dans la même année, après un remaniement technique et par le décret n°92/129/PM/ME/H du 09 avril 1992, portant organisation du Ministère de l'Equipement et de l'Habitat, il a été institué une direction de l'Urbanisme et de l'Habitat et une direction de l'architecture et de la Construction, prenant ainsi en compte les recommandations des travaux des journées de réflexion des agents du Ministère, tenues à Agadez du 21 au 29 mai 1991, c'est-à-dire la veille de la Conférence Nationale Souveraine. Cette réforme a consacré le départ de l'architecture de l'urbanisme et son rattachement à la construction. L'organisation et les attributions de la Direction de l'Urbanisme et de l'Habitat sont maintenues jusqu'en 2000, malgré la création du Ministère de l'Equipement et des Infrastructures, et du Ministère de l'Equipement, des Infrastructures et des Transports. Dans les années 1996-1999, les partenaires techniques et financiers mettaient l'accent sur le développement des infrastructures ; il fût ainsi créé la Direction Générale de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Construction, respectivement par le décret n° 96/101/PCMN du 16 avril 1996 et n° 99-186/PCRN/MEI/T du 04/ juin 1999.
L'affirmation de la volonté politique de faire du secteur de l'Urbanisme un des axes stratégiques du développement économique et social est intervenue à travers l'érection du secteur en un département ministériel à travers le décret n° 2Q03-Q85/PRN/MUH/DFP. Cette volonté politique est réaffirmée à travers le document cadre du développement socio-économique de l'Etat (le Plan de Développement Economique et Social PDES 2012-2015).
Dans le secteur de l'urbanisme, les missions s'étendent de la définition des politiques à la mise en œuvre des actions tendant à promouvoir ces politiques. Ces actions sont des tâches pratiques de conception, de réglementation, d'exécution et de contrôle.