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Leadership politique au Niger : Quand « ventre noir » et politique font ménage…
Publié le mardi 2 decembre 2014   |  Le Souffle Maradi


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© Autre presse par DR
President Mahamane Ousmane, president ARDR.


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A bien des égards, pour comprendre les crises et les crispations politiques qui secouent épisodiquement le Niger et qui souvent, ont débouché jusqu’au blocage des institutions de la République et des coups d’Etat, il ne faudrait plus voir que les mains sales de la France, il faudrait également fouiller du côté des « constantes comportementales » des nigériens pour trouver ces déterminismes qui dénaturent, voire détériorent, leur pratique politique.

S’il ya un trait distinctif (négatif) qui caractérise le plus les nigériens entre eux, c’est sans conteste leur « ventre noir ». Un « ventre noir » qu’ils réussissent à cacher fort habilement sous leurs beaux boubous blancs et leurs basins aux couleurs chatoyantes. En effet le « bakin tchiki » « ventre noir » en Haoussa, « bine-bi » « cœur noir » en Zarma, c’est cette propension irraisonnée qu’ont les nigériens à « noircir » leurs semblables nigériens et à s’opposer farouchement à eux, surtout quand ceux-ci sont porteurs d’un leadership apparent. C’est un peu alambiqué comme explication, mais de manière prosaïque, cette « méchanceté gratuite » se matérialise en politique par un refus total de compromis avec l’adversaire et un acharnement injustifiable à vouloir le détruire, quelque soit l’intérêt général en jeu. Voila qui fait de la scène politique nigérienne, un espace sans étique politique où les acteurs ignorent totalement les lignes rouges à ne pas franchir.

Prenons le « délétère » climat politique actuel et ses acteurs comme exemple. Deux camps sont rigoureusement tranchés : D’un côté, la MRN (Mouvance pour la Renaissance du Niger) ou mouvance présidentielle et de l’autre, l’opposition regroupée au sein de l’ARDR (l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République). A priori, dans le fond, rien ne justifie que les deux camps s’affrontent systématiquement. Il n’y a entre eux ni divergence idéologique apparente, ni divergence sur la pertinence du programme du Gouvernement. Mais contre toute attente, chaque camp veut la destruction et la disparition de l’autre sans raison. Les opposants nigériens n’ont aujourd’hui qu’un seul vœu : La fin par tous les moyens du « Guri système » dont ils ne veulent même pas attendre la fin de la première mandature. De son côté, le camp présidentiel ne manifeste aucun respect pour ses adversaires politiques qu’il « pourchasse » sans ménagement et ne se gène nullement d’opérer « un concassage » en règle des partis de l’opposition. Résultats : La classe politique est à couteaux tirés, le peuple est divisé, l’intérêt général, forcément sacrifié. Le brouillard s’installe progressivement à l’horizon… 2016.

Et pourtant, La Constitution de la 7ème République, tirant les conséquences des échecs des républiques précédentes, a cependant prévu des mécanismes innovants, allant de l’institution du « chef de file de l’opposition » en passant par le CNDP (Conseil National de Dialogue Politique ), jusqu’au Médiateur de la République, pour prévenir et gérer les conflits politiques. Malheureusement pour les nigériens, quelques temps après la mise en place de ce savant attelage, leurs hommes politiques, toujours les mêmes en 4 Républiques successives, ont déjà éprouvé et déglingué le système. Tout ce que la loi a prévu comme parade ou recours, est utilisé par l’un ou l’autre camp, pour se nuire mutuellement. Le système judiciaire hyper sollicité, est mis à rudes épreuves…
« Le ventre noir » étant identifié ici, par nombre d’analystes, comme étant le grain de sable qui grippe toujours la machine politique nigérienne, la question qui taraude à présent les esprits, est la suivante : D’où provient cette méchanceté qui caractérise les politiciens nigériens ? Est-ce du « nigéro pessimisme » ? Est-ce lié à notre enclavement ? Est-ce de la « soudanite » ? Est-ce la matérialisation du fameux mythe de « l’œil crevé du méchant nigérien » ? Un mythe qui dédouane d’ailleurs les hommes politiques, puisqu’en l’état, ils ne sont que l’émanation exacte du peuple qu’ils sont censés émanciper. En ce moment, c’est alors d’une vraie maladie sociale qu’il faudrait parler. Car à regarder autour de soi, la négativité est l’une des contre valeurs, les plus répandues. A l’intérieur des partis politiques, seuls les cadres les plus négatifs et les plus intrigants prospèrent. Les administrations nigériennes sont gangrenées par la même maladie et sont devenues par la force des choses un terrain de règlement de compte, d’exclusion, de brimades…

Malheureusement, c’est un état de fait qui déborde les frontières du Niger. Selon les publications des intellectuels africains parues dans les années 90, toute l’Afrique subsaharienne est grippée par la même maladie. Souvenez-vous des titres « L’Afrique malade d’elle-même » de Ka Mana, « Et si l’Afrique refusait le développement ? » d’Axelle Kabou, « L’Afrique a-t-elle besoin d’un ajustement culturel ? » de Daniel Etounga Maguelle et de bien d’autres titres significatifs.

Bref, il faut retenir que le « ventre noir » est un comportement anti-développementaliste qui engendre de graves dysfonctionnements de la machine politique et administrative. Conséquemment, le développement et la trajectoire du Niger s’en trouvent régulièrement impactés, ce qui contribue à reléguer le pays aux dernières places dans le classement des nations en matière d’IDH, malgré les énormes potentialités dont il regorge. Dans le même ordre d’idée, le record de Républiques que connait le Niger (7 Républiques) est un indicateur qui montre que les hommes politiques nigériens sont plus « négatifs » que leurs confrères des autres pays africains.

El Kaougé Mahamane Lawaly

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