La guerre ouverte entre le président nigérien Mahamadou Issoufou et son principal rival exilé en France, Hama Amadou, s'exporte désormais dans les médias français. Au point de contraindre "Image 7", la prestigieuse agence d'Anne Méaux en charge de la communication d'Issoufou, d'intervenir auprès de Paris Match.
Exilé à Paris depuis le 27 août dernier, Hama Amadou, le principal rival du président nigérien Mahamadou Issoufou, a l’oreille des medias français. Avant « Libération » le 25 novembre, c’est « Paris Match » qui, en pleine visite de Manuel Valls au Niger le 23 novembre, met un coup de projecteur sur la bête noire du régime nigérien.
Mauvaise com
Mis en cause dans une affaire de trafic international de bébés, Hama Amadou qui vient tout juste d’être remplacé à la présidence de l’Assemblée nationale du Niger affirme depuis le début qu’il s’agit d’un complot monté par le président contre lui. Pas plus tard qu’hier, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Niamey a prononcé une remise en liberté provisoire pour seize des inculpés sur dix-neuf. Des personnalités de haut rang comme le ministre de l'Agriculture Abdou Labo ont pu quitter la prison. En revanche, la seconde épouse de Hama Amadou, Hadiza, reste incarcérée. « Un acharnement » dénonce-t-on dans l’entourage de Hama Amadou.
Longtemps rangé dans la catégorie des personnalités infréquentables, Hama Amadou serait-il parvenu à se faire entendre du côté de Paris ? Habilement titré « Comment le président nigérien a écarté son rival », l’article de Paris Match décrit comment les milieux politiques français ont fini par lui entrouvrir leurs portes. L’hebdomadaire rapporte qu’ « après avoir fait des pieds et des mains, Hama Amadou a finalement été récemment reçu par le conseiller Afrique de Laurent Fabius, Guillaume Lacroix, et par Laurent Viguié, le sous-directeur de la sous-direction Afrique occidentale du Quai d’Orsay. «Ils se sont vus après avoir informé au préalable l’ambassade du Niger à Paris», précise le porte-parole du ministère des affaires étrangères, qui ajoute que la rencontre n’a pas eu lieu au ministère mais à l’extérieur. »
Des propos jugés intolérables à Niamey où le pouvoir a tapé du poing sur la table. Selon une source proche du dossier, la prestigieuse agence d’Anne Méaux « Image 7 » en charge de la communication du président Issoufou serait intervenue auprès de Paris Match pour exiger un droit de réponse à la demande expresse du gouvernement nigérien. Au passage, ce faux-pas aurait valu à l’agence « Image 7 » - dont les montants facturés à la présidence nigérienne s’élèvent fréquemment à quelques centaines de milliers d’euros - quelques remontrances. D’après la même source, l’ambassadeur du Niger à Paris serait quant à lui sur la sellette.
Considéré comme un grand allié de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, le Niger s’est notamment attiré les faveurs de Paris en servant de base arrière lors de l’opération Serval au Mali. François Hollande considère par ailleurs son homologue Mahamadou Issoufou comme un partenaire stratégique dans la région sur lequel il peut s'appuyer notamment pour la libération du dernier otage français Serge Lazarevic. Une exclusivité qui vaut au président français d'être régulièrement épinglé par l'opposition nigérienne. Lors de sa dernière visite à Niamey en juillet, François Hollande avait notamment été critiqué sur place pour n'avoir reçu aucun opposant.