La lutte traditionnelle est le sport roi au Niger. Depuis les premières compétitions du championnat national, ce sport s'est beaucoup développé. Ainsi la lutte a connu des moments importants de son histoire dans notre pays. Plusieurs titans ont marqué leur passage dans les arènes. Feu Salma Dan Rani en fait partie. M. Bouwèye Garba dit Courant, son fidèle compagnon, et Modi Kaïna animateur à l'ORTN Dosso apportent un témoignage sur le grand champion.
Plus connu sous le sobriquet de Salma Dan Rani, feu Boubacar Ibrahim est né vers 1947 à Béli, un petit village situé sur la frontière. Issus de parents nigériens, Salma avait 7 ans quand ceux-ci ont regagné leur village d'origine Goulma, dans le Canton de Guéchémé (Doutchi). Selon les témoignages de M. Bouwèye Garba dit Courant, ami de Salma, celui-ci a commencé à pratiquer la lutte depuis le village.
Il faut le souligner, au Niger dans chaque village après les récoltes, les jeunes s'organisent pour jouer. La lutte traditionnelle fait partie des jeux qui se pratiquent en cette période de l'année. Les combats se disputaient entre les jeunes du même village ou entre les jeunes de deux villages sur invitation de l'un ou de l'autre village. La lutte traditionnelle a progressé et se pratique à l'occasion des grandes cérémonies (fêtes, baptêmes, mariages, etc.). C'est à ce niveau que Salma a fait ses premiers pas dans la lutte traditionnelle. Il a continué à la pratiquer partout où il était pendant ses déplacements. Ainsi, Salma a commencé à lutter depuis sa tendre enfance comme tous les enfants de l'Aréwa. C'est d'ailleurs depuis le village que le sobriquet de Salma lui a été donné.
Que signifie Salma Dan Rani et pourquoi ce surnom? Au village chaque enfant a un surnom. Les surnoms sont attribués en fonction du comportement de chacun. Le plus souvent, ce sont les anciens qui attribuent les surnoms. M. Modi Kaina indique qu'un jour, il a eu une conversation avec Salma et il lui a posé cette question. Il a souligné que Salma lui a répondu que ce surnom est synonyme de force. En effet, Boubacar Ibrahim est un garçon très fort, courageux, et c'est pour cette raison que les gens du village l'appelaient « Salma ». Salma, c'est le nom d'un génie dans le culte du ''bori''.
Selon les témoignages de M. Modi Kaïna, Salma a disputé son premier combat à Niamey à la veille de l'indépendance de notre pays. A cette époque, il n'y avait pas de championnat. Niamey était un carrefour des bras valides de presque toutes les régions du Niger. Donc, après les récoltes, les garçons convergent vers Niamey à la recherche de travail. C'est cet enthousiasme qui a conduit les jeunes à se regrouper en des endroits précis (Katako et Boukoki), généralement pour lutter. C'était aussi, selon Bouwèye Garba dit Courant, une période de compétitions entre les lutteurs du Niger et ceux du Nigéria. C'était depuis ce temps que Salma est devenu célèbre comme lutteur, où plusieurs lutteurs avaient peur de l'affronter.
Salma a connu véritablement la lutte traditionnelle avec le sabre mis en jeu dès la première édition en 1975 à Tahoua, au même titre que Kadadé, Courant, et bien d'autres grands lutteurs, indique Bouwèye Garba. Salma a fait un bon parcours dans la lutte avec 2 sabres qu'il a remportés pour la région de Dosso: un premier en 1976 à l'édition de Maradi et un deuxième en 1979 à l'édition de Diffa.
Pour honorer la mémoire de ce grand champion, les autorités ont baptisé l'arène de lutte de Dosso ''Arène de lutte Salma Dan Rani''. De son vivant feu Salma faisait partie de l'équipe technique de lutte traditionnelle de la région de Dosso. Il était aussi membre des organes régionaux de la lutte traditionnelle à Dosso. Salma est décédé à Dosso le lundi 14 avril 2014, laissant 3 veuves et 17 orphelins.
Issaka Saidou et Ali Maman (stagiaire), envoyés spéciaux