Amadou Salifou, un ancien opposant, a été élu lundi président du Parlement du Niger pour remplacer Hama Amadou, en fuite en France après sa mise en cause dans un trafic international de bébés, a indiqué une source parlementaire.
"Amadou Salifou est déclaré élu au poste de président de l'Assemblée nationale avec 71 voix" sur un total de 113, a déclaré, Daouda Marthé, premier-vice président du Parlement qui dirige l'institution depuis le départ de M. Amadou.
M. Salifou, âgé d'une soixantaine d'années, est militant du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), le principal parti de l'opposition nigérienne.
Il a été récemment été "suspendu pour un an" de cette formation pour avoir décidé de "soutenir" le président Mahamadou Issoufou, a indiqué à l'AFP un dirigeant du MNSD.
L'opposition n'a pas pris part au vote, qui s'est déroulé dans un tollé général. Mais elle a déposé une motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini, selon M. Marthé.
La motion, lue sur la radio du Parlement, est motivée par "les dérives autoritaires du régime", "la corruption" et "le concassage des partis de l'opposition". Elle sera discutée mercredi mais n'a aucune chance de passer.
L'ancien président du Parlement, Hama Amadou, a quitté le Niger le 27 août après l'autorisation par ses pairs de son audition par la justice pour une affaire de trafic de bébés entre le Nigeria, le Bénin et le Niger.
Actuellement en France, un mandat d'arrêt a été émis fin septembre à son encontre dans cette affaire retentissante, qui a crispé le climat politique dans le pays.
Aucun mandat d'arrêt international ne sera délivré contre lui, ce "principe" n'existant pas dans la législation nigérienne, a indiqué le gouvernement.
17 personnes, dont 12 femmes, parmi lesquelles l'une des épouses de M. Amadou, ont été inculpées fin juin et écrouées pour "supposition d'enfant" (délit consistant à attribuer la maternité d'un enfant à une femme qui ne l'a pas mis au monde), "faux et usage de faux" et "déclaration mensongère".
M. Amadou, principal opposant du président Mahamadou Issoufou, a toujours clamé que les poursuites lancées contre lui étaient politiques. Selon lui, le pouvoir cherche à l'écarter avant l'élection présidentielle de 2016. Les autorités ont démenti ces allégations.