Après la répression sauvage de la marche pacifique des enseignants du CPRASE, le cadre a tenu un point de presse samedi pour faire le point de la situation. Il ressort ainsi que 9 personnes dont 4 journalistes ont été blessés par la barbarie injustifiée des bidasses sur des civils.
Le fait inattendu de ce point de presse est le soutien « indéfectible » que l’Intersyndical des travailleurs du Niger (ITN) a apporté au Cadre permanent de réflexion et d’actions des syndicats de l’enseignement (CPRASE). L’ITN a alors ravi la vedette au CPRASE lors de cette sortie médiatique étant donné que c’est la dernière chose à laquelle l’opinion nationale s’attendait. D’abord compte tenu des relations pas trop tendre entre les deux structures, mais surtout au vu de l’appartenance plus ou moins affichée de beaucoup de centrales syndicales, membres de l’ITN au régime en place.
Les rapports entre le PNDS-Tarayya et les centrales syndicales ont débuté à l’occasion de la remise en cause de la démocratie par feu le régime Tandja. Les associations des travailleurs ainsi que les acteurs de la Société civile avaient alors fait front contre la dérive autoritaire en cours dans le pays à l’époque. La Coordination des forces pour la défense de la démocratie (CFDR) est née. Cette structure hétéroclite a fini par adopter un pacte selon lequel tout parti politique membre qui ira au second tour des élections présidentielles contre le MNSD-Nassara de Tandja sera soutenu par la CFDR. L’ITN a donc tout naturellement soutenu le candidat du PNDS passé au second tour face au MNSD. Après la conquête du pouvoir, le partenariat a continué et des membres influents des centrales syndicales ont même été nommés à des postes de responsabilité. Aujourd’hui, deux (2) ans seulement dans l’exercice du pouvoir, certaines langues distillent des rumeurs selon lesquelles, des structures de la Société civile dont des centrales syndicales risqueraient de prendre leur distance, vis-à-vis du pouvoir en place. Avec ce soutien exprimé par les responsables de l’ITN au profit du CPRASE, tout laisse entrevoir de lendemains difficiles entre les politico syndicalistes et les politiciens purs et durs. En tout cas, l’ITN n’a pas mâché ses mots et va jusqu’à demander que des coupables autres que les policiers « qui n’obéissent qu’à des ordres » soient identifiés et traduits en justice.
Pour mémoire, tout au long du combat mené par les conducteurs et propriétaires de taxi, l’intersyndical est resté impassible malgré la gravité de la situation avec mort d’homme à Zinder. Alors, si à cause de la répression des enseignants (qui n’en reste pas moins un fait gravissime) les centrales syndicales sortent de l’ombre ne serait-ce pas une façon de préparer les esprits sur l’éventuelle cassure ? Ou est-ce une occasion pour « menacer » le gouvernement en lui montrant qu’il peut d’un moment à l’autre perdre un soutien de taille en vue de mieux se positionner parmi les politiciens ? Rien n’est moins sûr. Du reste, l’ITN n’a pas été tendre avec son propre régime et ça, ce n’est pas rien ni un fait de hasard. Parole du Canard déchaîné !
