Art et Culture à Gaya/ Entretien avec Almoustapha Adamou, directeur départemental de la Culture de Gaya : ’’Notre préoccupation est de réhabiliter le passé culturel glorieux de Gaya’’
Gaya a eu un passé glorieux en matière de créations artistiques, notamment les chansons et ballets d'inspiration traditionnelle ; qu'est- ce qui subsiste de tout cela ?
Cela fait seulement deux mois que je suis nommé à la tête de la Direction départementale de la Culture de Gaya et depuis, ma préoccupation a été d'approcher les autorités communales et coutumières pour que quelque chose soit entrepris pour restaurer ce passé culturel à travers la mise sur pied d'une troupe artistique digne de ce nom. Dieu merci, nous avons réussi de ce côté et pour preuve, le spectacle époustouflant que cette troupe a donné devant le Président de la République, à sa récente visite à Gaya. Même les habitants de Gaya étaient épatés, car ils étaient loin de penser qu'après la disparition des grandes figures comme Tellaizé et Diaye, on pouvait faire revivre les grandes créations qui ont fait la gloire de Gaya. Cela a tellement été marquant que les autorités administratives de Gaya m'ont demandé de tout faire pour sauvegarder et faire revivre chaque fois que de besoin, ces grandes œuvres artistiques comme les ballets ''Dambé karfé', ''Namardé ssaï kossombali'', etc.
Certes, l'initiative de remettre tout cela sur pied est belle, mais votre bonne volonté seule ne suffit pas. Est-ce que vous disposez des ressources nécessaires pour asseoir et pérenniser cette initiative ?
Il est bien vrai qu'il faut de l'argent pour promouvoir la culture et la création culturelle, et c'est en cela que je profite pour rendre hommage au maire de la Commune de Gaya qui, je vous le dis sincèrement, est un digne fils de ce pays relativement à tout ce qu'il fait pour aider des services comme celui de la Culture à pouvoir fonctionner. Aucune requête que nous avons formulée pour remettre en selle cette grande troupe de Gaya ne nous a été refusée par le maire. De son côté, le préfet nous soutient activement et il n'hésite pas à être présent physiquement aux représentations que nous donnons actuellement pour pouvoir défendre les couleurs du département de Gaya aux éliminatoires qui ont lieu à Dosso en vue de la participation aux cérémonies culturelles de cette fête tournante du 18 décembre. Mais pour pérenniser cette réhabilitation culturelle au niveau de Gaya, nous allons demander d'autres soutiens comme celui de notre ministère et peut-être même des mécènes au niveau des ressortissants du département de Gaya.
Plus concrètement, sur quel support, sur quelle mémoire, comptez-vous faire revivre ces œuvres culturelles de Gaya. Les témoignages des anciens compagnons de ces créateurs disparus ? Et surtout, est-ce que vous disposez de jeunes talents capables de reprendre le flambeau ?
De ce côté, nous n'avons aucun souci car Gaya est une entité où les gens ont la culture dans l'âme. La question de la relève ne se pose pas, elle est même déjà réglée. Pour ce qui est de l'expertise ou la mémoire sur laquelle nous pouvons nous baser pour faire cette réhabilitation aussi, il n'y a aucun problème. Nous avons par exemple fait appel à des anciens encore vivants du Corps de ballet de Gaya comme les danseurs Maman Dossakoye et Alhassan qui vont faire un travail d'encadrement.