Paris- Six jeunes hommes qui avaient formé un groupe à L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), jugés pour avoir projeté de permettre à certains de leurs membres de rejoindre des groupes jihadistes au Mali, ont été condamnés vendredi soir à des peines allant jusqu'à neuf ans de prison.
Les condamnations, prononcées par le tribunal correctionnel de Paris, sont légèrement inférieures aux réquisitions du parquet.
Seul à comparaître détenu, Cédric Lobo, 29 ans, a été condamné à six ans de prison.
Ancien animateur à la mairie de Paris, le jeune homme de 29 ans a été interpellé début août 2012 au Niger. Tourisme, humanitaire, commerce, aucune des explications qu'il a fournies devant le tribunal correctionnel de Paris ne sont crédibles, a estimé la magistrate du parquet, qui a rappelé dans son réquisitoire qu'il avait fait expédier 88 kg de matériel à Niamey, "le parfait attirail du jihadiste".
Le groupe ne l'a aucunement aidé à acquérir ce matériel, qui ne s'inscrivait pas dans une logique jihadiste, a plaidé son avocate, Me Elise Arfi. Elle a décrit son client comme un jeune homme qui est parti "à un moment de sa vie où il est en rupture avec tout le monde". Y compris les autres membres du groupe. Il n'avait aucun contact avec des groupes opérationnels au Mali, a-t-elle souligné.
Les prévenus faisaient tous partie d'un groupe de "six amis qui partagent les mêmes idées islamistes radicales", rassemblés autour d'un règlement, pour que ses membres fassent la "hijra", un terme arabe qualifiant l'émigration vers une terre ou règne la charia. Un "projet de jihad qui ne dit pas son nom", pour la représentante du parquet.
Le chef de ce groupe, Sofiyan Ifren, 29 ans, a été condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l'épreuve. Le tribunal n'ayant pas décerné de mandat de dépôt à son encontre, le prévenu, qui a fait un an de détention provisoire est reparti libre, la partie ferme de sa peine étant aménageable. "C'est une chance qu'on vous donne, on espère ne pas se tromper",
lui a lancé le président Denis Couhé.
Prêcheur, Ifren, "se tient à carreau" depuis sa libération, et il représenterait un "danger" en détention, selon Me Marie-Pompéi Cullin. Loin d'une démarche "violente et secrète qui serait le terreau du terrorisme", le groupe a fait preuve, en signant ce règlement, "d'une transparence désarmante", a-t-elle plaidé.
L'un des membres du groupe qui avait voulu se rendre au Mali a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis et mise à l'épreuve. Deux autres à trois ans d'emprisonnement, dont la moitié avec sursis et mise à l'épreuve.
Peines également aménageables.
La peine la plus lourde, neuf ans de prison, a été prononcée contre un jeune homme de 25 ans, qui a fait deux voyages de "repérage" en janvier et mars 2012. Il est sans doute mort avec des jihadistes en mars 2013 lors d'une attaque contre l'aéroport de Tombouctou au Mali, mais son décès n'a pour l'heure pu être confirmé de manière certaine.