Pour obtenir la libération de Serge Lazarevic, l’une des contrepartie a été la libération de prisonniers islamistes et affiliés à Aqmi. Parmi eux, Mohamed Aly ag Wadoussène, un Touareg qui a assassiné un surveillant de prison lors d’une tentative d’évasion à Bamako. Une décision qui ne fait pas l’unanimité au Mali.
C’est désormais un secret de polichinelle. Le Mali a bel et bien libéré deux prisonniers affiliés à Aqmi pour obtenir la libération de Serge Lazarevic. « Oui, nous avons fait un échange de prisonniers vous pouvez le dire », affirme un officiel malien. « Paris l’a demandé, nous l’avons fait », ajoute-t-il. Mohamed Ali ag Wadoussène, un des ravisseurs de Serge Lazarevic, l’homme qui a assassiné un surveillant de prison à Bamako, fait-il partie des gens libérés ? « Oui », selon ce même interlocuteur.
Une fois libérés, les islamistes ont été transférés dans un premier temps au Niger voisin. Ensuite, ils ont été convoyés vers la région de Kidal ou l’échange a eu lieu. Enfin, outre le médiateur nigérien Mohamed Akotey, un autre homme a joué un rôle-clé : Ibrahim Ag Inawelan dit « Bina », un Touareg déserteur de l’armée malienne. Il est l’un des bras droits de Iyad Ag Ghali, leader du groupe islamiste Ansar Dine qui a lui-même donné son feu vert pour la libération de Serge Lazarevic.
La libération de Mohamed Ali ag Wadoussène ne passe pas chez les collègues du surveillant assassiné. Balla Kulibali en service à la maison d’arrêt de Bamako : « Nous sommes vraiment en colère, avec la libération de Ali ag Wadoussène, nous sommes vraiment mécontents des conditions dans lesquelles il a été libéré. »
Menace de grève
Le personnel pénitentiaire est déçu, mais aussi en colère, comme l’explique Abdoulaye Fofana, contrôleur des services pénitentiaires : « Nous, surveillants des prisons du Mali, nous sommes consternés en réalité. On pouvait peut-être laisser Ali ag Wadoussène [en prison] pour que la justice termine avec lui. C’est quand même lui qui a tiré à bout portant sur notre collègue regretté adjudant Kola Sofara. »
Les hommes qu’on appelle encore ici « vert sapin », la couleur de leur tenue de travail, haussent le ton et réclament à l’État des explications. Ils menacent même de se mettre en grève. « Si l’État ne fait rien, nous projetterons d’aller effectivement en grève », affirme Aboubakar Sidiki Traore, chef du syndicat des surveillants de prison du Mali. Plusieurs partis de l’opposition malienne ont également demandé des éclaircissements à l’État sur ces libérations de prisonniers.