Le gouvernement nigérien a lancé jeudi un appel pressant à la communauté internationale pour l’aider à prendre en charge les milliers de réfugiés nigérians fuyant les violences de la secte islamique Boko Haram.
Le Premier ministre nigérien, Brigi Rafini, accompagné d’une forte délégation, a effectué jeudi une visite de travail dans la région de Diffa, dans l’extrême-est du pays, frontalière avec le Nigeria, pour mesurer l’ampleur de la situation.
Dans la localité de Bosso, Brigi Rafini s’est rendu dans un camp de personnes déplacées.
Pour la plupart, les populations vivant dans ce camp sont venues du Nigeria pour fuir les exactions de Boko Haram. Grâce au bon accueil que leur ont réservé leurs frères du Niger, et grâce aussi à l’assistance des ONG et des humanitaires en général, elles ont été prises en charge.
Au total, ce sont quelque 87.516 personnes déplacées qui sont dans cette partie du Niger.
On dénombre parmi eux 45.000 enfants, dont 25.000 élèves dont la scolarité doit être prise en charge.
Au cours d’une rencontre avec la population de Bosso, le Coordonnateur du Système des Nations unies, Fodé NDiaye, a réitéré l’engagement des Nations unies à rester aux côtés du Niger dans la résolution de tous ces problèmes.
L’Union Européenne et les autres partenaires au développement ont abondé dans le même sens.
La commune rurale de Bosso, qui accueille aujourd’hui un nombre impressionnant de réfugiés, ne compte elle-même que 65.022 habitants. Elle est limitée à l’est par la République du Tchad et au sud par la République fédérale du Nigeria, en particulier l’Etat du Bornou, théâtre des opérations militaires de Boko Haram.
A l’occasion de cette visite du Premier ministre à Bosso, le gouvernement du Niger, conscient de l’ampleur des besoins à couvrir et qui nécessitent la mobilisation des ressources en un laps de temps très réduit, et afin d’éviter un drame humanitaire, a solennellement lancé un appel dit de Bosso.
La région de Diffa est confrontée, depuis 2013, à un afflux des populations fuyant le conflit armé au nord du Nigeria. Des dizaines de milliers de personnes ont franchi la frontière nigériane à la recherche de lieux plus sûrs dans la région de Diffa. Ces mouvements forcés se sont accentués avec les dernières attaques de Malam Fatori, Damassak, Damaturu et Maiduguri, au Nigeria.
La situation ainsi créée fait peser des risques majeurs sur les plans sécuritaire, alimentaire et nutritionnel, perturbe le système éducatif et exerce de fortes pressions sur les dispositifs de santé et d’approvisionnement en eau.
A ces défis humanitaires auxquels fait face la région de Diffa, s’est ajouté un deuxième choc découlant de la campagne agro-pastorale 2014 qui s’est avérée déficitaire avec 405 villages déficitaires sur 606. Avec un déficit fourrager de 62 pc, plus de 53 pc de la population est en insécurité alimentaire, et 23,5 pc d’enfants en situation de malnutrition aiguë globale.