Le Mouvement démocratique nigérien, pour une Fédération africaine (MODEN/FA LUMANA-AFRICA), a tenu ce weekend à Niamey, ses assises nationales ainsi que son deuxième congrès ordinaire. Les travaux se sont déroulés en l’absence du président du parti, Hama Amadou, en exil en France. C’est par vidéoconférence que l’ancien président de l’Assemblée nationale s’est adressé aux militants de son parti.
Dans un discours très critique, le président du MODEN LUMANA a tiré à boulets rouges sur le régime en place de Niamey. Les critiques très virulentes de Hama Amadou ont particulièrement visé son ex-allié au sein de la majorité au pouvoir : le PNDS Tareyya qu’il a accusé d’avoir comme principale ambition « de revenir au système du parti unique » et de gouverner par « improvisation».
Brossant la situation actuelle du pays, Hama Amadou a fait cas d’un tableau sombre sur les plans politique, sécuritaire et socioéconomique du Niger. « La démocratie nigérienne est donc bel et bien en danger » a estimé le président de LUMANA pour qui « toute espérance dans une compétition électorale loyale est désormais anéantie ». C’est en ce sens qu’il a lancé un appel à l’endroit des militants politiques, membres de la société civile, journalistes comme citoyens ordinaires, « de se mobiliser afin d’imposer au PNDS le retour aux vraies valeurs de la démocratie, et cela le plus rapidement possible ».
Au plan économique, Hama Amadou a jugé que les résultats annoncés par le régime sont loin de refléter la réalité concrète sur le terrain, estimant encore que l’étau de la pauvreté s’est resserré autour de la population. Prenant exemple sur l’Initiative 3N, un programme cher au Président de la République et qui constitue le projet phare du régime de la Renaissance, Hama Amadou a indiqué qu’il « n’est en réalité qu’un vulgaire programme de cultures de contre-saison initié depuis les temps bénis du président Seyni Kountché ».
En se penchant sur la situation sécuritaire, il est revenu sur le climat d’insécurité qui règne au pays avec en toile de fonds des menaces permanentes et d’attaques terroristes régulières, « pendant que les autorités, tranquillement installées dans des bunkers à Niamey, continuent de provoquer, par leurs fanfaronnades et leur esprit va-t-en-guerre, les fous de Dieu ».
« L’unité sociale du Niger est brisée, y compris dans les casernes militaires » a continué de critiquer Hama Amadou jugeant que c’est « ce qui explique ces fables que content régulièrement ses suppôts étourdis en permanence par l’alcool, fables selon lesquelles certains leaders de l’opposition recrutent à l’étranger des mercenaires pour renverser leur régime ».
L’autre aspect du discours de Hama Amadou qui mérite une autre attention, c’est sa projection dans l’avenir en se présentant sous les airs d’un candidat déjà en campagne pour les présidentielles de 2016 auxquelles, il est vrai, il a annoncé déjà sa participation. Hama Amadou a esquissé quelques grandes lignes de ce qui serait probablement son programme politique.
Le président de LUMANA a insisté sur l’accent qu’il entend mettre sur le renforcement de la justice afin qu’elle soit effectivement indépendante surtout du pouvoir exécutif. Entres autres intentions, Hama Amadou a cité la réorganisation du poste et des attributions du procureur de la République, lequel « sera nommé par le Conseil supérieur de la magistrature, et ne dépendra plus du ministre de la Justice ». Le procureur de la République, nommé pour 3 années non renouvelables, sera également le responsable de tutelle exclusif de la police judiciaire.
Toujours sur le volet consacré à son programme, Hama Amadou a prôné l’option de son parti pour « le libéralisme économique, qui prévaut dans le monde contemporain, afin de mieux tirer profit de la libre circulation des capitaux et des compétences ».
Le MODEN LUMANA a indiqué Hama Amadou, « entend agir pour que le Niger, aujourd’hui méprisé en raison de son classement déshonorant en termes d’indice de développement humain (IDH), s’affranchisse définitivement de tous les handicaps qui le maintiennent à la traîne des États de la Terre ».
C’est donc en candidat « d’alternance » que se positionne déjà Hama Amadou qui a été par la suite porté à l’unanimité à la présidence du parti créé sous son égide, à la suite de son départ du MNSD Nassara.
Avec ce congrès qui a confirmé définitivement l’exclusion des dissidents du parti, Hama Amadou qui a été dernièrement débarqué du perchoir du Parlement, va pouvoir se consacrer pleinement aux élections de 2015. Il est actuellement l’un des rares grands partis de l’opposition à afficher une certaine sérénité à moins de deux années des prochaines échéances électorales.