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Bazoum Mohamed : « nous avons une opposition pas très géniale, incapable de réfléchir et de formuler des critiques »
Publié le dimanche 23 novembre 2014   |  Autre presse


M.
© Autre presse par DR
M. Bazoum Mohamed ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l`Intégration Africaine et des Nigériens à l`Extérieur


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Bazoum :Au Burkina, il s’est agi d’une révolution au sens vrai du terme. C’est une mobilisation de l’ampleur des événements révolutionnaires qu’on a pu observer pendant le 19ème et le 20ème siècle en Europe et en France en particulier. C’est un mouvement massif comme rarement il y en a eu en Afrique.

Le Président Compaoré est un homme qui est arrivé au pouvoir dans des circonstances tout à fait particulières mais, qui a pu faire de son pays, un pays qui compte dans la sous-région. C’est un pays qui n’est pas doté de ressources naturelles très importantes mais grâce à la stabilité qui a pu résulter de la gouvernance tout à fait avisée du Président Compaoré, ce pays a eu des gains économiques importants avec quelques retombées sociales.

C’est un pays qui a connu une croissance continue, et lorsqu’on le compare à notre pays, on sent que de la décennie 90 à la décennie 2000, ce pays a fait des progrès que l’on n’a pas observés ici, au Niger.

Le Président Blaise Compaoré a commis une très grave erreur en voulant se maintenir coûte que coûte au pouvoir, après avoir épuisé les deux mandats que lui confère la constitution. Cette erreur lui a été fatale !

L’Autre Regard :quel enseignement peut-on tirer ? Quel conseil donneriez-vous à ces chefs d’états africains qui veulent se maintenir coûte que coûte au pouvoir?

Bazoum :Ce que j’en tire comme enseignement, c’est qu’on a beau être performant, lorsqu’on est à la tête d’un État, sur une période très longue, on s’expose à un effet de lassitude réel. Effet de lassitude que les chefs d’État ont intérêt à prendre en compte. Par conséquent, ces derniers seraient bien avisés de ne perdre de vue cet aspect des choses.

L’Autre Regard :Il faut le rappeler, il y a eu un précédent avec la tentative de violation de la constitution du Président Tandja Mamadou pour se maintenir au pouvoir. C’est dire que ce soulèvement aurait bien pu se dérouler au Niger même si, à la différence du Burkina, chez nous, cette tentative a été stoppée par les militaires. Est-ce à dire que le contexte n’était pas le même ou bien ce sont les Nigériens qui n’étaient pas suffisamment mûrs pour un tel changement?

Bazoum :En fait, le contexte est différent. Le Président Compaoré a 27 ans au pouvoir tandis que le Président Tandja n’en avait que 10 Au Niger, nous avons déjà fait, à certains égards, notre révolution. C’était en 1990 lorsque nous nous sommes mobilisés pour réclamer la Conférence nationale. Le mouvement anti Tazarché n’avait pas la puissance du mouvement dont nous venons d’être témoins au Burkina Faso. Cela tient, une fois de plus, à la différence radicale des contextes.

Si Tandja n’avait pas été renversé par les militaires, il n’est pas dit que nous aurions pu disposer d’un peuple aussi mobilisé que le peuple burkinabé pour faire immédiatement échec à son projet de confiscation de la souveraineté populaire. De ce point de vue, je considère que nous devons une fière chandelle au Général Salou qui a rendu un service éminent à son pays. Car autrement notre pays aurait été victime d’un ostracisme international fort préjudiciable à son économie et à sa sécurité.

L’Autre Regard :vos adversaires politiques ont rendu public un mémorandum dans lequel ils accusent votre régime de tous les maux. Que leur répondez- vous en qualité de président du PNDS?

Bazoum :J’ai entendu Hama Amadou dire que nous sommes un régime «Nazi». Nous ne sommes pas selon lui qu’une simple dictature, mais nous sommes un régime «hitlérien ».Je pense que nos opposants sont excessifs et cet excès procède de leur désarroi. Je pense qu’il procède de leur absence de vision et de leur incapacité à assumer leur rôle d’opposants et à utiliser les mots justes pour dire les choses, de même qu’à utiliser les concepts pertinents pour appréhender la réalité Ce sont donc des hommes qui ont, à mon avis, totalement en perte de vitesse et pour cela maquent de lucidité. En étant si excessif, ils deviennent ridicules et perdent de leur crédibilité, pourtant indispensable en régime de démocratie.

L’Autre Regard :de 2011 à aujourd’hui, les autorités ont investi énormément dans les grands chantiers. Vos adversaires politiques estiment que ces sommes colossales auraient valablement pu être investies dans les secteurs sociaux de base. Que répondez-vous?

Bazoum :Eh bien nous leur répondons que sur les 10 ans qu’ils ont passés au pouvoir, dans le cadre de leur alliance, de 2000 à 2010, ils ont recruté 9000 jeunes à la Fonction publique dont à peu près 3000 dans le secteur de l’enseignement et de la santé ! Nous, en 3 ans, nous avons recruté plus de 36.000 dont 15.000 dans le secteur de l’enseignement et un nombre conséquent dans celui de la santé. Nous avons recruté tous les médecins qui étaient sans emploi à notre arrivée au pouvoir !

Nous avons construit plus de 3.500 classes chaque année. S’il y a des domaines dans lesquels nous avons beaucoup investi, c’est bien les domaines sociaux.

Est-ce que vous savez que pendant les 10 ans qu’ils ont passé au pouvoir, ils n’ont pas formé un seul professeur de C.E.G. (collège d’enseignement général) ? Je crois qu’on ne peut pas faire pire pour montrer qu’on ne se soucie pas de l’école. Nous sommes en train de former plusieurs centaines de professeurs de collège, depuis que nous sommes là, pour essayer de rattraper le retard induit par leur politique irresponsable.

Je pense que s’ils avaient investi dans les secteurs sociaux, ils auraient été à l’aise pour nous faire les reproches qu’ils portent à l’encontre de la politique que nous menons. Mais dans la mesure où ils n’ont ni investi dans les infrastructures encore moins dans les domaines sociaux, ils sont mal placés pour formuler ces griefs contre nous.

L’Autre Regard :Selon le classement de l’Indice de développement humain (IDH), cette année encore, le Niger est classé dernier. Quelque part, ces adversaires n’ont-ils pas un peu raison?

Bazoum:Ils ne peuvent pas avoir raison pour la simple raison que ce qui fausse les données, c’est le coefficient affecté au facteur de l’analphabétisme qui est très élevé au Niger. Or, l’analphabétisme ne peut pas prendre fin du fait seulement qu’on a amélioré les ratios dans le domaine de la scolarisation. De ce point de vue, ce sont des générations et des générations de Nigériens qui ne sont pas allées à l’école, qui existeront, tant qu’elles ne seront pas épuisées par le phénomène naturel de la mort. Nous avons un taux de croissance démographique très, très élevé. Il est de presque 4 %. Ça n’existe dans aucun autre pays au monde, faites les comparaisons. Là également, ça ne peut pas changer d’un coup, tout simplement parce que nous sommes arrivés au pouvoir. Voilà les deux paramètres qui plombent aujourd’hui nos efforts et qui expliquent notre mauvais classement. Pendant longtemps, quels que soient par ailleurs nos résultats dans les autres secteurs, notre indice de développement humain, sur la base des critères retenus par le PNUD, ne va pas être bon, c’est aussi simple que ça ! Quand vous prenez par exemple un pays comme la Centrafrique, où les écoles ne marchent pas, où l’on n’administre pas de soins de santé, où il n’y a pas de sécurité ; pas de routes, seulement parce qu’on se base sur des critères dont la pertinence est très relative, il est mieux classé que nous. Or, en termes de qualité de vie, en termes d’espérance de vie, de lutte contre la faim et ses effets, c’est le jour et la nuit entre le Niger et ce pays. Nous sommes un pays où, on a un des meilleurs réseaux routiers d’Afrique. Sous plusieurs rapports, notre pays est logé à une meilleure enseigne que bien des pays d’Afrique et d’ailleurs.

L’Autre Regard :Votre régime s’est beaucoup investi pour garantir la sécurité des Nigériens. Malgré cela, eu égard aux derniers développements sécuritaires, les Nigériens se sentent de moins en moins en sécurité. D’aucuns accusent même certains responsables de votre régime d’être à la base de cette situation du fait de propos va-t’en guerre qu’ils ont eu à tenir à certaines occasions. Qu’avez-vous à dire pour rassurer nos concitoyens?

Bazoum:Vous savez, nous avons une opposition pas très géniale, incapable de réfléchir et de formuler des critiques. Nous savons en effet qu’ils sont entrain de dire que ce sont nos prises de position contre le terrorisme qui expliquent que nous soyons agressés. Je voudrais leur poser la question de savoir, s’ils n’avaient jamais entendu ATT dénoncer ou accuser le terrorisme. Je voudrais leur rappeler qu’il y avait presque une entente tacite entre certaines autorités du Mali et les terroristes. Cela n’a cependant pas empêché que le Mali soit agressé, plutôt que le Niger.

Le problème du Nord Tillabéry est un problème nigérien qui n’a rien avoir qu’avec le terrorisme. Nous sommes en train d’étudier de façon fondamentale, les raisons pour lesquelles ces jeunes-là posent les actes dont nous avons été témoins. Ainsi, nous allons nous attaquer à la racine du problème pour le régler à son niveau structurel et les mesures de sécurité ne seront dès lors, que des mesures supplémentaires pour garantir la quiétude des populations. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne peut pas juger de l’efficience de notre politique sécuritaire qu’à partir d’un seul acte qui vient d’être accompli nuitamment par des éléments venus d’un pays voisin. Il y a eu des défaillances très localisées, en particulier dans la ville de Ouallam et nous sommes en train de mener des enquêtes. Les responsabilités seront situées et nous allons prendre les sanctions qui s’imposent contre ceux qui ont été si défaillants. Il ne faut donc pas qu’à partir d’un fait isolé, on tire une conclusion globale et que l’on considère que c’est tout le système sécuritaire qui est défaillant. S’il était effectivement défaillant, on aurait été en proie à l’insécurité au quotidien et partout. Ce n’est pas sur un seul point seulement qu’il y a des enjeux de sécurité, c’est sur l’ensemble du territoire que nous faisons face à des défis et avec des ressources très limitées nous sommes entrain de les gérer en faisant en sorte que les nigériens vivent dans la quiétude. Pour nos partenaires ce que nous faisons relève, tout simplement, du miracle.

L’Autre Regard :Selon vos adversaires politiques, vous êtes entrain de tout mettre en œuvre pour écarter les principaux leaders de l’opposition dans la perspective des élections de 2016. Comment alors comptez-vous donner un crédit à ces élections à venir sans véritable challenger?

Bazoum:Il y a un leader qui pourrait ne pas prendre part aux élections, c’est Hama Amadou, parce qu’il est accusé d’avoir importé des enfants ! Le dossier judiciaire est clos, et le jugement aura bientôt lieu. Il fera venir des avocats de France et du monde entier. Si lui ne se présente pas, sa femme, elle, sera à la barre et s’il est établi que les enfants ne sont pas d’elle, elle sera malheureusement condamnée. Lui aussi sera fatalement condamné dans cette hypothèse très probable. À part lui, je ne vois pas pourquoi, les autres leaders ne prendraient pas part aux élections? Pourquoi Mahamane Ousmane ou Seini Oumarou, ne seraient pas candidat aux élections de 2016?

L’Autre Regard :Le 30 novembre prochain, le Niger va célébrer la Journée nationale de la liberté de la presse. Une manifestation de l’engagement des autorités de la 7ème République à respecter l’exercice du métier de journaliste. Entant que président du premier parti du Niger, quelle garantie donnez-vous quant au respect de cet engagement fort du président de la République, à travers notamment, la signature de la Déclaration de la montagne de la table.

Bazoum :La garantie, elle est déjà donnée par le président de la République, à travers son engagement sur l’honneur, avant même qu’il ne prenne fonction. Engagement qu’il a maintes fois réitéré par la suite. De ce point de vue, je ne pense pas qu’on l’ait pris à défaut.

C’est clair, aucun journaliste ne sera trainé devant les tribunaux pour les opinions qu’il aurait exprimées même si je sais que les journalistes nigériens sont excessifs et parfois même malveillants. Vous vous souvenez de ce soi- disant journaliste qui a annoncé que ma fille a été arrêtée en France, parce qu’elle aurait bénéficié d’un transfert d’une somme d’un milliard de FCFA sur son compte, à partir d’un compte à moi logé dans une banque du Burkina. Eh bien, ce que beaucoup de nos compatriotes ne savent pas, c’est que ce journaliste a été condamné par la justice pour diffamation. Il continue pourtant allégrement ses malveillances, sans que ça ne lui ait rien coûté de diffamer une per- sonne. En effet, je pense que lors- que les journalistes sont malveillants, la seule arme que nous avons, nous hommes politiques, c’est de les mépriser et de les laisser continuer. Lorsqu’ils sont honnêtes et qu’ils font bien leur travail, ceux à qui ils s’adressent peuvent leur adresser le satisfécit qu’ils méritent. Nous allons maintenir la loi dépénalisant le délit de presse et en cela nous sommes différents de certains dirigeants de l’opposition.

Du coup, il n’y a pas de garantie que nous puissions donner en dehors de la loi et de l’engagement sur l’honneur du président de la République, qui je vous le dit une fois de plus, n’a jamais été pris à défaut!

Interview réalisée par Seydou Assane (L’Autre Regard)

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