«Nos villes sont sales et même trop sales. Les raisons avancées pour expliquer cet état de fait sont entre autres la forte et rapide urbanisation, qui s'est traduite par une forte production de déchets et cela sans qu'un dispositif approprié de leur gestion ne soit mis en place. En effet, l'urbanisation rapide n'a pas été suivie d'installation d'infrastructures et d'équipements adéquats en matière de gestion de déchets. Seuls 50% des déchets produits sont collectés et évacués'', disait le ministre Adamou Chaifou, le 10 février 2014, lors de la campagne nationale de salubrité urbaine.
A part le comportement inadéquat des habitants de nos cités, le manque d'éducation en matière de salubrité et l'incivisme des populations, cet état d'insalubrité peut s'expliquer aussi par l'insuffisance des équipements de collecte et d'évacuation des déchets municipaux (manque des décharges municipales contrôlées). En effet, cette situation de sous-équipement entraine des difficultés de desserte de certains quartiers ; l'insuffisance du budget alloué par l'Etat pour prendre en compte de manière effective la question de gestion des déchets. A toutes ces défaillances, vient s'ajouter le financement timide accordé par les bailleurs de fonds à ce volet.
En outre, comme les marchés de la Communauté urbaine de Niamey connaissent encore des difficultés réelles à surmonter le problème de l'insalubrité qui se traduit par l'omniprésence des tas d'ordures et de déchets plastiques qui s'amoncellent à l'intérieur et aux alentours de ces marchés qui semblent exigus au regard du flot des vendeurs et des acheteurs.
Une réalité qui est loin de surprendre, quand on sait que ces marchés ne disposent que de peu de dépotoirs publics censés contenir les déchets quotidiennement produits par les diverses activités. Aussi, c'est de véritables montagnes d'ordures qui se forment sur les lieux. Plus déplorable est encore le comportement de certains locataires de ces lieux de commerce qui créent des dépotoirs sauvages où bon leur semble, créant à proximité des étals des tas d'immondices qui dégagent des odeurs fétides et où affluent des nuées de mouches qui s'attaquent aux produits.
Les services compétents censés débarrasser ces marchés de leurs ordures, à savoir les municipalités, se plaignent de n'avoir pas de moyens financiers et humains pour lutter efficacement contre l'insalubrité dans les villes.
Quant à la population, elle considère les rues et les places publiques comme étant des dépotoirs, estimant que les rues ne sont la propriété de personne. Pourtant, ces espaces déclarés biens publics doivent être respectés. Il n'est pas rare de voir des concitoyens jeter des ordures sur les voies publiques, à côté même des dépotoirs installés à cet effet. Autant de comportements totalement contraires aux bonnes pratiques de gestion des déchets urbains. C'est dire qu'il y a un problème de mentalité. Dès lors, la sensibilisation, l'information et le renforcement des capacités de la population s'imposent. Il en est de même pour tous les acteurs intervenant dans la filière de gestion des ordures ménagères. Face à cette situation qui n'est guère reluisante, les populations, les ménages, les commerces, les administrations, les leaders d'opinions, les secteurs privés, les scolaires, etc., chacun a un rôle à jouer dans la chaîne de ramassage des ordures. Il est donc impératif pour tous d'agir afin que notre capitale puisse changer de visage. Le programme ''Niamey Nyala'', au regard des grands projets qu'il englobe, nécessite tout naturellement des mesures d'accompagnement en matière de décongestionnement, d'embellissement et de salubrité de la ville.
Pour accompagner ces initiatives, le Ministère de l'Environnement s'attèle à mettre en place un cadre institutionnel efficace pour la gestion des déchets à travers l'élaboration et l'adoption de textes réglementaires et législatifs (y compris l'examen et l'adoption d'un texte de loi sur la prohibition du sachet et emballage en plastique souple), la clarification des rôles et responsabilités des acteurs à tous les niveaux ; la mise en place d'une structure autonome opérationnelle de gestion des déchets; la conception d'outils de communication et d'information à l'endroit des populations et des acteurs concernés par la salubrité urbaine.