Premier producteur mondial emmené par la Côte d'Ivoire, l'Afrique a conservé son rang en réalisant une production de 3,185 millions de tonnes de fèves de cacao lors de la campagne 2013-2014 clôturée fin septembre, ce qui correspond à 9,6 milliards de dollars de revenus perçus, selon un rapport de l'Organisation internationale du cacao présenté jeudi à Yaoundé.
"Elle restera encore dans les 20 à 30 prochaines années le principal fournisseur de fèves dans le monde. Cette configuration n'est pas près de changer dans les décennies à venir", a souligné Jean-Marc Anga, le directeur exécutif de cette organisation basée à Londres en Grande-Bretagne, de nationalité ivoirienne, lors d' une conférence internationale sur le cacao jeudi à Yaoundé.
Fournie principalement par la Côte d'Ivoire pour une performance de 1,7 million de tonnes, suivie du Ghana, du Nigeria et du Cameroun, la production africaine représente 73% des 4,365 millions de tonnes de fèves de cacao produites dans le monde au cours de la saison écoulée marque par un bilan record, trois ans après le précédent établi à 4,309 millions de tonnes en 2010-2011, selon Dr. Anga.
Deuxième producteur, l'Amérique latine se situe à 696.000 tonnes(16%), tandis que l'Asie et l'Océanie totalisent 484.000 tonnes (11%), d'après les statistiques de l'Organisation mondiale du cacao.
Ces chiffres marquent le signe d'une embellie favorisée par une augmentation de la consommation estimée à 2%, essentiellement portée par les pays émergents dont la Chine qui à eux seuls offrent une croissance de 13% à ce marché, au moment où les pays matures,c'est-à-dire l'Europe et l'Amérique, connaissent une chute, de l'avis de Jean-Marc Anga.
Comparativement aux 9,6 milliards de dollars de revenus issus de la commercialisation des fèves en Afrique sur un total de 13 milliards générés par le marché mondial, le continent noir fait cependant figure de parent pauvre pour un montant de 800 millions sur 20 milliards de dollars émanant de la transformation de cacao.
En clair, loin de ses 73% de production de fèves, le premier producteur mondial de cacao capte à peine 1% de l'argent provenant de la transformation. C'est parce que, sur un total de 4,268 millions de tonnes rapportés pour les broyages mondiaux, il est crédité d'un taux de 20%, derrière l'Asie et l'Océanie (21%), l' Amérique (22%) et l'Europe avec la Russie (37%).
Sur cette base, l'Afrique n'est pas en mesure d'influencer les cours mondiaux du cacao, déplore son représentant à la tête de l' Organisation internationale de cacao qui constate tout de même que "les choses sont en train de changer. Les pays producteurs se manifestent de plus en plus" pour la transformation.
Par exemple, indique-t-il, lors de la campagne 2014-2015, "la Côte d'Ivoire va se trouver être le premier broyeur de fèves dans le monde", pour plus de la moitié de sa production. Pour l'heure, le premier producteur africain et mondial se situe à 670.000 tonnes de broyage sur sa production de 1,7 million de tonnes.
Contrairement aux spéculations, le marché mondial du cacao ne connaîtra pas de déficit de production (estimé à 1 million de tonnes)dans les années à venir, a fait savoir Dr Jean-Marc Anga lors de la conférence internationale tenue jeudi à Yaoundé à l' initiative du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) du Cameroun, sur le thème "jeunes et cacaoculture : quel avenir au- delà de la fève ?"
S'appuyant sur la recherche, les principaux producteurs africains,annonce-t-il, oeuvrent même à une augmentation de leurs productions respectives par l'exploitation de plants capables de dépasser les rendements de 400 à 500 kilos à l'hectare enregistrés par la plupart des planteurs pour fournir un ou deux, voire trois tonnes et résistantes aux maladies y compris aux changements climatiques.
Ainsi, la Côte d'Ivoire s'est fixé un objectif de 2 à 2,5 millions de tonnes de production d'ici à 2020, alors que le Ghana, qui cherche à lui ravir son premier rang, vise 1 à 1,5 million, le Nigeria presque le même volume et le Cameroun 600.000 tonnes.
Avec Afreximbank, banque d'import-export basée au Caire en Egypte et dirigée par un autre Ivoirien, Jean Louis Ekra, l' Organisation internationale de cacao a conclu le 30 novembre un accord de financement de plus de 400 millions de dollars pour promouvoir la transformation locale de ce produit de base en Afrique, défi que le continent aussi à relever. F