Aussi invraisemblable que cela puisse être, les bandits armés qui écumaient les zones de la périphérie d’Agadez, jusqu’à plus de 30 km à la ronde n’étaient autres que… deux militaires de la zone d’Agadez. Ils profitaient de l’alibi qu’ils sont en piquet pour faire leurs sales besognes. Celles de racketter des pauvres voyageurs, les bastonner, et même attenter des fois à la vie des plus récalcitrants.
Comme tout ce qui est pourri finit par remonter à la surface, les deux militaires ont, le dimanche dernier, été confondus dans leur « business ». C’est un excapitaine de la Garde républicaine, en la personne de Mohamed Ajidar et un douanier qui revenaient à Agadez dans leur voiture après avoir passé quelques heures dans le campement du premier, qui ont permis de savoir ce que tramaient les deux militaires en tenue, armés et enturbannés à 33 km d’Agadez sur la route menant vers Tiguidit. Les ayant croisé tous les deux sur une moto, avec chacun une kalachnikov en bandoulière, l’ex-capitaine intrigué leur a demandé alors ce qui les a conduit aussi loin d’Agadez. « Nous sommes à la recherche d’un prisonnier évadé ce matin même alors qu’on le conduisait à la justice ! », lui ont-ils répondu avec un calme au dessus de tout soupçon. (lire ci-dessous)…
Les deux occupants de la voiture comprirent qu’il y avait anguille sous roche. Et pour preuve ! « Un prisonnier qu’on amène en jugement un dimanche ! Non, ce n’est pas clair ! », s’étaient-ils dit. Aussitôt rentrés à Agadez, à la barrière déjà, l’ex-capitaine demanda au policier si deux militaires armés et enturbannés et à moto ont passé par là. « Non, je ne les ai pas vu ! », lui a-t-il répondu. Bizarre ! Oui vraiment bizarre ! Alors, l’excapitaine de la Garde républicaine pique tout droit à la région et informe le commandant de région qui toucha le régisseur de la prison pour savoir s’il y avait eu évasion ou pas.
« Non, pas en ma connaissance ! ». Aussitôt après, un véhicule 4×4 armé d’un 12/7 se lança à leur poursuite avec comme éclaireur Mohamed Ajidar. Ne se doutant de rien, les deux militaires ont entre temps braqué deux véhicules dont l’un avait à son bord des Nigérians. Tous les passagers ont été dépouillés. A la vue des phares du véhicule qui arrivait d’Agadez, les deux coupeurs de route pensaient que c’était une autre cible. L’un d’eux fit stopper le véhicule avec son arme mais à sa grande surprise remarqua le 12/7. Il cria à son complice de démarrer la moto. Ils se lancèrent dans la vallée. L’un d’eux tirait sur les gardes pour protéger leur fuite. S’ensuivit alors un échange de tirs et le militaire remorqué qui tirait fut touché au ventre. Grièvement blessé, il lâcha prise et tomba. L’autre continua sa folle course jusqu’à se soustraire de la vue des agents de la garde républicaine.
Armé et la nuit tombante, la mission jugea plus utile de porter assistance au blessé en l’évacuant que de le suivre. « Quand les agents de la garde républicaine s’approchaient de lui, le blessé criait son grade: « deuxième classe. FAN Agadez ». il rendit l’âme sur la route. Et effectivement, d’après nos sources, le militaire mort s’appelait Farouk Mahamadou Lawali, Mle 10142. Il était de son vivant en service à la zone d’Agadez. Il est de la deuxième classe et a été récruté en 2011. Ce jour-là, comme l’a confirmé une source militaire contactée par Aïr Info, il était de garde. Aïr Info a su qu’ayant été tout récemment mis à la disposition du peloton d’Iférouane, le soldat Lawali s’était soustrait de la mission juste au moment du départ pour ne pas quitter Agadez. Normal, il avait une « caverne d’Ali Baba » à dévaliser.
Oui, il s’était associé à d’autres de son acabit pour voler, violenter et même tuer pour arracher des biens à des pauvres voyageurs et durant tout ce temps. Et pour cela, ces loubards sans foi ni loi avaient les armes, les cartouches de leur employeur qu’est l’ETAT. Une simple bande de tissu, plus précisément un turban leur permettait de se camoufler mais aussi de stigmatiser les habitants de la région ( touaregs, arabes et toubous) qui ont le taguelmoust (turban) comme identité vestimentaire. Sur la dépouille du soldat deuxième classe, on trouva la somme de 300.000 FCFA cachée dans les chaussettes de ses chaussures Rangers et 1740 nairas dans ses poches. C’est le fruit de leur rapine de la seule soirée sur les passagers nigérians et nigérians.
D’après notre point de vue, pendant que le complice de Lawali tenait les passagers en respect avec son arme, lawali leur faisait les poches et les sacs. Sûrement qu’il a caché les 300.000 FCFA dans ses chaussettes pour dribbler son complice qui n’aurait rien vu à cause de la pénombre. Et donc rien à vouloir partager. Au moment où nous mettons sous presses, l’autre bandit armé qui serait un civil est dans la nature et il serait dit-on vers Zinder. Dans la chambre du défunt, on a retrouvé plusieurs munitions, et même de la drogue. Il partageait la chambre avec un autre soldat deuxième classe répondant au nom de Moustapha Habou Mle 07993 qui vient d’être arrêté et conduit à la prison civile d’Agadez. Les récentes attaques survenues non loin d’Agadez seraient aussi les œuvres de ces malfrats. Comme celle faite tout dernièrement sur un camion d’orpailleurs qui revenait du Djado.
Plus de 200 passagers ont été dévalisés. Plusieurs kilos d’or, de l’argent ont ainsi été pris sur eux. Et le modus operandi qui a été fait pour les arrêter la semaine passée ressemblait étrangement au même qu’a fait le duo Lawali et complice. Seraient-ils les mêmes qui rançonnaient sur l’Axe Agadez-Tourrayet ? L’enquête le déterminera. Une seule chose est cependant à retenir. Ce qui vient d’arriver à Agadez est inédit. Car ce sont ceux-là qui sont chargés de réprimer des pareils crimes qui s’en adonnent à cœur joie. Ce sont ceux-là qui sont appelés à protéger les pauvres et leurs biens des ripoux qui les dépouillent. C’est le monde à l’envers. C’est le naufrage du sens du devoir tout simplement. Ces deux militaires ont honni la respectable mission des forces de défense et de sécurité à Agadez.
Ce sont certes ce qu’on peut appeler les « brebis galeuses » mais là c’est un coup dur qu’ils ont fait subir à toute la corporation et qu’il faille obligatoirement punir avec la dernière énergie. Il y a urgence, oui vraiment urgence de faire un énorme travail de salubrité dans tous les rangs de FDS. Il faut extirper au plus vite tous les délinquants tapis dans les lambris des corps en treillis et qui ternissent de par leurs comportements le valeureux et noble travail des corps de l’armée. A notre humble avis, il faut qu’il y ait en amont, c’est à dire dès le recrutement s’assurer qu’une bonne enquête de moralité a été menée sinon il y a véritablement péril en la demeure. D’autres cas de comportements dégradants ont cours dans les rangs de forces de défense et de sécurité et même paramilitaires d’Agadez.
Nous reviendrons en détails dans nos prochaines éditions surtout sur le cas de ces soldats revendeurs d’armes de petit calibre sur le site aurifère du Djado, à Dirkou et…même à Agadez. Mais aussi ce réseau des porteurs de tenue revendeurs d’or. Nous mettrons à nu toutes les responsabilités de ce réseau qui fait aujourd’hui que les nouveaux riches d’Agadez se comptent dans les rangs des hommes en kaki.